Le journaliste et patron de presse sénégalais Madiambal Diagne est au cœur d’un tourbillon politico-judiciaire d’une ampleur inédite. Recherché activement par la Division des investigations criminelles (DIC) dans le cadre d’une enquête sur de présumés faits de corruption, de blanchiment d’argent et de trafic d’influence impliquant la société française Ellipse Projects International, le fondateur du groupe Avenir Communication se trouve actuellement en France. Sur le réseau social X (ex-Twitter), ce jeudi, Diagne a déclaré s’être exilé temporairement dans l’Hexagone pour, selon ses termes, « préparer [sa] défense avant de rentrer au Sénégal dans quelques jours pour faire face à [ses] responsabilités ».
Une enquête tentaculaire
Le nom de Madiambal Diagne apparaît dans un rapport explosif de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), qui évoque de possibles circuits financiers opaques entre plusieurs entités, dont une société administrée par l’une de ses épouses et liée directement à Ellipse Projects International, entreprise citée dans de précédentes affaires de marchés publics controversés en Afrique de l’Ouest.
Selon les informations , la DIC tente actuellement de retracer les conditions dans lesquelles Diagne a quitté le Sénégal, alors qu’il faisait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Ce détail crucial alimente la suspicion d’un réseau de complicités ou d’un contournement délibéré des dispositifs sécuritaires.
La famille ciblée
Pendant que le journaliste se retranche derrière la préparation de sa défense en France, ses proches sont, eux, déjà rattrapés par la justice sénégalaise. Les informations révèle que deux de ses fils, Mouhamed et Serigne Saliou Diagne, ont été interpellés par les autorités. Le premier a été arrêté à Karang, alors qu’il s’apprêtait à franchir la frontière sénégalo-gambienne à moto, avec en sa possession un million de francs CFA en liquide.
Quant à Serigne Saliou, il a été cueilli à Dakar, après avoir coopéré avec les autorités pour la perquisition des locaux commerciaux du groupe Avenir Communication, notamment Le Quotidien, dont il est administrateur.
Mais ce n’est pas tout. La DIC a également procédé à l’arrestation d’un marabout proche de Madiambal Diagne, décrit comme étant en contact permanent avec lui. Un message audio compromettant, extrait de son téléphone, fait désormais partie du dossier d’accusation, selon des sources judiciaires. Cette arrestation relance la question du rôle de certains guides religieux dans des affaires d’influence mêlant spiritualité, pouvoir et argent.
L’épouse également interpellée
Quelques jours auparavant, l’une des épouses de Madiambal Diagne – identifiée comme la gérante de la société sénégalaise impliquée dans les contrats avec Ellipse Projects – avait déjà été placée en garde à vue. Son rôle opérationnel dans les transactions mises en cause fait d’elle une pièce centrale du puzzle judiciaire.
Un retour annoncé mais incertain
Alors que l’affaire ne cesse de prendre de l’ampleur, les observateurs s’interrogent : Madiambal Diagne reviendra-t-il réellement au Sénégal pour affronter la justice, comme il l’a annoncé ? Ou assiste-t-on à un exil stratégique visant à éviter une arrestation immédiate ?
Le contexte politique, judiciaire et médiatique rend toute prédiction hasardeuse. Ce qui est certain, c’est que l’affaire, loin de s’essouffler, pourrait bien devenir un cas d’école de l’entrelacement entre presse, affaires et pouvoir, dans un pays où les institutions sont de plus en plus sollicitées pour faire face à des scandales à ramifications transnationales.
Mariata beye pour sunugal 24