Comment l’assassin présumé de Moustapha Dimé est tombé ? Les Échos a rejoué le film de l’opération menée par les éléments du commissariat urbain de Tivaouane.
Déférés au parquet du tribunal de Thiès par les éléments de la police de Tivaouane, mercredi 19 juin, M. Sy et E. Dione ont été placés sous mandat de dépôt le même jour par le juge d’instruction chargé de leur dossier. Le premier a avoué avoir tué Moustapha Dimé, son ami de «Jakartaman» de 18 ans dont le corps sans vie a été retrouvé calciné dans un champ à Mbodjène, mardi dernier. Il est inculpé pour association de malfaiteurs, assassinat avec actes de barbarie et blanchiment de capitaux.
E. Dione est poursuivi également pour association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux, mais aussi pour détention de chanvre indien et recel. Ce tôlier établi à Nguékhokh a reconnu être l’acheteur de la moto de Moustapha Dimé. Et lors de son arrestation, les policiers l’ont trouvé en possession de chanvre indien. Une troisième personne est tombé dans les filets des policiers de Tivaouane dans la même enquête : W. Dione. Mais plus chanceux que ses deux co-inculpés, ce dernier bénéficie d’une liberté provisoire. Son implication dans l’affaire a été jugée minime par le juge, d’après L’Observateur. Son «seul» tort est d’avoir racheté auprès de E. Dione la moto de Dimé, précise Les Échos, qui a rejoué, dans son édition de ce jeudi, le film de l’arrestation des trois mis en cause.
33 appels entre 16h et 00h
Lorsqu’il a été alerté de la découverte, par des femmes qui ramassaient du bois de chauffe, d’un corps sans vie calciné dans un champ à Mbodjène, le patron du commissariat urbain de Tivaouane, Ibrahima Diouf, actionne ses collègues de la police scientifique. Ces derniers relèvent sur la scène du crime des traces de lutte aux côtés d’un portable, d’un casque de moto, d’un pull-over et de chaussures, entre autres effets personnels appartenant manifestement à la victime.
Aiguillonnés par ces indices qui renvoyaient à une agression, les enquêteurs fouillent le téléphone de Dimé. Ils découvrent 33 appels provenant du même numéro, entre 16 heures et 00 heure, le jour du drame. La ligne en question est celle de M. Sy, qui est ainsi désigné suspect numéro 1. La chasse à l’homme est lancée. À l’aide d’un logiciel policier, les enquêteurs arrivent à identifier le tueur présumé. Il s’agit d’un homme déjà activement recherché pour une série de viols commis contre des femmes à Mbodjène. En outre, souligne Les Échos, les policiers remarquent, grâce au bornage de son téléphone, que M. Sy était en compagnie de la victime à différents endroits, la journée fatidique, notamment sur les lieux du crime.
La moto vendue à 200 000 puis à 150 000 F CFA
M. Sy sera finalement localisé dans une maison du quartier Kawsara, à Thiès. Le commando chargé de son arrestation n’eut aucune peine à le neutraliser. Il le surprend en plein sommeil dans la chambre d’un de ses amis, qui est en prison. «Les enquêteurs lui passent les menottes et le conduisent dans les locaux du commissariat de Tivaouane», rapporte Les Échos.
Lors de son interrogatoire, avance le journal, il passe aux aveux, reconnaissant avoir tué et brûlé son ami à la suite d’une bagarre. M. Sy ajoutera, d’après la même source, avoir volé la moto de sa victime et l’avoir vendue à 200 000 francs CFA à E. Dione.
Ce dernier, interpellé un peu plus tard, acquiesce. Mais, il s’empresse de signaler qu’il a cédé à son tour l’engin à 150 000 francs CFA à un certain W. Diop. Diop a provisoirement recouvré la liberté en attendant de connaître la suite que le juge d’instruction réservera à son dossier. M. Sy et E. Dione, quant à eux, attendront d’être fixés sur leur sort du fond de la Maison d’arrêt et de correction de Thiès.