L’année 2024 s’achève dans un contexte de tensions mondiales et de défis internes, mais également d’opportunités notables pour le Sénégal. Le pays, tout en naviguant entre une croissance économique soutenue et des impératifs sociaux, a marqué cette année par des réformes, des partenariats internationaux stratégiques et une volonté de transformation structurelle. Retour sur les faits marquants de l’année 2024 du Sénégal sur le plan économique.
Croissance économique et diversification des secteurs
Le Sénégal a maintenu une croissance économique modérée mais solide en 2024, estimée autour de 6,5 % par la Banque mondiale, soutenue par plusieurs moteurs : l’agriculture, les infrastructures, le secteur extractif et l’industrie. La diversification de l’économie sénégalaise a fait un grand bond en avant grâce à la mise en œuvre de projets structurants dans l’industrie du pétrole et du gaz, ainsi que dans les énergies renouvelables.
Les projets gaziers offshore, notamment le projet « Grand Tortue Ahmeyim », ont continué d’alimenter l’optimisme, bien que les prix mondiaux de l’énergie aient fluctué. Le secteur minier, avec l’exploitation de nouveaux gisements d’or et de zircon, a aussi renforcé sa place dans le PIB national, augmentant les exportations et générant de nouvelles recettes fiscales pour le pays.
L’agriculture et la sécurité alimentaire : un secteur clé en 2024
L’agriculture a occupé une place centrale dans le programme économique du Sénégal, notamment face aux enjeux de sécurité alimentaire exacerbés par les crises climatiques mondiales. Le gouvernement a intensifié les efforts pour renforcer l’autosuffisance en riz et en maïs, avec des investissements dans l’irrigation et des techniques agricoles modernes. Cependant, les défis restent de taille avec des sécheresses ponctuelles qui ont affecté la production agricole, menaçant les petits exploitants agricoles.
En parallèle, des initiatives innovantes, comme le programme « Faim zéro », ont été lancées pour promouvoir l’agriculture durable, tout en favorisant l’accès à la terre pour les jeunes entrepreneurs et les femmes rurales. Les efforts pour améliorer la transformation locale des produits agricoles ont permis une réduction progressive des importations alimentaires.
La digitalisation de l’économie sénégalaise
L’essor numérique a été l’un des piliers de la croissance du pays en 2024. Le Sénégal a poursuivi son ambition de devenir un hub numérique en Afrique de l’Ouest, avec des investissements croissants dans les infrastructures technologiques et une accélération de la digitalisation des services publics et privés. Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) a vu une croissance exponentielle, soutenue par des start-ups innovantes et des initiatives telles que l’incubateur de Dakar, qui a attiré des investissements étrangers.
Le gouvernement a également mis en place des réformes fiscales numériques et favorisé les plateformes de commerce électronique, permettant ainsi aux PME locales d’étendre leur marché. L’introduction de l’e-government a permis de simplifier l’accès aux services publics pour les citoyens, avec une meilleure transparence dans la gestion des affaires publiques.
Le secteur énergétique : Transition énergétique et défis
En matière d’énergie, 2024 a marqué une avancée significative dans la transition énergétique du Sénégal, notamment avec des projets solaires de grande envergure. Le pays a cherché à diversifier ses sources d’énergie pour répondre à une demande croissante, tout en réduisant sa dépendance aux combustibles fossiles. Plusieurs centrales solaires, comme celles de Bokhol et de Kahone, ont été mises en service, contribuant à l’objectif de produire 30 % de l’électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030.
Cependant, la transition énergétique est encore confrontée à des défis majeurs, notamment en matière de financement, de gestion des infrastructures existantes et de la capacité d’atteindre des populations éloignées. Les investissements dans les énergies vertes devront être maintenus pour que le pays atteigne ses objectifs climatiques ambitieux.
Les réformes économiques et le climat des affaires
Le climat des affaires au Sénégal a continué de se renforcer en 2024 grâce aux réformes entreprises dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE). Le pays a renforcé ses mesures d’incitation à l’investissement, simplifiant les démarches administratives et augmentant les incitations fiscales pour les investisseurs étrangers.
L’Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX) a mis l’accent sur l’amélioration du cadre juridique et réglementaire pour attirer davantage d’investisseurs dans des secteurs stratégiques, comme le tourisme, l’industrie et l’agro-industrie. Parallèlement, l’intégration du Sénégal dans les accords régionaux, tels que la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLECAf), a renforcé son rôle de hub économique en Afrique.
La gestion des finances publiques et la dette
L’une des préoccupations majeures en 2024 a été la gestion de la dette publique. En dépit des efforts pour maintenir un équilibre budgétaire, le Sénégal a vu sa dette augmenter, notamment pour financer les grands projets d’infrastructure. Toutefois, les autorités ont insisté sur le fait que cette dette reste soutenable, à condition que les investissements dans les infrastructures stratégiques contribuent à une croissance économique à long terme.
Le gouvernement sénégalais a lancé des initiatives pour diversifier les sources de financement, notamment par des emprunts obligataires et des partenariats public-privé, tout en mettant l’accent sur la transparence et l’efficacité de la gestion des fonds publics.
Les défis sociaux et les inégalités
L’économie sénégalaise, bien que en pleine expansion, continue de faire face à des défis sociaux importants. La croissance ne s’est pas toujours traduite par une réduction équitable des inégalités, notamment en milieu rural et chez les jeunes. Le chômage des jeunes demeure une préoccupation majeure, bien que des politiques d’emploi aient été renforcées dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et du numérique.
En 2024, le gouvernement a mis en place des politiques spécifiques pour améliorer l’accès des jeunes à l’emploi et à la formation, avec un accent particulier sur les métiers numériques et les nouvelles technologies.
En rétrospective, l’année 2024 a été une année d’équilibre pour le Sénégal, entre défis économiques internes et changements mondiaux. Si l’économie sénégalaise a continué de croître, elle a aussi dû faire face à des enjeux structurels complexes, notamment la gestion des ressources naturelles, les inégalités sociales et la dette publique. L’année 2024 a cependant posé les jalons de réformes profondes et de projets d’envergure qui pourraient, dans les années à venir, propulser le Sénégal vers un développement durable et inclusif.
Mariata Beye pour Sunugal 24