Performance agricole du Sénégal: données et argumentaires (Par Elhadji Amadou WONE)

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Dans le cadre de sa stratégie d’amélioration de la sécurité alimentaire et de la promotion d’un développement rural durable, l’Etat du Sénégal a mis en œuvre de 1960 à 2003, une série de politiques agricoles : le Programme agricole, (1960 à 1980); le Programme de Redressement Economique et Financier, (1981 à 1984); la Nouvelle Politique Agricole, (1985 à 1994) ; les Programme, Lettres et Déclaration de Politique de Développement Agricole, (1995 à 2003).Ces programmes n’ayant pas permis de réduire la pauvreté et d’enrayer le déficit de la balance commerciale des produits alimentaires, l’Etat a élaboré à partir de 2000, une série de Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté DSRP, pour réduire la pauvreté de moitié à l’horizon 2015, et atteindre ainsi les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).Notons que la loi n° 2004-16 du 4 juin 2004 portant loi d’orientation agro-sylvo-pastorale visait à faire de l’agriculture un moteur de la croissance de l’économie.

En 2005, le Sénégal a adopté une nouvelle stratégie de développement : la stratégie de croissance accélérée (SCA). Cette stratégie visait à accélérer la croissance économique du pays pour les dix ans qui suivent sa mise en place, et respecter ainsi ses engagements pour les OMD. Des progrès ont pu certes être réalisés mais l’intervention de l’Etat dans le secteur agricole en est devenue véritablement spectaculaire qu’à partir de 2014. Elle a consisté à mettre à disposition de nouvelles variétés de semences à haut rendement, la fourniture d’engrais et d’équipements adaptés, le renforcement des capacités par l’intensification des appuis techniques et des formations agricoles et rurales et par l’intensification des aménagements hydro-agricoles et une gestion suivie des aménagements antérieurs. C’est dans ce cadre que l’Etat, à travers le PSE et son volet agricole le PRACAS,a mis un accent particulier sur le développement des cultures de substitution aux importations (riz, oignon, pomme de terre) et sur l’intensification de l’horticulture d’exportation. Des programmes et projets de développement agricoles et des initiatives spécifiques telles que le PUDC ont été également mis en œuvre pour favoriser davantage le développement d’une agriculture saine, compétitive, inclusive et durable.

EVOLUTION DU SECTEUR HORTICOLE (fruits et légumes)

La filière horticole est devenue le sous-secteur le plus dynamique de l’agriculture sénégalaise. La production horticole connait une augmentation constante de 5 à 10 % chaque année, pendant que les exportations horticoles du Sénégal progressent de 15 à 20 % par an. En 2018, la production de fruits et légumes était de 1 446 360 tonnes, soit une progression exceptionnelle de 22,73% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.  La productionde légumes estimée à 1 202 288 tonnes (83%) contre 244 072 tonnes (17%) pour les fruits. 

La production de pomme de terre par exemple est ainsi passée de 15 000 tonnes en 2013 à 140 000 tonnes en 2018 faisant passer notre pays d’une dépendance totale des importations pour la pomme de terre de consommation à une couverture des besoins du marché national, avec un gel des importations, pour une durée de 8 mois en 2018. La valeur de cette production estimée est donc passée de 4 milliards en 2013 à 37 milliards en 2018. Le gel des importations est de 8 mois pour l’oignon et de 7,5 mois pour la carotte.

Les exportations de fruits et légumes sont passées de 9343 tonnes en 2000 à un niveau exceptionnel de 122 148 tonnes en 2018. Elles ont connu un accroissement de 13,05% en 2018par rapport à l’année 2017. Les exportations du Sénégal d’oignon vert de radis de tomate cerise, de mangue et de haricot vert sont très prisées au niveau du marché international.Les efforts des structures d’encadrement(Direction de l’Horticulture, projets et programmes de développement, organisations de producteurs et d’exportateurs), allant dans le sens d’une meilleure organisation des opérateurs horticoles, ainsi des interventions des services de contrôle phytosanitaire justifient ce résultat exceptionnel.

EVOLUTION DE LA FILIERE RIZICOLE

Compte tenu des incertitudes du marché international du riz, des stratégies spécifiques adaptées aux potentialités de chaque zone rizicole ont été mises en œuvre pour atteindre une autosuffisance en riz avec une production totale de 1 600 000 T de paddy.  Le coût de mise en œuvre de cet objectif riz du PRACAS était chiffré à 424,7 milliards de FCFA.

Le Riz pluvial :

En 2013, la moyenne d’emblavure dans la zone SODAGRI était de 80 000 ha par an et le rendement observé de 1 tonne par hectare.

Avec la mise en place d’une riziculture performante et durable, la production dans le bassin de l’Anambe de 3000 tonnes de semences certifiées et en fournissant un matériel adéquat, l’Etat a permis aux producteurs encadrés par la SODAGRI de réaliser en 2018 des rendements moyens de 3 tonnes par hectare et d’obtenir une production de 300 000 tonnes.  Le total général de la production de riz pluvial toutes zones est de 653 371tonnes.

Le riz irrigué

Pour la Vallée du Fleuve, la production totale effective des délégations de Dagana, de Podor, de Matam et de Bakel, pour l’année 2017, se chiffrait à 425 427 tonnes de Paddy pour 67 572 ha d’emblavure.Le total de la production en pluvial en 2018 est de479 000tonnes.Certaines contraintes liées à la généralisation de la double culture, à la gestion des infrastructures concédées aux Organisations Paysannes et aux aspects sociaux, techniques et financiers liés à la gestion du foncier, n’ont pas permis d’atteindre l’objectif fixé. Notons que des résultatsconcretssont obtenus dansle domaine de la maîtrise des techniques culturales et dans celui de l’adoption de variétés à haut rendement et adaptées aux conditions agro climatiques.

PERSPECTIVES

Pour les prochaines années, les autorités supérieures de l’Etat du Sénégal mettent tout en œuvre pour que dans les différents bassins de production, il existe une multiplication et une diversification des acteurs où, des intervenants du secteur public, la petite exploitation familiale, les groupements et coopératives agricoles et les investisseurs privés travaillent dans un partenariat transparent juste, réaliste et sécurisé par des règles et conventions.  C’est pourquoi, la formation et l’accompagnement des communautés d’agriculteurs et d’éleveurs dans l’adoption des pratiques de gestion durable des terres et de l’eau, par l’implantation de champs de démonstration, par la prise en compte de la dimension écologique dans les affectations et la mise en valeur des terres et par une gestion de la durabilité environnementale constituent des actions prioritaires dans les nouveaux programmesde mise en valeur agricole.

ELHADJI AMADOU WONE

AGRO ECONOMISTE

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