Arrivé au pouvoir dans un contexte de ras-le-bol général contre la mal gouvernance, le président Macky Sall avait inscrit son régime sous le sceau d’une gouvernance ” sobre et vertueuse “. Mais au fil des années, le constat semble tout autre. Du moins concernant certaines de ses nominations qui posent de réels conflits d’intérêt préjudiciables à une bonne gouvernance au cœur même de la présidence. Autrement dit, loin d’être prioritaires, certaines désignations laissent plutôt entrevoir une préoccupation politicienne visant à caser des partisans ou autres transhumants. Et les proéminentes sont sans équivoque les nominations de l’ancien Premier ministre Aminata Touré et du nouveau adhérant Djibo Leyti Ka.
Pour le cas de la première nommée, les observateurs avertis de la scène politique voient juste des efforts récompensés. En effet, nonobstant son limogeage de la primature, la devancière de Mahammed Dionne s’est montrée très active au sein de l’Alliance Pour la République (APR), assistant à toutes les réunions et apportant la réplique à tous ceux qui s’attaquent au chef de l’Etat, Macky Sall qui ne pouvait être insensible à cette loyauté en le confiant le poste « d’envoyée spéciale » du Président de la République. Une fonction qui était jusque-là inexistante dans l’attelage gouvernemental. Et même s’il est dit que Mimi Touré est chargée d’effectuer toutes les missions que Macky Sall lui confiera, tant au niveau national qu’international, d’aucuns trouvent d’énormes difficultés à définir exactement en quoi consiste le nouveau job de l’ancien garde des Sceaux. D’autant plus que près d’un an après sa prise de fonction, il est difficile de dresser un bilan de ses « missions ».
Si la fonction d’ « envoyée spéciale » de Mimi Touré pose une question de pertinence, il n’en demeure pas moins pour celle de Djibo Ka récemment bombardé président de la Commission nationale du dialogue des territoires. Structure nouvellement créée par le chef de l’Etat, la CNDT a pour mission d’assister le président de la République dans la définition des mécanismes de coopération territoriale, d’accompagner le gouvernement dans la promotion des groupements d’intérêt communautaire et d’aider les collectivités locales à la mise en place de groupement d’intérêt communal et d’établissements publics territoriaux. Ancien directeur de cabinet de Senghor, plusieurs fois ministre sous Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, le secrétaire général de l’URD qui a rejoint la mouvance présidentielle tient désormais son premier poste sous Macky. Toutefois, en plus de remettre en question le rôle du ministère des Collectivités locales, cette nomination de Djibo Ka est considéré par plus d’un comme une simple volonté de caser un transhumant.
M.S.N