La justice, oui. Mais une justice crédible, indépendante, et surtout équitable. C’est le message fort qu’a voulu faire passer Amadou Ba, ancien Premier ministre et acteur de premier plan du paysage politique sénégalais, ce mardi, lors de son intervention au Dialogue national tenu au CICAD. Au cœur de sa prise de parole : la nécessité de réformer la Haute Cour de Justice, une institution qu’il juge trop inféodée à la majorité parlementaire pour incarner un réel organe de contrôle.
« Sa composition actuelle ne garantit pas l’impartialité attendue », a déclaré Amadou Ba, pointant du doigt le lien structurel entre cette juridiction d’exception et les équilibres politiques en place à l’Assemblée nationale. Dans sa configuration actuelle, la Haute Cour de Justice est composée majoritairement de parlementaires — un mode de désignation qui, selon lui, mine sa légitimité aux yeux des citoyens et alimente les soupçons de justice sélective.
L’ancien chef du gouvernement a formulé un plaidoyer appuyé en faveur d’une refonte institutionnelle de cette juridiction, qui est compétente pour juger les hauts responsables de l’État, notamment les anciens ministres et présidents de la République. « Aujourd’hui, nous traversons une séquence marquée par des révélations : audits publiés, erreurs exposées, pratiques dénoncées. L’histoire récente nous montre que ces vagues émotionnelles sont cycliques : à chaque alternance, les mêmes scandales, les mêmes sanctions, puis l’oubli. Et on recommence. »
Ce constat lucide, quasi désabusé, n’est pas sans résonance dans un contexte politique où la reddition des comptes est érigée en exigence citoyenne majeure. Alors que les audits des dernières gestions publiques suscitent un intérêt croissant et que la transparence est devenue un marqueur politique fort de la nouvelle gouvernance, Amadou Ba invite à penser l’après-émotion. Pour lui, seule une réforme structurelle permettra de rompre avec le cycle des scandales instrumentalisés puis oubliés.
Mariata beye pour sunugal 24
