L’affaire Mame Mbaye Niang contre Ousmane Sonko ? Du vent…

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Pour Samba Alar, ingénieur et chef d’entreprise, l’accusation de détournement de fonds du ministre sénégalais du Tourisme par Ousmane Sonko n’est qu’un divertissement imaginé par le chef de file de l’opposition qui s’ennuie.

La morale, dit-on, est une contrainte rigide mais nécessaire. À raison. Il y a dans la morale plus de nécessité que de séduction. Nous sommes, en effet, condamnés – c’est le tourment perpétuel que Dieu réserve aux hommes – à vivre avec les autres. Ceux qui ne sont ni de mon sang, ni de cœur choisis. L’enfer avant l’heure. Le Pacte social est un pacte d’innocence – pour reprendre l’analyse de Renaud Camus – ce par quoi, contraints à la vie commune, les êtres s’engagent, plus par protection d’eux-mêmes que par souci du sort des autres, à ne pas se nuire. Renoncement à leur force, renoncement à leur liberté.

Infamantes accusations

La morale est un abandon de souveraineté… intéressé. On comprend mal, ce constat fait, les infamantes accusations, à ce jour infondées, proférées par Ousmane Sonko contre Mame Mbaye Niang. Le leader du Pastef affirme détenir un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) qui établirait la preuve d’un détournement, par le ministre, de 29 milliards de F CFA du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac).

Poursuivi pour diffamation, l’opposant dira aux enquêteurs avoir commis… un lapsus : il détiendrait un rapport, non pas de l’IGE, mais de l’Inspection générale des finances (IGF) qu’il aurait trouvé… « sur internet » (sic). Et qu’il ne remettra qu’au juge.

Qu’un rapport de l’IGF, par nature classifié, ait pu se retrouver sur la Toile est invraisemblable. Qu’il mette en cause le ministre l’est davantage, au regard de nos lois et règlements. En effet, si Mame Mbaye Niang, en vertu de l’article premier du décret 2014-498 portant création du Prodac, en était bien le ministre de tutelle, il n’en était toutefois ni l’ordonnateur des recettes et dépenses ni l’administrateur des crédits. Ces fonctions étant assurées par le coordonnateur du programme, comme le dispose l’article 4 dudit décret : «Le coordonnateur du Prodac est un haut cadre de la hiérarchie A. Il est nommé par décret. Il est chargé de l’administration et de la gestion des activités du programme, de l’élaboration et de l’exécution du budget annuel de fonctionnement. »

De lapsus en incohérences

Mame Mbaye Niang ne peut donc pas avoir fait l’objet d’un rapport de l’IGF dont la mission de contrôle ne s’exerce que sur les ordonnateurs, administrateurs et comptables publics. Mais à supposer, par impossible, que l’opposant détienne un quelconque rapport, que ne l’a-t-il pas fourni au juge comme il s’y était engagé ? Par deux fois, il en a eu l’occasion, sans le faire, requérant à chaque fois le renvoi du procès.

De lapsus en incohérences, de dérobades en atermoiements, Ousmane Sonko a fini par convaincre les plus sceptiques que ses accusations sont invraisemblables, si elles ne sont mensongères. Alors, pourquoi les profère-t-il ? J’ai esquissé une première hypothèse : Ousmane Sonko s’ennuie, rien ne convoque sa possible intelligence dans le champ d’une actualité politique souvent monotone.

Faute de matière, on l’invente. La dure nécessité d’exister. La politique n’est, hélas, que l’art de se faire porter au pouvoir et celui de s’y maintenir. Arts mineurs qui ne supposent qu’un peu de démagogie (viser au plus vil et au plus bas, sans nécessité d’ajuster son tir tant la cible est large), quelques reniements, un électroencéphalogramme plat, ou presque. Rien d’urticant, ce qui permet toutes les identifications et donc, le vote du grand nombre.

L’affaire Mame Mbaye Niang est un divertissement orchestré par Ousmane Sonko. Au ministre, que l’on imagine outré par les accusations infamantes et surtout infondées de ce dernier, il peut être doux et réconfortant de songer à cette phrase de l’auteur de Cyrano de Bergerac. À qui lui demandait ce qu’était le panache au dernier mot de la pièce, Edmond Rostand de répondre : « L’honneur d’être une cible ».

Source: JeuneAfrique

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