Le ministre de l’Economie et des Finances Amadou Ba a répondu à la lettre ouverte de Karim Wade à l’occasion du Groupe consultatif de Paris.
Voici la réplique incendiaire:
“Dans une lettre ouverte publiée le 16 décembre 2018, M. Karim Wade a cru bon d’inviter la communauté des partenaires techniques et financiers à faire un audit des finances publiques et un état des lieux de la situation économique et financière du Sénégal. S’il s’en était arrêté à cela, il n’y aurait probablement rien à dire. Son propos serait classé dans le chapitre de ses délires épisodiques indiquant certainement un mal être d’un enfant gâté depuis son exil doré au Qatar. Mais son discours malintentionné et truffé de contrevérités décrivant une « situation alarmante de l’économie sénégalaise » ne peut rester sans réponse dans le seul souci de rétablir la vérité sur les faits évoqués. Il n’est pas superflu de revenir tout d’abord sur l’héritage du régime PDS en quelques chiffres avec :
Le peuple meurtri par tant de souffrances avait alors exprimé sa colère dans des émeutes mémorables en juin 2011. Où étiez-vous alors, M. le Ministre du Ciel et de la Terre ?
Jamais, de mémoire de sénégalais, les PME/PMI n’ont autant souffert que durant cette période.
Les sénégalais se rappellent encore les errements, l’arrogance et l’insouciance dans la gestion des deniers publics durant cette période. Ils découvriront tôt ou tard les sommes faramineuses qui ont transité sur vos comptes à Monaco, qui ont atterri à Beyrouth. Demain il fera jour.
Les sénégalais se rappellent encore des fonds dilapidés dans un festival de danse qui a englouti plus de 100 milliards de FCFA dont 15 milliards de FCFA délestés du Fonds de Soutien de l’Energie et 25 milliards des programmes spéciaux de Touba et Tivaouane. Les dépenses extrabudgétaires occasionnées par l’organisation du sommet de l’OCI résultaient de la signature par le père de plus de cent décrets d’avance d’un montant de 425,9 milliards FCFA pris entre 2007 et mars 2012 dont quarante-quatre (44) décrets d’avance pris entre 2011 et mars 2012 pour un montant de 289,7 milliards FCFA. Est-il besoin de rappeler la mallette d’argent remise à un fonctionnaire du FMI en fin de mission au Sénégal.
M. Karim Wade connaît bien les lettres de confort dont le volume entre 2011 et mars 2012 dépasse 153,9 milliards FCFA.
Les sénégalais se remémorent encore, avec beaucoup de peine et d’amertume le bradage de la SONACOS et des terres de l’aéroport Léopold Sédar Senghor pour la construction d’un monument, avec un montage financier scandaleux au détriment des ressources de l’IPRES, et partant de nos vaillants retraités.
Outré par la gestion patrimoniale des ressources et par tant de gabegie, les Sénégalais ont décidé le 25 mars 2012, en toute souveraineté, de tourner le dos au régime prédateur que vous avez incarné.
M. Wade, nous sommes très à l’aise pour faire un état des lieux. Le Président de la République M. Macky SALL qui a bénéficié de la confiance des sénégalais et de celle de la communauté des partenaires techniques et financiers a pris la mesure de vos errements et y a apporté des actions correctives, dès les premières heures de son mandat, à travers, notamment :
Vous prédisez le chaos pour un pays dont les productions rizicoles, arachidières, horticoles ont été multipliées chacune par plus de trois entre 2012 et 2017.
Il ne vous a pas échappé que le Sénégal se positionne aujourd’hui comme l’une des économies les plus diversifiées et performantes de la région, et l’un des moteurs de la zone UEMOA avec une croissance moyenne supérieure à 6% sur les cinq dernières années.
Il est peut être bon de vous rappeler qu’en 2006, le taux d’endettement du Sénégal avait drastiquement baissé pour passer de 78% à 21% du PIB à la faveur de l’éligibilité de notre pays aux initiatives de réduction de dettes PPTE et IADM. Mais cette dette s’est reconstituée à un niveau record entre 2006 et 2011, avec un taux d’endettement public qui est remonté jusqu’à 40%, soit 19 points d’augmentation en 5 ans. L’analyse de l’encours au 31 décembre 2017 montre aussi que notre dette est constituée à 53% de prêts contractés entre 2000 et mars 2012, pour une valeur de 2198.8 milliards de FCFA.
Malgré tout, le Sénégal a toujours un ratio d’endettement de 47,5%, largement inférieur à la norme communautaire de l’UEMOA fixée à 70%. Il reste encore à ce jour un pays à risque de surendettement faible, notamment, grâce au faible coût de sa dette, à dominante concessionnelle, avec une maturité moyenne élevée. Les récentes notations des Agences Moody’s et Standard & Poor confirment l’excellente qualité de la signature du Sénégal.
M. Wade, vous devez savoir qu’entre 2000 et avril 2012, soit sur douze (12) ans, l’appui de la communauté internationale à notre pays a porté sur une enveloppe de 3.790 milliards de FCFA.
De 2012 à nos jours, soit en sept (7) ans, cette même communauté internationale a consenti un appui financier de 7.690 milliards de FCFA pour accompagner la mise en œuvre des stratégies de développement du Sénégal, sous le mandat du Président Macky SALL.
C’est une preuve évidente de leur confiance dans la qualité de nos politiques et dans la rigueur de notre gouvernance.
Notez également bien M. Wade que le Sénégal n’a jamais connu de défaut de paiement aussi bien pour sa dette intérieure que sa dette extérieure.
Voilà la réalité. Les faits sont têtus.
Le Sénégal, c’est aujourd’hui une économie qui progresse à un rythme bien supérieur à la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (2,6% en 2017) et des économies émergentes en général (4,6% en 2017).
Pour finir, il est important de vous inviter à mieux vous imprégner des réalités de votre pays, un pays qui s’est inscrit de manière irréversible dans une nouvelle trajectoire de développement avec le Plan Sénégal Emergent.
Le Sénégal est un pays qui se transforme au quotidien à travers un mouvement d’ensemble qui insuffle une nouvelle dynamique dans tous les secteurs d’activités.
Nous sommes bien conscients de l’ampleur des défis qui se posent à notre pays et de leur complexité.
Mais notre motivation vient de la satisfaction des sénégalaises et des sénégalais qui nous témoignent leur satisfaction quand ils empruntent chaque jour de nouvelles routes et de nouvelles autoroutes, quand ils fréquentent de nouvelles infrastructures de dernière génération dans tous les secteurs, en milieu urbain comme en milieu rural, parce que justement nous aspirons à ce qu’il y a de meilleur dans le monde pour eux.
La satisfaction de ces milliers de sénégalais anonymes, paysans, pêcheurs, éleveurs, ouvriers, commerçants, entrepreneurs, j’en passe, est notre source quotidienne de motivation.
Notre motivation, c’est aussi la confiance que la communauté des partenaires techniques et financiers, qui connaissent le Sénégal mieux que vous, nous témoignent tous les jours en apportant un appui soutenu, à chaque fois que de besoin, à nos politiques.
Le Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan”
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