L’ancien directeur général de l’Agence nationale de la maison de l’outil (Anamo), Maodo Malick Mbaye, a passé sa première nuit derrière les barreaux de la prison de Rebeuss, marquant un nouveau tournant dans la lutte contre la délinquance financière au Sénégal. L’homme est désormais inculpé par le collège des juges d’instruction du très redouté pool judiciaire financier (PJF) pour détournement de deniers publics, une accusation grave portant sur un montant colossal de 600 millions de FCFA.
Une Caution de Près de 800 Millions Rejetée : Le Mystère de Gott
L’affaire, révélée par L’Observateur, prend une dimension particulière avec le rejet de la caution proposée par Maodo Malick Mbaye. En guise de garantie pour sa liberté provisoire, l’ancien DG avait mis sur la table un complexe agricole d’une valeur jugée substantielle, érigé sur une parcelle de 22 980 m² située à Gott, dans la commune de Notto. L’expertise de Me Algor Thiam, expert immobilier agréé, avait évalué ce bien à 798 282 530 FCFA, soit bien plus que le montant du détournement présumé.
Malgré cette offre de garantie qui semblait à première vue solide, les juges ont fermement rejeté la caution, ordonnant ainsi son placement sous mandat de dépôt. Cette décision soulève des questions sur la nature des preuves en possession du PJF et la profondeur des charges pesant sur Maodo Malick Mbaye, d’autant que plusieurs fournisseurs impliqués dans ce même dossier avaient été arrêtés en avril dernier avant d’être remis en liberté sous caution, laissant entrevoir des traitements différenciés.
Une Coopération Annoncée, Un Retour Volontaire, Une Inculpation Inéluctable
L’arrestation de Maodo Malick Mbaye intervient après une période où l’intéressé avait publiquement clamé sa volonté de coopérer avec la justice sénégalaise. Alors qu’il se trouvait au Maroc pour des « engagements internationaux » lors de l’enquête préliminaire, il avait pris soin d’informer de sa disponibilité. « Je me suis volontairement signalé auprès du greffe du juge d’instruction du 3e cabinet du Pool judiciaire financier (PJF) pour manifester ma disponibilité à être entendu une fois à Dakar, dans le cadre de l’enquête sur ma gestion de l’Anamo. Cette enquête s’est déroulée durant mon absence du Sénégal », avait-il écrit dans une correspondance consultée par la presse.
Son retour au Sénégal, dicté par le double mobile de passer la Tabaski en famille et de « répondre volontairement » à une convocation fixée au 23 juin 2025, avait été largement médiatisé. Cependant, comme le rapporte L’Observateur, c’est près d’un mois plus tard, le mardi 22 juillet, que le destin judiciaire de Maodo Malick Mbaye s’est scellé devant le juge du PJF, le conduisant directement à Rebeuss.
Cette affaire, qui met en lumière la détermination des autorités à traquer les malversations financières, promet de déchaîner de nouvelles révélations sur la gestion des deniers publics et le fonctionnement des agences étatiques sous l’ancien régime. La première nuit de Maodo Malick Mbaye à Rebeuss marque le début d’un processus judiciaire qui sera sans doute scruté à la loupe par l’opinion publique.
