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Transport urbain à Dakar : la justice donne raison à Yango, Yassir et Heetch, les taximen en colère

Le bras de fer entre les plateformes de transport numérique et les chauffeurs de taxis traditionnels vient de connaître un tournant judiciaire majeur. Le Tribunal de grande instance de Dakar a tranché : Yango, Yassir et Heetch peuvent poursuivre librement leurs activités au Sénégal. Une décision qui suscite à la fois soulagement du côté des usagers et des plateformes, mais surtout colère et indignation chez les taximen regroupés au sein du Regroupement des chauffeurs de taxis urbains du Sénégal (RTUS).

Ce verdict met un terme – du moins provisoire – à une longue bataille judiciaire initiée par le RTUS, qui accusait ces entreprises de transport numérique de pratiques anticoncurrentielles, de déstabilisation du marché local et d’opérer en dehors de tout cadre réglementaire clair. Mais pour la justice, les griefs avancés ne suffisent pas à justifier une interdiction.

Une décision qui entérine la légitimité des plateformes numériques

Dans son jugement, le tribunal a estimé que l’absence d’un cadre législatif spécifique ne saurait être imputée aux plateformes elles-mêmes, tant qu’elles respectent les règles générales du droit commercial et fiscal. En d’autres termes, il revient à l’État de mettre en place une régulation claire, mais en attendant, l’activité n’est pas illégale.

Ce jugement pourrait faire jurisprudence, tant il pose pour la première fois les bases juridiques de la coexistence entre transport traditionnel et mobilité numérique. En autorisant Yango, Yassir et Heetch à continuer leurs services, le tribunal envoie également un signal : l’innovation technologique dans le secteur du transport est désormais une réalité avec laquelle il faudra composer.

Le RTUS furieux, une riposte annoncée

Du côté du RTUS, la réaction ne s’est pas fait attendre. Qualifiant la décision de « coup de poignard » porté à une profession déjà fragilisée, le syndicat a annoncé la tenue imminente d’une conférence de presse pour « éclairer l’opinion publique sur la gravité de cette décision » et « définir les prochaines étapes de son combat ».

Le RTUS déplore notamment que les plateformes bénéficient, selon eux, de conditions de travail plus souples, échappent à certaines obligations fiscales et ne soient pas soumises à la même réglementation en matière de licences et de contrôles techniques. Une inégalité de traitement qui, selon eux, met en péril des milliers de familles vivant du métier de taximan.

Un débat plus large sur la modernisation du secteur

Cette affaire dépasse le simple cadre d’un différend entre acteurs économiques. Elle soulève des questions plus profondes sur la transformation du secteur des transports urbains, l’évolution des habitudes de consommation, et la capacité des États à accompagner la transition numérique sans marginaliser les acteurs traditionnels.

Pour de nombreux usagers, les applications comme Yango, Yassir et Heetch ont apporté plus de transparence, de sécurité et de confort, dans un secteur souvent critiqué pour ses pratiques informelles et son manque de professionnalisme. Mais cette modernisation rapide pose également la question de l’inclusion sociale : comment éviter que des milliers de chauffeurs de taxis soient laissés sur le bord de la route ?

En attendant, la justice a parlé. Yango, Yassir et Heetch peuvent rouler. Mais le conflit est loin d’être terminé. Il risque désormais de se déplacer sur le terrain politique et social, avec un gouvernement qui devra arbitrer entre modernisation et justice sociale.

Le numérique a gagné une bataille, mais pas encore la guerre.

Mariata beye pour sunugal 24

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