Ce qui devait être un moteur de développement pour le Nord du Sénégal s’est transformé, à bien des égards, en une affaire de gestion douteuse, de détournements présumés et de pratiques illégales. Deux hauts responsables du projet Agropole Nord, K. Diouf et M. Sylla, ont été arrêtés vendredi dernier, révélant une gestion aussi opaque que scandaleuse.
Selon les informations , les deux mis en cause seront déférés ce lundi devant le parquet de Saint-Louis, qui a repris en main le dossier. Les chefs d’accusation sont lourds : détournement de deniers publics et escroquerie sur les deniers publics.
Quand les voitures du développement deviennent taxis clandestins
L’un des volets les plus ahurissants de l’enquête concerne l’usage totalement dévoyé des véhicules du projet Agropole Nord. Ces moyens roulants, acquis sur fonds publics pour faciliter la mise en œuvre des activités du projet agricole structurant, ont été loués à des particuliers, voire transformés en « clando » – ces taxis clandestins qui opèrent en dehors de tout cadre légal.
Un détournement d’usage aussi flagrant qu’indécent, dans un contexte où les ressources allouées au développement sont rares et précieuses. Ce qui devait servir à appuyer les producteurs, faciliter les déplacements sur le terrain ou transporter du matériel agricole, aurait donc servi à générer des revenus personnels illicites.
Une enquête en profondeur menée par la Section de recherches
L’affaire a été déclenchée par le Parquet financier avant d’être confiée à la Section de recherches de Saint-Louis, qui a mené une investigation méticuleuse sur les pratiques internes à l’Agropole Nord. L’instruction, désormais dirigée par le Parquet de Saint-Louis, aurait mis au jour de graves manquements dans la gestion globale du projet, allant bien au-delà du simple usage frauduleux de véhicules..
Un projet ambitieux, miné par les pratiques anciennes
L’Agropole Nord, porté par l’État sénégalais avec le soutien de partenaires techniques et financiers, avait pour ambition de booster la transformation agricole dans la vallée du fleuve Sénégal, en créant des chaînes de valeur autour du riz, de la tomate, du lait, et d’autres produits stratégiques.
Mais derrière cette vitrine de modernisation, l’enquête révèle des pratiques qui relèvent d’une culture de prédation des ressources publiques, encore bien ancrée dans certaines sphères de gestion publique.
Un scandale qui soulève, une fois encore, la question de la redevabilité, de la transparence et de l’éthique dans la gestion des ressources publiques.
Mariata beye pour sunugal 24