Algérie : après la démission de Bouteflika, un avenir reste à inventer

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Editorial. Sa démission ne cache pas les ambitions de l’armée, qui entend garder le contrôle du régime. Le peuple doit s’organiser pour poursuivre la refondation.

Editorial du « Monde ». De Gaulle l’avait dit de Pétain. Le peuple algérien vient de le signifier à Abdelaziz Bouteflika : la vieillesse est un naufrage. Cloué sur une chaise roulante depuis un accident vasculaire cérébral en 2013, muet depuis des années, réélu pour un quatrième mandat en 2014 sans prononcer un mot, ne s’exprimant plus que par le truchement de communiqués laconiques, pathétique marionnette entre les mains d’un entourage opaque, le président algérien a donc fini par démissionner – ou par être démissionné –, mardi 2 avril, trois semaines avant le terme officiel de son mandat.

Cet épilogue met fin à vingt ans de règne sans partage. Il met un terme à l’existence publique d’un homme qui incarnait, depuis six décennies, l’histoire tourmentée de la nation algérienne. Insurgé de la guerre d’indépendance dès la fin des années 1950, ministre des affaires étrangères entre en 1963 et 1978 sous le règne de Boumediene, rappelé au pouvoir en 1999 à la fin de la terrible guerre civile qui mit aux prises l’armée et les islamistes, Bouteflika avait permis le retour à la paix, mais au prix d’un régime de plus en plus autoritaire, clanique et prévaricateur, adossé aux aléas de la seule rente pétrolière et gazière. Sans offrir aux Algériens, et notamment à la jeunesse, l’avenir auquel ils aspiraient.

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