Ignoré et exclu de facto du G5 Sahel Le Sénégal doit se tenir à carreau

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Beau geste que celui du Président Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré. Il a tenu à effectuer une visite à Dakar la semaine dernière, témoignant ainsi son amitié avec le Sénégal.

Un geste qui, dans le contexte actuel de tentative d’isolement de Dakar par la mise en place d’une force du Sahel où il est exclu, mais aussi de provocations répétées de la Mauritanie, a une signification très forte. Il s’agit de montrer aux autres Etats de la sous-région qu’il faut également compter sur Dakar qui n’est pas si infréquentable comme semblent l’insinuer certains Chefs d’Etat au Nord et au Sud du pays de la Téranga.

Le Président Sall a tellement bien compris le message qu’il a même cru bon de dire que le Sénégal va apporter son aide à cette organisation mise en place pour lutter contre le terrorisme dans la zone. La raison invoquée est qu’il partage des frontières communes avec au moins deux des Etats du G5, à savoir la Mauritanie et le Mali.

C’est louable comme intention, mais peu rentable, diplomatiquement parlant. C’est vrai que le Sénégal a signé des accords avec ces pays, qui se matérialisent par des patrouilles mixtes, mais Dakar ne saurait donner l’impression d’être dans ce machin.

Il s’est agi de faire plaisir à l’honorable hôte du Sénégal. Mais tout le monde sait que le leadership du Tchad s’accommode mal d’une admission du Sénégal.

Par ailleurs, cette organisation souffre de tous les maux des Etats qui le composent, avec notamment le manque de moyens, de forces opérationnelles dignes de ce nom, d’armements légers adaptés et de moyens de renseignement et de transmission appropriés.

Il s’y ajoute en effet la lourdeur du commandement unique avec de vastes frontières très poreuses à contrôler face à des ennemis opportunistes, mobiles et invisibles.

C’est vrai qu’il fallait tenter quelque chose face à ces Djihadistes très déterminés, mais la démarche, de prime abord, emprunte les sentiers tortueux des contradictions stériles entre Chefs d’Etats africains qui sont incapables de faire ensemble quelque chose de positif sans que des pays comme la France en soient des garants.

Personne n’a jamais compris pourquoi le Sénégal est ainsi écarté. La raison ne peut être que puérile, liée notamment à ce que nous dénoncions plus haut.

C’est pourquoi, il n’est pas acceptable que le Sénégal ait dans son agenda une quelconque collaboration avec le G5 Sahel. Ou nous sommes intégrés ou nous ne le sommes pas. Et si c’est le maintien du statu quo, il faudra que les Etats de la Mauritanie, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et du Tchad en assument toutes les conséquences.

Erreur d’approche

Déjà, il nous semble que c’est une erreur d’approche que de penser que la lutte contre le terrorisme requiert de lourds moyens militaires. Il faut un excellent système de renseignement concerté avec tous les pays notamment frontaliers, une implication des populations parfois complices et toute une remise en cause des habitudes et certitudes des forces de défense et de sécurité.

C’est dire qu’une telle force aurait gagné en efficacité en étant parrainée par la CEDEAO qui y intègre tous ses pays membres et en définit la nature, les missions et les stratégies opérationnelles.

Quelle mauvaise idée que de regrouper quelques pays choisis on ne sait selon quel critère, avec une faiblesse de taille : Montrer à l’ennemi que nous sommes déjà divisés.

Le fait que ni l’Union africaine (UA) ni la CEDEAO ne soient aux premiers plans de la conception en dit long sur la nature de cet organisme qui s’est fait un plaisir d’aller tendre la main à l’Occident alors qu’elle est à peine née.

L’objectif est, ici, biaisé. Au lieu de chercher à contrôler des organisations, essayons plutôt de lutter efficacement contre ce fléau des temps modernes qu’est le terrorisme.

Mogadiscio vient encore d’être frappée de la pire manière avec un bilan macabre de plus de 300 morts, avec la particularité que personne ne sait encore celui qui l’a fait.

Alors, cette guerre est sérieuse et demande des aptitudes supérieures de compréhension des motivations des auteurs, de leurs modes opératoires afin d’anticiper leurs actions.

Pour le moment, aucun pays ne l’a pas encore réussi. Et le Sénégal qui est encore épargné ne va sans doute pas perdre le sommeil parce que quelques voisins se réunissent sans lui pour soi-disant mener une guerre dont ils savent qu’elle sera longue, coûteuse et surtout impossible à gagner avec des moyens simplement militaires.

Rewmi quotidien

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