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Alerte: Le Collectif pour le Rapatriement des Corps des Sénégalais décédés à l’étranger du COVID-19 écrit à Amadou BA, Ministre des Affaires Etrangères

Demande d’annulation de la décision d’interdiction du rapatriement des Sénégalais décédés du COVID-19 Monsieur le Ministre, Qu’il nous soit d’abord permis de vous transmettre notre soutien et nos vives préoccupations suite à la propagation de la pandémie du COVID-19, qui n’a malheureusement pas épargné le Sénégal. Nous demeurons toutefois convaincus que les actions entreprises par l’État ainsi que les prières sans cesse formulées constitueront un rempart pour notre pays contre cette calamité.

Nous tenons ensuite à vous faire part de notre profonde préoccupation quant à la décision prise unilatéralement par les pouvoirs publics sénégalais d’interdire le rapatriement des corps des Sénégalais de l’extérieur dont les décès seraient causés par le COVID-19. En plus d’être incompréhensible, cette mesure, qui a jeté l’effroi au sein de la diaspora sénégalaise, est à la fois injustifiable et injustifiée d’un point de vue scientifique.

En effet, même si le risque infectieux ne disparaît pas immédiatement après le décès d’un patient, les voies de contamination sont considérablement réduites, et en particulier celles respiratoires, qui constituent le principal mode de transmission. Les coronavirus survivent probablement jusqu’à 3 heures sur des surfaces inertes sèches et jusqu’à 6 jours en milieu humide.

L’unique risque de contagion viendrait ainsi de la manipulation du patient décédé. Raison pour laquelle la toilette mortuaire est effectuée avec tous les équipements de protection (lunettes, masque chirurgical, tablier anti-projection, gants à usage unique, etc.) nécessaires pour amoindrir, voire annihiler le risque de contagion.

Après quoi, le corps du défunt est enveloppé dans une housse imperméable, qui est ensuite fermée et entièrement désinfectée avec de l’eau de Javel à 0,5 %. Le corps dans sa housse est ensuite déposé sur un brancard et recouvert d’un drap avant son transport vers la maison funéraire ou l’institut médico-légal. Vous noterez, Monsieur le Ministre, que toutes ces opérations sont effectuées dans le pays où a eu lieu le décès et non au Sénégal. Ce dernier ne reçoit que le cercueil hermétiquement scellé, qui est ensuite enterré tel quel sans aucune autre manipulation.

En outre, dans des situations similaires, où l’agent infectieux avait un pouvoir pathogène semblable à celui du COVID-19, l’OMS a toujours penché en faveur de mesures à même d’apaiser la douleur des familles. Elle n’interdit ni le soin apporté aux morts ni leur sépulture. Au contraire, elle les a toujours encadrés. Cet encadrement pourrait se traduire au Sénégal par la définition d’un carré dans le secteur de l’aéroport international Blaise Diagne où tous les corps seraient enterrés sous l’autorité de l’armée ou de la Gendarmerie.

Le site pourrait, par la même occasion, servir de mémorial pour des compatriotes tombés sur le champ d’honneur. En plus de ce volet médico-scientifique, il faut compter avec un problème assurantiel ; conséquence malheureuse de la décision de l’État du Sénégal. Ce problème a trait au fait que nombre de nos compatriotes ont souscrit à des assurances-vie prévoyant le rapatriement vers le pays d’origine et comprenant le versement d’une indemnité à la famille du défunt. La mesure interdisant le rapatriement de la dépouille d’un assuré prive celui-ci du bénéfice de la mise en oeuvre effective des clauses comprises dans la Police d’assurance. D’autre part, le fait, pour l’État du Sénégal, d’acquérir une tombe à tout Sénégalais(e) décédé(e) du SARS-CoV-2 ne résout pas non plus le problème, car dans la plupart des pays d’accueil (Europe en particulier) les espaces sont « loués » et des redevances périodiques sont à payer sous peine de voir les restes exhumés et réduits en cendres à l’expiration d’un certain délai légal. Il faut également tenir compte du fait que les autorités de la plupart

des pays d’accueil encouragent vivement les proches à rapatrier les dépouilles afin de décongestionner les morgues, funérariums et rares carrés réservés aux musulmans. Présentement faute de carrés suffisants, les corps de certains compatriotes risquent malheureusement l’incinération ou l’enterrement dans des fosses communes. En plus de la symbolique désastreuse, la diaspora ne mérite pas un tel traitement compte tenu de l’effort permanent qu’elle déploie, notamment en termes économiques, avec un volume de transferts d’environ 1 100 milliards FCFA par an, soient 13 % du PIB.
Plus fondamentalement – et il importe de le rappeler – l’article 7 de la Constitution du Sénégal consacre le respect de la personne humaine quand elle dispose : « Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes sont égaux en droit. Il n’y a au Sénégal ni sujet ni privilège de lieu de naissance, de personne ou de famille. » Nous attirons enfin votre attention sur le fait que la mesure prise par l’Etat du Sénégal a pour conséquence directe de créer une véritable psychose au sein de la diaspora. Ainsi, les compatriotes qui le peuvent, surtout en Afrique, tentent, par les voies terrestres, de rejoindre le pays afin que si la mort devait les atteindre, elle le fasse sur le sol natal.

Ces manœuvres parallèles sont porteuses de bien plus de risques, car le virus peut voyager dans l’organisme, de manière asymptomatique, et se disséminer ensuite dans le pays. Eu égard à tous ces éléments, nous demandons solennellement à l’État du Sénégal d’accorder à nos familles la possibilité de voir leurs proches, victimes malheureuses du COVID-19, rapatriés au pays afin d’y reposer en paix. Dans l’espoir d’une suite favorable à notre requête, veuillez, Monsieur le Ministre, agréer nos salutations patriotiques distinguées.

Le 15 avril 2020 Le Coordinateur international

PJ : Copies d’extraits d’informations légales et directives de l’OMS Ampliations : – Présidence de la République du Sénégal – Toutes les Représentations diplomatiques et consulaires du Sénégal – Associations et Groupements des Sénégalais de la Diaspora

camou camara

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