Morelia (Mexique) (AFP)-Le pape François a demandé aux prêtres de ne pas se résigner face à la violence et la corruption lors d’une rencontre mardi avec des religieux dans un stade de Morelia, dans l’Etat du Michoacan (ouest), un des bastions du narcotrafic au Mexique.
« Quelle tentation peut venir de milieux dominés souvent par la violence, la corruption, le trafic de drogue, le mépris pour la dignité de la personne, l’indifférence face à la souffrance et à la précarité ? Quelle tentation pouvons-nous avoir face à cette réalité qui semble être devenue un système inamovible ? Je crois que nous pouvons la définir comme de la résignation », a observé le pape devant plusieurs dizaines de milliers de prêtres, religieuses et séminaristes.
« C’est une des armes préférées du diable que la résignation ! Une résignation qui nous paralyse et qui non seulement nous épouvante mais qui nous fait nous replier sur nos sacristies et nos apparentes sécurités. Une résignation qui non seulement nous empêche de prévoir des projets mais qui nous empêche de prendre des risques et de transformer les choses », a-t-il dit dans cette région qui a subi l’emprise de puissants cartels de la drogue qui se donnent souvent des étiquettes catholiques.
Contre la peur et le découragement, le pape a donné l’exemple de figures catholiques anciennes, dont « Tata Vasco » (« papa Vasco »), Mgr Vasco Vasquez de Quiroga, premier évêque du Michoacan au seizième siècle qui ne s’était pas résigné face aux injustices infligées aux peuples indigènes.
Cet évêque avait combattu la réalité terrible vécue alors par les indiens Purepechas, qu’il avait décrits comme « vendus, humiliés, obligés de vagabonder dans les marchés pour recueillir les déchets jetés à terre ». « Loin de la résignation, il a mis en mouvement sa foi, sa vie, sa compassion » pour « réaliser des initiatives d’ampleur face à une réalité aussi paralysante et injuste », a dit le pape, très applaudi.
« Nous ne sommes pas, ni ne voulons être des fonctionnaires du divin, nous ne sommes pas, ni ne voulons jamais être des employés de Dieu, car nous sommes invités à participer à sa vie, nous sommes invités à nous introduire dans son coeur » , a exhorté François, qui avait dejà demandé samedi aux évêques du pays de ne pas se comporter comme des « princes » éloignés des souffrances et des injustices.
Le Mexique est l’un des pays les plus dangereux au monde avec 40 prêtres ou séminaristes assassinés depuis 2006. L’Etat du Michoacan et celui voisin, du Guerrero sont le plus périlleux pour les « sacerdotes ».
L’Eglise catholique mexicaine, la deuxième la plus importante au monde, compte près de 100 millions de fidèles, mais sa hiérarchie puissante se montre en partie divisée et élitiste, même si une grande partie est engagée en faveur des pauvres.