Les comparutions des co-prévenus de l’Imam Alioune Badara Ndao, accusé de faits liés au terrorisme, d’association de malfaiteurs, entre autres délits, se poursuivent à la Chambre criminelle de Dakar. Suivez le déroulement et le développement de ce procès inédit sur le sol sénégalais…
12h 35 : Daouda Dieng, né le 02 décembre 1989 à Guédiawaye, maçon, domicilié à Yoff Neugagne.
Il faut retenir qu’il est le seul des accusés à être libéré. Il comparait devant le tribunal librement.
Daouda Dieng : Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Je connais Mactar Diokhané, à travers mon jeune frère Cheikh qui m’a proposé d’emmener mon fils dans leur daara qui était au début à nieti Mbar et après à Gaday que lui et Mactar dirigeaient.
Le juge : Dans quelles circonstances Cheikh Ibrahima a quitté chez vous ?
Daouda Dieng : Il avait dit qu’il allait en Mauritanie pour étudier.
Le juge : Vous aviez gardé le numéro sur votre téléphone
Daouda Dieng : Oui. En général je ne supprime pas mes contacts.
Le juge : Qui vous a dit que votre frère était mort
Daouda Dieng : Abdoulaye Bop et il m’a donné le numéro de Makhtar Diokhané
Le juge : vous avez appelé Makhtar Diokhané ?
Daouda Dieng : Oui, mais dans un premier temps, il m’a dit raccroche, je viens chez toi. Et le soir il est venu chez moi pour me confirmer que mon frère était mort. Il a même mangé ce soir chez nous en présence de ma mère.
Le juge : Vous aviez comme ami facebook Abou Hamza Ndiaye
Daouda Dieng : Non. Je ne peux pas savoir tous les contacts facebook
Le juge : Est-ce que vous saviez que votre frère était mort à la suite d’un Djihad ? Vous connaissez Imam Ndao et de Saliou Ndao
Daouda Dieng : Non.
Le juge : Votre conception du Djihad ?
Daouda Dieng : C’est de m’éduquer moi-même
Le juge : Selon vous, qui a influencé votre frère ?
Daouda Dieng : Je ne connaissais pas ses amis.
Le juge : Parmi ces amis, vous connaissez qui ?
Daouda Dieng : Makhtar Diokhané. Parce qu’il était tout le temps en compagnie.
12h 21 : Me Balal interroge l’imam Sall :
Me Balal : Est-ce que vous savez que la loi vous autorise que vous avez trois options : soit de refuser de répondre, soit de répondre soit de dire que vous n’êtes pas en mesure de répondre.
L’accusé : Mes réponses viennent naturellement
Me Balal : Quelle traduction faites-vous du Daho
L’accusé : C’est la prédication
Me Balal : Est-ce à dire que lorsque le procureur vous a posé la question de savoir sur les partisans de Makhtar Diokhané, il voulait dire Takfir ou Koufard selon vous ?
L’accusé : Takfir ce sont les musulmans.
Me Balal : Aviez-vous la certitude que Makhtar Diokhané était un Djihadiste violent au moment de retirer vos enfants.
L’accusé : Non
12h 20 : Me Mounirou Balal prend la parole pour faire des remarques sur des propos tenus par le ministère public
Tout à l’heure le procureur a dit à notre consœur Me Borso Pouye en ces termes : « Si vous n’êtes pas en mesure de suivre les débats, je vous demande de quitter la salle ».
La robe noire de déclarer : Je voudrais attirer l’attention de tout le monde que l’article 263 est très clair. Nous ne pouvons pas tolérer une telle remarque de la part du ministère public.
11h 55 : L’audience est suspendue pour 10 minutes pour permettre à l’accusé de se reposer.
11 heures 40 : Suite de l’interrogation du procureur à Alioune Badara Sall allias Imam Ali
Le procureur : Pensez-vous que les revenus de Makhtar Diokhané provenaient de ses penchants djihadistes
L’accusé : Non.
Le procureur : D’où pensez-vous que l’argent venait ? Les épouses de Diokhané si elles ont quitté leurs appartements c’est que parce que vous les amis promis que vous les remettre les clés dans 2 mois ?
L’accusé : Dans le contrat, il y avait mentionné deux mois. Mais j’étais en face d’un cas de force majeur.
Le procureur : Vous n’avez pas rencontré Daouda Dieng ?
L’accusé : Je ne le connais même pas
Le procureur : Après l’exploitation, avez-vous confirmé avoir reçu un tel document ? Donc vous confirmez avoir reçu le document ?
L’accusé : C’est Makhtar Diokhané qui me l’a remis via une carte mémoire. Je jure que je n’ai pas lu le document parce que c’était écrit en arabe et je n’avais pas le niveau.
Le procureur : Lors de vos interrogatoires, vous avez dit que vous n’avez aucun lien avec les terroristes. Vous le confirmez ?
L’accusé : Je le confirme.
Le procureur : Qu’est-ce que la conception du Moubaya ?
L’accusé : C’est l’allégeance au gouverneur. C’est prêter allégeance au président. Nous ne recevons rien de l’Etat. Je ne suis pas extrémiste mais au juste milieu
Le procureur : Vous avez dit aux enquêteurs, que pour tous les partisans de Makhtar Diokhané on les appelle des mécréants des Takfirs.
