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Sénégal – Pouvoir et société civile : l’avertissement de Penda Mbow face à la « saillie » d’Ousmane Sonko

Le style est vif, la formule crue : en qualifiant récemment des acteurs de la société civile de « fumiers », le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a jeté un pavé dans la mare. Et suscité une vague d’indignation dans un pays où la société civile demeure un pilier essentiel du jeu démocratique. Samedi, c’est la voix respectée de Penda Mbow, historienne et figure intellectuelle de premier plan, qui est venue rappeler, avec gravité, l’importance de ce contre-pouvoir, qu’aucune posture politique ne saurait reléguer aux marges.

Invitée à s’exprimer à la fondation Friedrich Ebert lors de la présentation du rapport d’Afrikajom Center sur la première année de la présidence de Bassirou Diomaye Faye, l’universitaire a déploré cette sortie du chef du gouvernement, qu’elle impute aux travers classiques du pouvoir. « Quand on lutte pour accéder au pouvoir, on s’appuie sur la société civile. Une fois qu’on y est, le réflexe est souvent de l’écarter », a-t-elle regretté, citée par Le Soleil. Une constante dans l’histoire contemporaine des démocraties africaines : la société civile sert de bélier pour abattre l’édifice, mais se retrouve souvent repoussée une fois la victoire acquise.

Au-delà du cas Sonko, c’est le sort de cet acteur indispensable qu’elle défend, soulignant la nécessité « de consolider les partenariats historiques avec les acteurs de la société civile » dont elle a salué « les apports décisifs dans le renforcement de la démocratie sénégalaise ». À ses yeux, ignorer ou mépriser cette force critique reviendrait à affaiblir la jeune alternance issue des urnes en mars dernier, et à s’éloigner de l’idéal de gouvernance inclusive et participative tant vanté durant la campagne.

Le propos résonne d’autant plus fort que le Sénégal, auréolé ces dernières années de son statut d’exception démocratique en Afrique de l’Ouest, traverse un moment délicat de réinvention politique. Entre attentes populaires immenses et impératifs de stabilité, l’exécutif devra composer avec toutes les forces vives du pays. Et accepter, même à contrecœur, la contradiction.

Pour Penda Mbow, la vigilance de la société civile est moins un obstacle qu’un garde-fou, garant de l’esprit du 25 mars. Et son message vaut avertissement : dans un pays où la parole publique est scrutée et où les fractures sociales sont vives, un mot de trop peut vite devenir un symbole de rupture. À l’heure où le pouvoir s’installe, c’est peut-être le moment de rappeler qu’il ne peut, ni ne doit, gouverner seul.

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