Maimouna Bousso : « Personne n’acceptera que Ousmane Sonko soit écarté de la présidentielle »

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La présidente du mouvement Forces citoyennes appelle les Sénégalais à répondre massivement aux appels de Yewwi Askan wi. Maimouna Bousso pense que ce sera une façon d’envoyer un message au président Macky Sall, pour lui dire qu’ils ne sont pas d’accord avec lui, et que la tentative de liquidation des adversaires politiques ne passera pas. Dans un entretien accordé au quotidien Le Regard, elle invite Cheikh Hadjibou Soumaré à éclairer la lanterne des Sénégalais, à refuser que le contrôle judiciaire le bâillonne.

Ce mois de mars est dédié aux femmes, est-ce facile de s’imposer politiquement en tant que femme ? 

Je peux dire que tout n’est pas facile pour la femme sénégalaise, parce qu’on est des soutiens dans les familles, on gère la famille et ça c’est notre tradition. Donc tout ce qui s’y ajoute nous complique les choses. L’espace politique n’est pas facile pour une femme, parce que nous avons accusé du retard que nous devons rattraper, c’est pas peut-être à cause des politiciens, mais à cause de notre système, de notre formation et beaucoup de choses qui font que la femme est reléguée au second plan. Vous voyez l’espace public, il y a peu de femmes qui sont au-dessus et pourtant, la femme est le moteur des partis politiques. Elles sont dans l’animation et dans les différents secteurs. Nous, la façon dont on milite, c’est pour montrer que la femme peut s’en sortir sans pour autant avoir de nomination, ou bien de poste. Le peuple peut porter le combat de la femme. Et depuis 2012, nous nous battons pour notre pays et nous ne sommes pas derrière des hommes ou bien derrière un parti et les Sénégalais ont accepté maintenant notre leadership.

Yewwi Askan wi a enregistré des départs ces derniers jours. Des leaders ont mis sur pied la coalition Yewwi Sénégal est ce que cela ne va pas diminuer votre force ?

Moi je suis un peu inquiet, parce qu’on reproche souvent à la presse de faire dans la paresse, parce que je pense qu’ils ne sont plus dans la coalition depuis les législatives. Donc, pourquoi six mois après revenir pour en faire une actualité. Au contraire, ils ne peuvent pas nous fragiliser. Yewwi ne cesse de recevoir de nouveaux adhérents. Il y a des partis qui nous ont écrit pour intégrer notre coalition. Donc ceux qui sont partis, c’est le groupe qui avait claqué la porte depuis les législatives et ils ne sont jamais retournés. D’ailleurs, ils n’ont pas battu campagne. Et malgré leur abstention, les Sénégalais ont massivement voté pour l’intercoalition Yewwi Wallu.

La pluralité des candidatures au sein de Yewwi ne fragmente pas forces ?

Je peux dire que je n’étais pas là aux premières heures de Yewwi. A ce que je sache, ils avaient décidé de faire bloc pour les locales et les législatives, mais la présidentielle c’est autre chose. Yewwi n’appartient pas à un parti politique ni à une personne. Yewwi appartient au peuple, c’est le peuple qui avait exprimé le besoin de cette union. C’est normal d’avoir plusieurs candidatures. Moi, personnellement, je ne veux pas qu’on ait plusieurs candidats, je souhaite qu’on ait deux ou trois candidats maximum pour que le jeu soit clair. Pour l’heure, il y’a des filtres comme le parrainage qu’il faut combattre et les tentatives d’élimination des candidats.  Et tout ça fait que Yewwi ne peut pas se disloquer parce qu’il y’a beaucoup de fronts à faire face. J’espère qu’on n’aura pas plus de deux ou trois candidats.

Maimouna Bousso sera candidate à la présidentielle de 2024 ?

Pour l’instant notre mouvement n’a pas encore de candidat et je ne pense pas qu’on en aura. Ce qui est sûr, on ira à cette élection avec un candidat. Au sein de notre mouvement on n’a pas encore posé le débat. De toute façon, on prendra notre précaution pour ce qui nous est arrivé en 2019 ne se répète plus. On avait soutenu le candidat Idrissa Seck et par malheur, il nous a trahis. Le fait de ne pas avoir de candidat issu de notre mouvement n’est pas un manque d’ambition, mais relève du réalisme politique. Il y a un travail à abattre au niveau national, avant de solliciter les voix des Sénégalais. Je peux dire maintenant que notre premier challenge c’est de nous battre pour que Khalifa Sall et Karim Wade retrouvent leurs droits civiques et que les autres opposants comme Ousmane Sonko et Déthié Fall ne soient pas arbitrairement écartés de la présidentielle.

