Messieurs les autorités compétentes, trop c’est trop ! (Par Mohamed Dia)

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Selon l’OMS, plus de 1,2 million de personnes meurent sur la route chaque année, ce qui équivaut à 3000 personnes par jour et près de 150.000 personnes blessées dont 10 % resteront handicapées à vie. Le poids économique de ces accidents dans les pays en voie de développement comme le nôtre représente environ 1% de notre PIB. Il est impossible d’estimer une valeur à la vie humaine perdue, la souffrance endurée par la famille et quelquefois même l’espoir de toute une famille anéanti causant la famille à sombrer dans la pauvreté car ayant perdu un soutien de surcroit. Quelle est la véritable cause de tous ces accidents au Sénégal ?

Pendant que nous sacrifions nos béliers pour la fête abrahamique, nos dirigeants sacrifient des vies humaines et seront les premiers à aller présenter leurs condoléances avec une enveloppe à la main. Quand est-ce que cette pratique va-t-elle arrêter ? Un autre accident, ayant fait sept morts, s’est produit vers Sébikhotane mercredi 22 août 2018. Quand est-ce que nos dirigeants assumeront ils leurs responsabilités ? Il est vraiment temps que nos dirigeants sachent démissionner s’ils ne sont pas en mesure de régler un problème récurrent. Je ne dis pas que c’est une tâche facile mais ce problème doit être réglé d’une manière ou d’une autre. Les autorités compétentes ne soignent jamais la cause réelle de la maladie mais plutôt les symptômes et cela à tous les niveaux de l’État. Le problème principal dans ce pays est la corruption qui est à l’origine de tous nos maux. Les accidents récurrents et les morts causées sont aussi dus à la corruption.

Tout commence durant l’obtention du permis de conduire. Combien de personnes connaissons-nous qui nous ont expliqué comme ils ont négocié l’obtention de leur permis ? Nous riions à leurs histoires ignorant que ce sont ces mêmes chauffards qui allaient tuer les personnes que nous aimons. Il ne s’agit pas de mettre en place des permis à points ou d’installer des radars ou de changer le Code de la route mais il s’agit de mettre fin à la corruption d’abord.

Après avoir corrompu jusqu’à l’obtention du permis, il est temps d’aller corrompre pour passer sa visite technique. Même sans rendez-vous il est possible d’avoir rendez-vous, il s’agit juste de connaitre quelqu’un, pour qu’on vous ajoute à la liste paraît-il. Certains disent même qu’avec une voiture « défectueuse » vous pouvez avoir la visite technique avec quelques billets de banque. Permis dans la poche et visite technique sur le pare-brise, la personne est en règle. On suppose qu’avec ces deux papiers tout nous est permis et les infractions commencent à se commettre jusqu’à ce que le policier nous arrête et sans vergogne nous dise de lui remettre un billet de banque.

On sait maintenant que la police ne représente plus un obstacle sauf s’il s’agit d’Amul Yaakaar. On se croit tout permis et on ne respecte plus le Code de la route et on fait comme bon nous semble jusqu’au jour où nous sommes à l’origine d’un accident mortel. On se dit vraiment que là les carottes sont cuites ; on se rappelle en fait que nous connaissons une autorité capable de nous tirer d’affaire et qui nous tire d’affaire devant cet homicide volontaire. Combien de personnes se partagent la responsabilité de tous ces pères, mères, fils, filles, cousins, cousines, grands-pères, grands-mères, amis, soutiens de famille, inconnus… qui ont perdu la vie dans ces accidents ?

Il faut que nous arrêtions d’être hypocrite ; nous avons tous les mains tachées de sang car cette corruption est pratiquée par la majorité de la population ce qui d’ailleurs encourage les corrupteurs. Il nous faut des institutions fortes avec de bons salaires et des avantages pour les autorités faisant face à la corruption nuit et jour. Au lieu de construire des infrastructures qui n’ont pas de retour sur investissement, ces fonds pouvaient être destinés à combattre la corruption qui coute au Sénégal 118 milliards d’après une étude réalisée par l’OFNAC.

Je préfère la privatisation à la perte d’une vie humaine quitte à avoir une économie extravertie jusqu’à ce que nous fassions preuve de responsabilité pour gérer nos propres biens. Il est temps que nous commençons à sanctionner les infractions à tous les niveaux pour pouvoir éradiquer la corruption qui nous coûte de l’argent et surtout des pertes humaines.   L’équation schématique de Robert Klitgaard dit que la Corruption = Monopole + Pouvoir – Transparence. Gustave Le Bon disait que « L’anarchie est partout quand la responsabilité n’est nulle part ».

Mohamed Dia, Consultant bancaire

Email : mohamedbaboyedia@gmail.com

 

 

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