Ismaila Madior Fall, un leadership raté à Rufisque

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Ismaila Madior Fall

L’ancien garde des Sceaux ministre de la Justice, Ismaëla Madior Fall, a essuyé deux revers lors des locales de janvier et des législatives du 31 juillet dernier. Une double contreperformance interprétée par certains analystes de la scène politique comme le signe de la décadence d’un technocrate qui n’a jamais su prendre ses marques politiques à Rufisque.

Échec et mat. Le ministre d’Etat Ismaëla Madior Fall a de nouveau perdu lors des élections législatives. L’ancien candidat à la mairie de la ville de Rufisque a cette fois-ci non seulement été battu dans son centre de Mérina 2 mais encore il a essuyé un camouflet dans son bureau de vote. Une double défaite qui, selon bon nombre d’observateurs, démontre l’absence de leadership fort chez le constitutionnaliste.

Pour le journaliste Aziz Gaye, les échecs répétés du ministre d’Etat à Rufisque prouvent toute la difficulté qu’il éprouve à s’imposer dans la vieille ville. « Ismaïla n’est pas préparé à la politique. Il n’est pas un politique, il est entré en politique par effraction. Il a attendu d’être ministre pour s’engager politiquement alors que la politique a ses réalités sur le terrain », explique le journaliste qui souligne quelques incohérences dans la démarche politique du professeur de droit constitutionnel. « Il n’a même pas gagné son lieu de vote, il ne peut pas contrôler la commune voire le département. Même là où il habite à Arafat les gens ne le connaissent pas. Il n’a même pas de base politique. Il est allé en chercher une à Keury Kao alors qu’il est d’Arafat. Il n’a même pas gagné son bureau de vote alors que son bastion électoral devrait être la commune de Rufisque Est », dissèque l’observateur. « Malgré ses capacités intellectuelles, il peine à asseoir sa base. Une absence de répondant politique qui semble lui porter toujours préjudice. C’est seulement quand il a été nommé garde des Sceaux qu’il a senti la nécessité de descendre sur le terrain et d’afficher sa rufisquoisité », clame cet autre habitant de la cité de Mame Coumba Lamb. « Il se démène comme un beau diable aux quatre coins de la ville de Rufisque mais le problème c’est qu’il n’a pas su très tôt se faire accepter par la classe politique rufisquoise », confie un journaliste sous le couvert de l’anonymat.

Pour le journaliste Aziz Gaye, c’est clair que le Pr Ismaïla Madior Fall a commis une série d’erreurs fatales. « Il a été perdu par son rapprochement avec le ministre Oumar Guèye de Sangalkam. Son erreur politique a été de se rapprocher de ce dernier et de se mettre sous sa coupole, ce qui a été une erreur politique monumentale », poursuit le confrère. Il courbe son échine devant Oumar Guèye

Un autre interlocuteur abonde dans le même sens que le journaliste Aziz Gaye. Il se demande pourquoi Ismaïla Madior Fall a accepté de se ranger derrière le ministre Oumar Guèye qui n’est pas de Rufisque. « Si vous réveillez des dinosaures politiques comme feus Me Mbaye Jacques Diop, Cora Fall et plus loin encore Alioune Badara Mbengue, Maurice Guèye, Ngalandou Diouf, ils ne pardonneraient jamais à l’ancien ministre de la Justice d’avoir accepté de courber l’échine devant Oumar Guèye. Ce dernier n’a pas jamais porté dans son cœur les hommes politiques rufisquois. Il sait que ses manœuvres n’auraient jamais prospéré si Me Mbaye Jacques Diop était encore vivant.

Dites-moi depuis qu’Oumar Guèye est entré du Gouvernement, quel est le cadre rufisquois qui a obtenu une promotion de la part du président Macky Sall ? Oumar Guèye a toujours combattu les cadres rufisquois. D’ailleurs pour démonter qu’il n’aime pas les Rufisquois, il est allé chercher son directeur de cabinet à Bargny avec Guèye Abou Seck ancien maire de Bargny. Cela rassemble à quoi ? » vitupère un journaliste chevronné de la ville de Mame Coumba Lamba. Il ajoute que l’erreur de Ismaïla Madior Fall, c’est d’avoir oublié de laisser sa toge d’universitaire dans les amphis pour se transformer en caïman politique. « Ismaïla Madior Fall devait imposer son leadership à Rufisque en s’opposant frontalement à Oumar Guèye. Quitte même à se mettre à dos le président Macky Sall à qui il pourrait faire comprendre que Rufisque ne peut pas être animé politiquement à partir de Sangalkam. Ismaïla Madior Fall aurait alors eu toute la classe politique rufisquoise à ses côtés. Mais l’homme n’est pas courageux politiquement et, surtout, il n’est pas généreux financièrement. Des postures qui ne paient pas en politique » souligne le professionnel de l’information. « Lorsque Abdou Diouf a voulu donner la coordination départementale du PS de Rufisque à Mar Diouf, Me Mbaye Jacques Diop s’était opposé frontalement à une telle volonté. Abdou Diouf avait rétropédalé en laissant à feu Me Mbaye Jacques Diop la coordination politique Ps de Rufisque et du département.

En outre, lorsque Abdou Diouf avait décidé de rattacher la Sococim à Bargny pour faire plaisir à Mar Diouf, qui était le maire de cette ville, Me Mbaye Jacques Diop avait mené une terrible croisade contre un tel décret. Il avait embarqué toute la ville de Rufisque dans ce combat notamment le président de la Convention des Lébous, Ousmane François Guèye dans ce combat. Finalement, le décret avait été annulé et la Sococim est restée à Rufisque. Me Mbaye Jacques Diop avait giflé un policier au lycée Abdoulaye Sadji lors d’une visite du président Abdou Diouf. Il avait répliqué à la gifle donnée par le policier à un de ses hommes notamment Aziz Faye. Me Mbaye Jacques Diop avait dit au policier que ce sont ses hommes qui ont permis l’élection du président Abdou Diouf. Véritablement, sa disparition a laissé un vide difficile à combler en termes de leadership » explique notre interlocuteur.

De l’avis d’un autre confrère et correspondant à Rufisque, le constitutionnaliste n’a jamais été l’homme de la situation. « Non seulement il est mal entouré mais encore il ne parvient pas à vendre son candidat, le Président Macky Sall en l’occurrence », diagnostique-t-il non sans contester la posture de sergent recruteur de l’ancien ministre de la justice. « Il n’a fait que jouer le rôle de sergent recruteur des jeunes qui ont montré ce dont ils sont capables comme Arona Sarr Sénégal et au-delà Alioune Mar », note le journaliste de la radio communautaire de Rufisque. « Ismaël vient tout juste de commencer mais il est presque au terme de sa carrière politique », regrette-t-il.

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