Ces nouvelles conditions d’utilisation restent floues pour bon nombre de régulateurs. À commencer par les autorités allemandes, selon lesquelles les explications de WhatsApp sont incompréhensibles. L’Autorité de protection des données de Hambourg a pour cela ordonné le 11 mai à Facebook de suspendre durant trois mois l’utilisation des données que mettrait à sa disposition la messagerie. Selon le régulateur « cette décision vise à préserver les droits et libertés des millions d’utilisateurs qui donnent leur consentement aux conditions d’utilisation. » WhatsApp rétorque que cette ordonnance résulte de « l’incompréhension fondamentale » des nouvelles règles. La demande de suspension reste néanmoins valable pour trois mois. En attendant, l’autorité de Hambourg a soumis l’affaire au Comité européen de la protection des données, seul organe compétent au sein de l’Union européenne pour faire respecter les règles qui concernent les Vingt-Sept en la matière.
Johannesburg ira jusqu’au procès
Même préoccupation éthique en Afrique du Sud, dont le régulateur de l’information envisagerait carrément une action en justice contre le partage de données entre WhatsApp et Facebook. En mars, l’autorité sud-africaine avait jugé que la nouvelle politique de la maison mère et de sa filiale violait les lois du pays en matière de protection des informations personnelles. Une missive avait été envoyée à WhatsApp pour que la messagerie applique en Afrique du Sud la même règle que celle offerte à l’UE. WhatsApp a annoncé, en effet, que les nouvelles conditions ne seront utilisées en Europe que pour développer les fonctionnalités des comptes professionnels WhatsApp Business. Faute d’accord, les avocats sud-africains peaufinent leur dossier de litige.
Et si l’on se quittait ?
Il faut dire que des alternatives existent. Edward Snowden, le lanceur d’alerte sur les programmes de surveillance de masse américains et britanniques, a invité les déçus de WhatsApp à se tourner vers Signal. Cette messagerie chiffre, comme son concurrent, les conversations, mais ne collecte pas les noms des utilisateurs avec qui vous échangez. Votre liste de contacts, elle, n’est connue que de vous. Dans la très populaire appli Telegram les messages ne sont pas codés, mais pouvez toujours activer l’option « secret chat » pour avoir le même résultat. D’autres acteurs n’attendent que vous pour offrir leurs services : l’appli de messagerie instantanée chiffrée de bout en bout développée par la société suisse Threema ou encore la française Olvid, disponible sur Android et iOS.