C’est ce mardi noir du 04 décembre 2018, que le guide religieux par ailleurs PDG du groupe Walfadjri, est arraché à notre affection à l’hôpital Principal de Dakar à l’âge de 68 ans, suite à un malaise cardiaque. L’annonce du décès a éclaté tel un coup de tonnerre car étant très surprenante. L’annonce d’une mort est toujours surprenante d’ailleurs. Mais celle de Sidi l’a été plus, en tout cas pour moi.
Sidi Lamine Niass est né le 15 août 1950 à Kaolack. Il était une personnalité publique, juriste, enseignant, journaliste et guide religieux. Il est le fondateur et le Président directeur général du groupe de presse sénégalais Walfadjri.
Sidi, le Mollah de la religion islamique
Illustre petit-fils d’El Hadj Abdoulaye Niass (le grand) fondateur de la branche niassène de la Tarîqa tidiane, Sidi Lamine Niass s’est beaucoup investi pour l’unification de la grande famille niassène. Le mollah entretenait d’excellentes relations avec l’ensemble des foyers religieux du Sénégal, n’accordant pas une grande différence entre sunnites, chiites et soufis. Sidi Lamine Niass a également beaucoup œuvré pour l’entente entre les confréries à travers des actes concrets et remarquables.
Après cette première expérience dans les salles de classe où il a enseigné l’Arabe étant très jeune, il partit en Égypte où il étudia le Droit et la Jurisprudence islamique à l’université Al-Azhar du Caire. Sidi Lamine s’engage ainsi pour la réhabilitation de la langue arabe dans son pays où la langue français règne sans partage au sein de l’administration. C’est d’ailleurs cet engagement qui l’amène à se lancer dans la presse. Et en janvier 1984, il créa le journal bimensuel Walfadjri (mot arabe signifiant l’aurore).
Académie multimédia de Walfadjri
En 1987, le bimensuel Walfadjri devient hebdomadaire. Au mois mai 1991, le journal devient semi-quotidien paraissant trois fois par semaine. À partir de février 1993, il passe à la formule quotidien. Mais entrepreneur qu’il était, Sidi Lamine Niass n’a pas voulu s’arrêter en si bon chemin. En novembre 1997, il obtient une bande FM (Walf Fm). Et progressivement, il mit en place le premier groupe de presse de l’Afrique de l’Ouest composé d’un quotidien (Walf Quotidien), d’une radio (Walf Fm), d’une télévision (Walf Tv) et d’un site internet (Walfnet). Un groupe de presse qui fait de Sidi Lamine Niass l’un des hommes les plus influents du Sénégal.
Beaucoup de grands noms de la presse sénégalaise sont passé par le groupe Walfadjri qui est considéré comme une académie multimédia. Nous pouvons citer Souleymane Niang, Elimane Lo, Mamoudou Ibra Kane, Babacar Fall, El Hadji Assane Gueye, Alassane Samba Diop, Antoine Diouf, Ibrahima Benjamin Diagne, Bineta Diallo, Samba Dialimpa Badji, Madické Diagne, Aliou Ndiaye, Becaye Mbaye, Maimouna Ndir, Papa Ngagne Ndiaye, Aissatou Diop Fall, Reine Marie Faye, El Hadji Abdoulaye Lam, Mamadou Ndiaye Doss, Sophie Ahodekon, Coumba Diakhate Mar, Adama Kandé, Omar Gningue… La liste n’est pas exhaustive.
Un pionnier de la lutte pour la démocratie et la liberté de la presse
Sidi Lamine Niass reste un grand pionnier de la lutte pour les libertés et la démocratie. Son engagement consistant face aux différents régimes constitue un legs qui marquera à jamais le peule sénégalais.
Ce même engagement pour la liberté a amené l’homme à s’investir dans l’entreprise médiatique. Véritable vitrine de la presse sénégalaise, Walfadrji s’est fortement illustré dans la défense des libertés.
De novembre 1979 à novembre 1980, Sidy Lamine Niasse passe son premier séjour carcéral. C’était sous le régime du président Senghor. Il n’était pas d’accord avec la gestion du premier président du Sénégal indépendant.
Au début des années 2000, le groupe Walfadjri faisait parti des pionniers de la scène médiatique. A côté de quelques rares chaînes privées, Walfadjri qui se veut être la voix des sans voix, a joué
sa partition dans l’éveil des consciences, et a grandement participé à l’avènement de la première alternance politique au Sénégal, avec l’arrivée d’Abdoulaye Wade au pouvoir.Aujourd’hui Sidi s’en est allé, laissant derrière lui un grand vide. Ne soyons pas émus par la polémique qui a éclaté depuis son décès en ce qui concerne le lieu où il devrait être enterré. Ceci ne fait que confirmer la grandeur de l’homme. Même mort, Sidi Lamine Niass fait parler de lui.
Désormais:
-Qui va faire face aux politiques (comme il le faisait) pour leur dire des vérités salées et leur faire savoir que c’est le peuple souverain, qui décide ?
-Qui va porter la lutte de la liberté de la presse et de la démocratie comme il le faisait ?
-Qui va combler nos cœurs à l’aurore avec le Tafsiroul Qur’aane et le récit des prophètes ?
-Qui va nous faire vivre le jour de la station d’Arafat en direct comme si nous y étions ?
-Qui va nous accompagner durant le Ramadan avec les Sirras et le Tafsiroul Qur’aane ?
Coumba Ndoffène, journaliste
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