En coulisses, les tractations s’intensifient. Si la date officielle de l’élection du nouveau maire de Dakar n’est pas encore connue, les ambitions, elles, ne se cachent plus. Selon des informations révélées ce mardi par Les Échos, la bataille pour le fauteuil tant convoité de la capitale est déjà bien engagée. Et le parti Pastef-Les Patriotes, fer de lance du pouvoir actuel, joue gros.
Abass Fall, le choix stratégique de Pastef
Au cœur de cette stratégie : Abass Fall. Ministre du Travail et homme fort du parti à Dakar, il cristallise les espoirs de Pastef pour reprendre la mairie, une institution à haute valeur symbolique et politique. D’après les sources du journal, le ministre mène une campagne intensive et de proximité, n’hésitant pas à se rendre au domicile des conseillers municipaux pour exposer sa vision d’une « Dakar nouvelle », ancrée dans les valeurs du patriotisme, de la rigueur et de la modernisation.
Un Conseil municipal fragmenté
Le principal obstacle à l’accession d’Abass Fall reste arithmétique. Pastef, malgré sa position dominante sur l’échiquier national depuis l’élection présidentielle de 2024, ne dispose que de moins de 20 conseillers sur les 100 que compte le Conseil municipal de Dakar. Même avec le soutien hypothétique de formations comme le PUR ou les partis de Malick Gakou, Déthié Fall ou Habib Sy, la barre des 30 voix reste difficilement franchissable.
En face, les anciennes forces du pouvoir municipal restent bien ancrées. La coalition Taxawu Sénégal, héritière du leadership de Khalifa Sall, conserve une forte implantation, malgré les déchirements internes causés par le départ de Barthélemy Dias et la naissance de son mouvement Sénégal Bi Nu Bokk. Quant à Benno Bokk Yakaar, bien que fragilisée par la démission d’Abdoulaye Diouf Sarr et un manque de cap clair depuis la chute du régime précédent, elle reste numériquement mieux représentée dans l’hémicycle municipal.
Le spectre d’une délégation spéciale
Consciente de cette configuration défavorable, Pastef n’exclut pas un , plan Bselon Les Échos. Des sources proches du parti laissent entendre que si le rapport de forces reste bloqué, une stratégie alternative serait envisagée : pousser à la suspension du processus électoral et plaider pour la mise en place d’une délégation spéciale. Une manœuvre légale mais politiquement sensible, qui pourrait raviver les critiques sur la tentation hégémonique du parti présidentiel.
Ngoné Mbengue, la maire intérimaire en embuscade
Pendant ce temps, une autre figure avance à pas feutrés : Ngoné Mbengue, actuelle maire par intérim. Proche de Khalifa Sall, elle s’emploie à renforcer son bilan de terrain tout en structurant sa candidature. Selon Les Échos, elle a confié la conduite de sa campagne à un élu local influent. Loin des projecteurs, elle pourrait incarner l’alternative consensuelle face aux appétits partisans.
Un préfet silencieux, une ville sous tension
L’issue de cette bataille dépend désormais d’un homme : le préfet de Dakar, seul habilité à convoquer le Conseil municipal pour l’élection du futur édile. Pour l’instant, c’est le silence radio du côté de l’administration territoriale. Un silence interprété, selon les camps, tantôt comme prudence républicaine, tantôt comme stratégie d’attente au service d’intérêts politiques.
Dans une ville où chaque mètre carré de pouvoir se gagne à la sueur des intrigues et des alliances, la course à la mairie de Dakar s’annonce comme un test grandeur nature pour la maturité démocratique des forces politiques sénégalaises. Pastef, en quête de légitimité municipale, saura-t-il convertir son pouvoir national en ancrage local ? Ou la vieille garde, divisée mais aguerrie, parviendra-t-elle à barrer la route au rouleau compresseur patriotique ?
Le compte à rebours est lancé. Mais dans cette élection à huis clos, le vrai combat se livre loin des urnes : dans les salons, les coups de fil de minuit, et les équilibres instables des coalitions de circonstance.
Mariata beye pour Sunugal 24