L’accusé : Je ne connaissais pas ses partisans.
…A noter que le français parlé par les prévenus n’est pas assez soutenu et peut conduire à une certaine incompréhension voire un non-sens
11h 15 : Le procureur interroge l’imam Sall
Le procureur : Vous avez dit qu’il y avait une association intitulé la Daha
L’accusé : Nous avions des réunions tous les deux mois.
Le procureur : Par rapport au terrain, vous aviez dit que vous ne saviez pas l’origine. Vous lui avez retiré vos enfants, alors que vous aviez senti que Makhtar Diokhané avaient des penchants pour le Djihad et après, il vous confie de l’argent pour la construction de sa maison. Cela ne vous dérange pas vous ?
L’accusé : Je suis enseignant. Je l’ai fait pour dire que je n’ai contre lui. Et j’ai su qu’en envoyant mes enfants au daara. Je m’éloigner de lui. J’étais dans une salle obscure on oubliait même de me donner à manger. C’était la colère qui parlait. De la déshydratation. Mon avocat l’a même constaté.
Le procureur : Pourquoi après avoir eu toutes ses informations qui vous ont obligé à retirer vos enfants de son internat.
L’accusé: Ce n’était même pas logique que je reçoive son argent alors qu’il avait des penchants pour le Djihad
Le procureur : Au moment de retirer vos enfants vous aviez rencontré le commissaire Sène
L’accusé : Non, pas du tout
Le procureur : Bien avant la fameuse rencontre avec le commissaire, il y a quelque chose qui vous déplaisez chez lui, et vous ne souhaitiez pas que vos enfants prennent le chemin de Makhtar Diokhané.
L’accusé : Nous n’avons pas la même idée de la religion. Et, je ne voulais pas avoir de contradiction avec mes enfants sur certains points religieux.
Le procureur : Les travaux du terrain avait été arrêtés, qu’en est-il du reliquat de l’argent parce que le terrain avait des contraintes litigieuses.
L’accusé: J’ai versé l’argent dans les comptes de ma société. Et je lui dois une maison et non de l’argent.
11h: 09 : Alioune Badara Sall allias Imam Sall né le 17 octobre 1975 à Dakar, ingénieur en génie civil, domicilié à Rufisque est appelé à la barre
Le juge : Est-ce que vous avez eu à discuter sur des points de la religion.
L’accusé : Oui.
Le juge : Qu’est-ce que La Daho
L’accusé : C’est de l’islam. Comment faire pour que les musulmans maîtrisent leur religion.
Le juge : Votre conception du Djihad ?
L’accusé : Le Djihad fait partie de l’Islam. C’est travailler et de m’efforcer à moi-même la religion à mes enfants et à mes époux.
Le juge : Combien Makhtar vous a confié pour la construction
L’accusé : Makhtar m’a confié des travaux. Je devais acheter un terrain et construire un immeuble à usage d’habitation.
Le juge : Où était le terrain ?
L’accusé : A Keur Ndiaye Lô
Le juge : Makhtar Diokhané vous a remis combien ?
L’accusé : Il m’avait confié 12 millions la somme exacte de 11 millions 700. Avec ça je devais acheter le terrain avec 3 millions 200 francs Cfa. Avec le reste nous avons fait la construction et les plans du terrain.
Le juge : Qu’est-ce que vous reveviez en contrepartie dans le travail ?
L’accusé : C’est à travers les 18000 euros qu’il me payait
Le juge : Comment vous avez reçu l’argent
L’accusé : Il a envoyé dans un premier temps 17 000 euros.
Le juge : Vous lui connaissiez avec une activité lui permettant de gagner de l’argent
L’accusé : Ici au Sénégal tout le monde s’est que les maîtres coraniques gagnent bien leurs vies. Et beaucoup de mosquées ont été construites par lui.
Le juge : Vous ne lui avait pas demandé l’origine de l’argent
L’accusé : Non. Un mois avant mon arrestation, un commissaire venait souvent à mon bureau pour faire son enquête.
Le juge : Vous avez exécuté le contrat ?
L’accusé : Non. Parce que qu’il y avait des problèmes. Quand la dame Coumba Niang m’a appelé pour me confier leurs bagages parce que leur mari était en voyage
Le juge : Pourquoi Vous ?
L’accusé : Parce que je devais construire leur maison
Le juge : Quels étaient le contenu des bagages
L’accusé : Il y avait des sacs que j’avais ouverts en présence du commissariat.
Le juge : Après avoir appris l’arrestation de Makhtar Diokhané au Nigéria pourquoi vous n’avez pas remis à ses femmes leur bagages. Vos rapports avec l’Imam Alioune Ndao
L’accusé : Je ne le connaissais que de nom. Je n’ai jamais écouté ses prêches.
Le juge : Mais vous avez eu à vous entretenir au téléphone ?
L’accusé : Une seule fois.
Le juge : Comment et pourquoi ?
L’accusé : C’était par rapport des croissants lunaires. J’en ai parlé avec quelqu’un et c’est cette personne qui m’a donné le numéro de l’Imam pour qu’il puisse nous édifier. Parce que l’Imam connaissait des gens qui avaient vu la lune.
Le juge : Est-ce que vous connaissez vos co-accusés
L’accusé : Les femmes de Makhtar Diokhané et leur mari lui-même