Kossi Baye Niass, rien que ce nom dit beaucoup de l’importance de ce village, point de départ à la mission spirituelle de Cheikh Al Islam, dont la quête de Dieu est liée dans une grande mesure à cette localité de Ndiaffate, une commune de la région de Kaolack (centre) considérée comme l’une des étapes déterminantes dans la Faydatou Tidjania, profusion gnostique dont Cheikh Ibrahima Niass dit Baye (1900-1927) se déclare être le détenteur.
Situé non loin de la transgambienne, ce village doit beaucoup à El Hadji Abdoulaye Niass El Kabir, père de Baye Niass, venu à Kossi en 1911, alors que ce village n’était qu’un hameau.
La particularité de Kossi Bitéyène – son ancien nom – réside dans le fait que les premiers habitants de ce village sont originaires du Djolof, dans le nord-ouest du Sénégal, précisément de Mbeuleukhé (Louga).
Ils avaient répondu à l’appel au “Jihad’’ de l’Almamy du Rip Maba Diakhou Bâ. Ils étaient venus prêter main forte à sa guerre sainte et étaient aussi à la recherche de terres fertiles. « Ils étaient des musulmans, qui croient en Dieu, au Coran et à la culture des terres », souligne Cheikh Bitèye, notable de Kossi Baye Niass.
“Ici, en bas âge, les enfants, puisque tout le monde est de confession musulmane, vont à l’école coranique avant d’entrer à l’école française’’, dit cet enseignant à la retraite, qui a terminé sa carrière professionnelle dans son village natal en 2017, après avoir été dans plusieurs localités du pays.
L’importance spirituelle de Kossi est liée à la venue dans ce village de El Hadji Abdoulaye Niass, père de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niass, fondateur de Médina Baye, cité religieuse de la commune de Kaolack.
El Hadj Abdoulaye Niass était arrivé dans cette zone vers les années 1911. De nombreuses familles de son Djolof natal y étaient déjà établies.
Baye Niass protégeait les champs de Kossi des prédateurs
Il s’installa d’abord à Taïba-Niassène, lieu de naissance de Cheikh Ibrahima Niass en 1900, à l’aube du 20ème siècle. Taïba Niassène se trouve dans le département de Nioro du Rip, non loin de Kossi. Le vénéré père de Baye Niass finira par s’établir des années plus tard à Léona Niassène, actuellement dans la commune de Kaolack.
Mais, constatant qu’il ne peut vivre sans cultiver la terre, enseigner le Coran et apprendre aux disciples les enseignements islamiques, il prit la décision de s’installer à Kossi, où vivaient déjà certains de ses parents du Djolof.
Le père de Cheikh Al Islam s’y consacra définitivement à l’éducation de ses disciples, à l’enseignement du Coran et aux travaux champêtres. Il se dit que sa présence protégeait les champs de Kossi contre les prédateurs.
Il passait la saison sèche à Kaolack et revenait s’installer à Kossi pendant l’hivernage pour s’adonner à l’agriculture, jusqu’à sa disparition en 1922, selon l’imam ratib de Kossi, Mouhamadou Habib Bitèye.
“C’est à Kossi que Baye Niass a mémorisé le Coran auprès de son père qui a formé de nombreux érudits en islam. En 1922, avec sa disparition, Baye Niass poursuivra son œuvre, sur les recommandations de son grand-frère, Mohamed Khalifa Niass. Il tient l’école coranique que leur avait léguée leur père, avant de devenir le maitre suprême de Kossi où il fit la révélation de la Faydatou Tidjania’’, indique l’imam, insistant sur l’amour que Baye Niass avait pour Kossi.