À rebrousse-poil : LES POUPÉES RUSSES (Par Adama NDIAYE)

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À rebrousse-poil : LES POUPÉES RUSSES (Par Adama NDIAYE)

La fidélité à sa famille politique, à ses idées, à ses électeurs, n’est décidément pas la qualité la mieux partagée dans la classe politique. L’homme politique sénégalais retourne sa veste à la même fréquence que Sadio Mané réalise des actions de classe. Sans remords, sans gêne, sans sourciller. Au contraire, il trahit avec aplomb, audace et morgue  tel Bamba Fall récemment sur le plateau de la TFM, qui comparait son ralliement au Président de la République, Macky Sall – après une campagne électorale aux allures de  “Règlement de compte à O.K Corral” contre le protégé du chef de l’État, Cheikh Ba, lors des locales à la Médina- avec la mobilité professionnelle des journalistes. L’homme politique sénégalais ressemble comme deux gouttes d’eau à M. Dambreuse, ce personnage de L’Éducation sentimentale de Flaubert, riche industriel, qui ne cesse de changer de bord politique au gré de ses intérêts financiers.

Il y eut un moment où l’on croyait que ces pratiques malsaines avaient vécu. Qu’une nouvelle génération d’hommes politiques allait émerger et rompre avec cette façon détestable de faire de la politique. Mais il faut se rendre à l’évidence, notre classe politique est une armée de poupées russes. (Presque) tous pareils !Il y a certes quelques notables exceptions jusque-là : Ousmane Sonko, à qui l’on peut reprocher mille choses, mais qui brille par sa constance dans son combat ; Thierno Bocoum qui mène sa barque politique avec une loyauté assez remarquable à ses idées et à ses convictions ; le Dr Abdourahmane Diouf, très cohérent dans son positionnement politique, et qui a en outre la particularité de ne pas être sectaire…Il y en d’autres, bien sûr, qui respectent leurs militants et électeurs, mais plus important, qui se respectent eux-mêmes…
Néanmoins, le gros de la troupe, comme ces 8 maires élus sous la bannière Yewwi Askan Wi qui ont rejoint Benno Bok Yakar,  reste des adeptes d’un machiavélisme dévoyé. Des tacticiens malhabiles, tels Idrissa Seck, figure de proue depuis quelques années de cette caste sans réelle colonne vertébrale.  Idy, que beaucoup qualifient de génie- on se demande bien pourquoi- est en constant déclin dans l’opinion et même dans les urnes depuis sa nomination le 1er novembre 2020 à la tête du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE). Lors des dernières élections locales à Thiès, son poulain, Yankhoba Diattara, a été sèchement battu et l’ex Premier ministre de Wade copieusement hué au moment d’effectuer son devoir citoyen durant la matinée.  Mais il est vrai que quand on est à la tête d’une institution qui pèse 7 milliards de F CFA, la pilule passe plus facilement.

Car si la transhumance ne paie pas électoralement et ternit la cote de popularité de ceux qui s’y vautrent, elle rapporte gros dans le compte en banque, ce qui in fine, reste le plus important. Car désormais toute se mesure à l’aune de l’argent : en avoir ou pas, pour reprendre Hemingway. Il n’y a qu’à discuter avec les jeunes qui veulent faire carrière dans la politique pour se rendre compte qu’ils sont de moins en moins mus par des idées supérieures ou par une quelconque idéologie politique. Leur seul souci est de parvenir quels que soient les moyens. Changer son propre destin personnel plutôt que celui du peuple. Et si on doit prendre un raccourci, on ne se gênera pas. Misère de la politique.

Il faudrait réintroduire une bonne dose d’idéalisme pour réenchanter la vie politique sénégalaise.

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