Le Sénégal, 61ème mondial, toujours dans la zone rouge. Le Sénégal n’est pas encore sorti de la zone rouge où sont classés les pays les plus corrompus du monde. Même s’il a gagné un point en 2015 en se classant 61ème mondial et 8ème en Afrique sur 168 pays, notre pays n’a pas encore atteint la moyenne requise de 50 points sur 100. Avec 44 points sur 100, le Sénégal a régressé d’un point par rapport à 2014. Pour qu’il fasse partie du lot des pays intègres, le Forum civil exige des réformes et l’audit de plusieurs projets de Macky Sall.
Malgré quelques progressions, le Sénégal n’a pas encore intégré le lot des pays les plus intègres. D’après l’indice de perception de la corruption (Icp) de Transparency International pour l’année 2015, le Sénégal est classé 61ème mondial sur 168 pays avec un score de 44 points sur 100. Au niveau africain, le Sénégal est 8ème sur 46 pays. Cependant, malgré ce classement intéressant, le Sénégal reste toujours dans la zone rouge. Car avec un score de 44 points sur 100, il n’a pas encore atteint la moyenne mondiale requise de 50 points pour être parmi les pays intègres. D’après les responsables de la section sénégalaise de Transparency, en l’occurrence le Forum civil, ce classement est presque le même que celui du baromètre mondial de la corruption selon lequel le Sénégal avait fait une évolution au plan institutionnel avec les réformes, mais dans les secteurs prioritaires, on constate qu’après avoir gagné deux points l’année dernière, on n’a gagné qu’un point en 2015.
L’affaire Lamine Diack pourrait affecter le classement du Sénégal pour les prochaines éditions
Cependant, les résultats de l’Ipc ne prennent pas en considération les conséquences de l’affaire Lamine Diack et les audits sur les marchés publics des années 2013 et 2014 qui correspondent à la gestion de l’actuel président de la République. «Si des mesures énergiques ne sont pas prises pour redresser cette situation, ces éléments pourraient affecter le classement du Sénégal pour les prochaines éditions de l’Ipc. Il y a encore des efforts à faire pour sortir de la zone rouge», indique Babacary Faye du Forum Civil.
Birahim Seck qui reconnaît une progression légère et lente indique que pour intégrer les pays intègres, le Forum civil propose un plan concerté de sortie de la zone rouge dans les 5 prochaine années (2016-2020) qui doit être négocié entre le secteur privé, l’Exécutif, le Parlement, la Justice, l’Ofnac, la société civile et les médias. Il révèle que dans le premier axe, il faudra compléter le dispositif juridique de prévention et de lutte contre la corruption en adoptant des lois sur l’accès à l’information. Il faut aussi une loi sur la prévention des conflits d’intérêt, une loi sur le financement des partis politiques et une loi sur la protection des lanceurs d’alertes.
Pour le deuxième axe, le membre du Conseil d’administration du Forum Civil pense qu’il faut travailler à changer le comportement des acteurs de la corruption en mettant en œuvre des programmes de sensibilisation et d’éducation citoyenne. Le troisième axe consiste à procéder à des sanctions positives pour célébrer l’intégrité et établir un ordre de distinction nationale, mais aussi à des sanctions efficaces contre la corruption. Pour ce, il s’agit de poursuivre la traque des biens mal acquis qui a valu au Sénégal des gains de points, de renforcer les pouvoirs juridiques de l’Ofnac à travers surtout des pouvoirs d’enquête et d’investigation.
Vider la liste des 25 de la Crei
Par ailleurs, le Forum civil invite l’Etat à poursuivre la procédure de répression de l’enrichissement illicite. Pour Birahim Seck et Cie, la traque ne doit pas s’arrêter à Karim Wade et la liste de 25 personnes initialement citées par le procureur spécial doit être vidée. Sur les audits des marchés publics et concessions publiques, le Forum civil recommande au Sénégal de privilégier l’audit technique et financier, notamment sur les projets ayant un impact considérable sur les finances publiques comme l’autoroute Ila Thiès-Touba, Dakar-Diamniadio, avec les prolongements connus avec Eiffage, le pôle industriel de Diamnaidio où «le contrat a été passé sans respecter aucune procédure de passation des marchés publics». Il est proposé aussi un audit du marché de réhabilitation du Building administratif «passé par le biais d’un appel d’offre restreint dont les deux concurrents ne sont pas connus par les citoyens».
Audit de l’autoroute Ila Touba, du Cicad, de la rénovation du Building, de la concession de Necontrans…
Très porté sur la transparence, le Forum civil exige l’audit de l’autoroute Mbour-Kaolack «dont on parle peu alors que le contrat d’assistance maître d’ouvrage a été lancé» ; l’audit de l’avance de démarrage de l’autoroute Fatick-Kaolack qui tarde à venir alors qu’une «avance irrégulière de plus de 2 milliards a été concédée à l’entrepreneur». Il est aussi demandé l’audit de la cité de l’Emergence avec le groupe Adowa, du Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad) où le montant est passé de 51 à 60 milliards, de même que l’audit de l’université de Diamniadio, l’audit de l’attribution du Port de Bargny à Dp World «sur la base d’un avenant irrégulier», et l’audit des concessions de Necotrans.
Par rapport à l’affaire Lamine Diack, compte tenu de la gravité des révélations, le Forum civil recommande l’aménagement du code électoral en attendant l’adoption d’une loi sur le financement des partis politiques avec une obligation de déclaration de patrimoine pour tous les candidats au moins 6 mois avant l’élection présidentielle. La section sénégalaise de Transparency International recommande aussi à l’Etat de procéder à un audit des réserves foncières et financières des institutions de protection sociale comme l’Ipres et la Caisse de sécurité sociale ainsi que toutes les transactions immobilières réalisées par la Caisse de dépôts et de consignation et l’Artp, notamment la construction du siège de cette Autorité de régulation des télécommunication et des postes.
Déclaration de patrimoine des procureurs et juges d’instruction
Pour améliorer la transparence judiciaire, Birahim Seck pense que même les procureurs de la République doivent faire des déclarations de patrimoine puisqu’ils gèrent des dossiers aux enjeux financiers énormes ; de même que les juges d’instruction, les inspecteurs des Impôts et Domaines, du Trésor, les Inspecteurs généraux d’Etat (Ige). Pour lui, les instruments comme l’Ofnac, la loi sur la transparence budgétaire existent ; mais ils ne sont pas complets car ils n’ont pas de moyens coercitifs.
En Afrique, le pays ayant le meilleur classement est le Botswana suivi du Cap Vert, des Seychelles, du Rwanda, de l’île Maurice. Toutefois, le Sénégal devance la majorité des pays de la sous région comme la Côte d’Ivoire, le Mali entre autres. Ces dernières années, le Sénégal fait aussi partie des pays ayant enregistré les plus fortes hausses.
Le Brésil a enregistré la plus forte baisse cette année et a chuté de 5 points et de 7 places suite au scandale de Petrobras. La Mongolie, le Guatemala sont les exemples dans le monde. La Corée du Nord et la Somalie sont derniers de la classe.
Oumar KANDE