Hadjibou Soumaré placé sous contrôle judiciaire après sa lettre ouverte adressée au président de la République, quelle lecture avez-vous de cette affaire ?

Marine Le Pen était venue au Sénégal le mois de janvier dernier et on est au mois de mars. Je m’interroge sur la pertinence de la question à ce moment précis, pourquoi pas avant ? je déplore ensuite ce qui s’en est suivi et cela montre l’état de notre démocratie. Une personne qui pose des questions ou fait des affirmations ne doit pas être poursuivie pour diffamation. Depuis 2012 des opposants sont diffamés, insultés… et rien ne se passe. Si c’est Macky Sall on parle d’institution. Quand il part à Sedhiou rencontrer ses militants, c’est le chef de parti ou le président qui fait de la politique. C’est pour cela au sein de notre mouvement, on a posé ce débat, on ne veut plus cette amalgame. Le président de la République ne doit pas être un chef de parti. Dans cette histoire, il s’agit de l’argent du contribuable. Et c’est une question fermée. Il doit répondre par oui ou non. Je déplore aussi son placement sous contrôle judiciaire. Nous invitons monsieur Soumaré à refuser de se taire. On a besoin d’hommes et de femmes courageux, le président Abdoulaye Wade nous a montré que, quand on aime le Sénégal, le tribu le plus petit c’est la prison, c’est pour cela que le contrôle judiciaire ne doit pas le museler. Les Sénégalais ont le droit de savoir la vérité dans cette affaire.

Quid de l’affaire des 98 milliards révélés par Bougane Gueye Dani ?

Je fais partie de ceux qui se sont battus pour qu’on ait une alternance en 2012 et je fais partie des premières personnes qui ont critiqué la Crei. Je suis contre l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. A l’époque c’était avec le mouvement Khalass non à l’injustice. Donc rien ne nous surprend. Bougane doit continuer dans sa logique s’il faut des signatures pour traduire cette affaire devant la justice qu’il le réclame.

Yewwi annonce des manifestations ce mardi et mercredi 15 mars, est-ce une façon de maintenir la tension ?

Tout dépend des Sénégalais, s’ils sortent le 14 et que tout se passe bien, le 15 rien ne se passera donc. Tout dépend de la détermination des Sénégalais. Quand on fait notre mobilisation et que les Sénégalais nous rejoignent, je pense que Macky Sall comprendra ce message et il comprendra que là où il veut faire passer Ousmane Sonko, le condamné et le mettre dans le même placard que Khalifa Sall et Karim Wade n’aboutira pas.

Leur objectif n’est rien d’autre que d’écarter Ousmane Sonko. L’affaire prodac, je suis désolé mais n’est pas une affaire privée. Il s’agit de l’argent du contribuable. Le premier ministre a parlé de ce rapport, les journalistes en ont parlé, Birahim Seck a écrit un livre sur cette affaire, donc il ne peut pas avoir de diffamation, qu’on ne nous parle pas de lapsus IGF ou IGE. Ils veulent en profiter pour condamner un candidat à la présidentielle et personne ne l’acceptera. On a vu le cas Khalifa Sall. Les Sénégalais ne resteront pas les bras croisés. Macky Sall est dans un processus de liquidation des adversaires politiques. J’encourage les militants de pastef à se battre à rester debout à aller jusqu’au bout pour protéger leur candidat et leur leader. Il faut arrêter de dire appel à l’insurrection ou appel à la révolte, c’est trop facile. Aucun Sénégalais ne doit accepter qu’on écarte Ousmane Sonko

Ce qui s’est passé le mois de mars 2021 ne se répétera plus avertit l’Etat

Ils sont des peureux et n’ont aucune vergogne. Ils se cachent derrière les forces de défense et de sécurité pour se défendre. Ils savent que nous sommes plus déterminés qu’eux en mobilisation et sur le terrain. Ce qu’ils font est très facile. Nous, on n’a pas besoin de sortir de l’argent pour mobiliser les Sénégalais. Ces derniers le font parce qu’ils se retrouvent dans notre combat.

Le quotidien Le Regard 

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