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Liberté d’expression ou anarchie ? Quand la démocratie sénégalaise vacille sous le poids des mots (Par Ousseynou Owens Ndiaye)

Au Sénégal, la liberté d’expression est devenue le mot le plus prononcé et le plus mal compris. Chacun parle, critique, insulte au nom de la démocratie. Pourtant, la liberté d’expression n’est pas le désordre. Elle n’est pas faite pour blesser mais pour éclairer, pour instruire, pour faire avancer la société. Depuis quelque temps, le débat public semble avoir perdu sa noblesse. On ne débat plus d’idées, mais de personnes. Les propos manquent de respect envers tout le monde, autorités comme simples citoyens. Sur les plateaux télévisés, dans les émissions de débat, sur les réseaux sociaux, l’anarchie s’installe. Des gens sans culture intellectuelle, sans fondement, sans culture générale, s’autoproclament chroniqueurs. Ils se permettent de dire n’importe quoi sur n’importe qui, sans discernement, sans décence, sans retenue. Ils oublient que la liberté d’expression n’est pas un permis d’insulter, mais un droit qui s’exerce dans le respect des autres et des lois de la République.

La Constitution du Sénégal du 22 janvier 2001, en son article 8, dit clairement que « la République du Sénégal garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et sociaux, ainsi que les droits collectifs. Ces libertés et droits comprennent, entre autres, les libertés d’opinion, d’expression, de presse, d’association, de réunion, de déplacement et de manifestation. Ces libertés et ces droits s’exercent dans les conditions prévues par la loi. » Et l’article 9 ajoute que « toute atteinte aux libertés fondamentales et toute entrave à leur exercice sont punies par la loi. » Cela veut tout simplement dire que les libertés que la Constitution nous garantit ne sont pas absolues. Elles sont encadrées par la loi. On ne peut pas, au nom de la liberté d’expression, porter atteinte à la dignité d’autrui, diffamer ou calomnier.

La démocratie, dans sa définition juridique, renvoie à l’État de droit, c’est-à-dire un système dans lequel le pouvoir politique est lui-même soumis à la loi. C’est un cadre où les libertés s’exercent dans le respect des autres et de l’ordre public. Mais aujourd’hui, au Sénégal, certains ont tendance à confondre liberté d’expression et anarchie. Dès qu’ils sont interpellés pour leurs propos irresponsables, ils parlent de mainmise politique, oubliant qu’ils ont franchi la ligne rouge fixée par la loi. La démocratie, ce n’est pas le désordre. La démocratie, ce n’est pas dire ce que l’on veut, sur qui l’on veut, quand on veut. La démocratie n’est pas insulter, ni diffamer, ni salir des réputations. La démocratie, c’est le respect de la loi, des institutions, et de la dignité humaine.

Comme le disait un grand journaliste : « Avant d’écrire ou de dire du mal d’une personne, retire son nom et remplace-le par celui de ton père ou de ta mère. Tu comprendras alors la portée de tes mots. » Cette phrase doit rester gravée dans nos esprits. Car les mots blessent, et les mots peuvent détruire. Chers Sénégalais, l’heure est à la reconquête du respect, de la responsabilité et de la décence. Même si nous n’appartenons pas aux mêmes camps, le respect doit être mutuel. Le débat politique et le débat public doivent redevenir des espaces d’échanges constructifs où la pensée prime sur l’insulte, où la vérité l’emporte sur la provocation, et où la liberté d’expression retrouve enfin sa vraie mission : dire pour éclairer, non pour blesser.

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