Le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche pense que le SAES ( Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur) doit être patient car l’Etat va tenir ses promesses, des accords seront trouvés entre les 2 parties. Dans cet entretien, le Pr Mary Teuw Niane est aussi revenu sur les problèmes de la construction de l’université Sine Saloum et de l’Ucad qui a vu son budget passé de 20 à 30 Milliards de FCFA en 3ans. Il s’est également prononcé sur son appartenance à l’APR et la politique politicienne. Entretien
- le Ministre, on sait que depuis la pose de la première pierre de l’université Cheikh Ibrahima Niass de Kaolack, il n’y a pas eu beaucoup d’avancées. Apparemment, qu’est ce qui auraient bloqué les travaux de l’université Sine Saloum ?
De notre point de vue c’est très simple. Après la pose de la première pierre, il y’a eu l’appel d’offre. Il y’a eu plusieurs institutions qui ont soumissionné. Un classement de 3 groupements a été fait. Dans le cahier de charges, il est écrit un appel d’offres financement clés en main. Nous avons exigé que dans le consortium qui présente l’offre, qu’au moins 1/3 soit accordé à une entreprise sénégalaise. Donc c’est des groupements où il y’a une entreprise nationale et des entreprises internationales. Le classement avait donné raison 1ère Awiaï/Ergc, 2èm jiangsu. Et le dossier a été transmis au Ministère de l’économie et des finances qui doit valider l’offre de financement et signer la convention de financement. À ce moment précis, mon département peut maintenant signer les contrats pour les travaux car il y’a la convention financière. Ceci a duré presque 1 an jusqu’à ce que nous ayons saisi à nouveau l’entreprise attributaire et même la Direction Centrale des Marchés Publics( DCMP) pour lui demander d’annuler le marché pour cause des manquements notés. Cette dernière nous a même demandé de continuer à discuter. Ce que nous avons fait. On est allé jusqu’à demander au Ministère de l’économie et des finances d’accélérer les choses, d’envoyer un courrier dont nous avons une copie pour donner un délai à la société de fournir la convention. Par la suite, on s’est rendu compte que dans celle ci il n’y avait pas la couverture financière, les taux d’intérêt avaient changé. La dcmp nous a ensuite accordé l’autorisation d’annuler le marché. L’entreprise a fait un recours gracieux que nous avons rejeté et elle a saisi l’ARMP qui nous a aussi donné raison. Ceci nous a permis de continuer la procédure. En fin de compte, on a repris le marché pour le donner à Jiangsu pour le lot 1 et le lot 2 a été attribué à la 3ème entreprise.
Le Saes a repris les grèves. Il réclame entre autres revendications une retraite décente et un budget plus équilibré pour les universités publiques. Que leur répondez-vous ?
Pour les budgets, le gouvernement a fait beaucoup d’efforts qui sont à saluer fortement. L’ Ucad avait un budget de moins de 20milliards de fcfa. En 3ans il est passé de 30 milliards de fcfa. C’est la même chose pour Saint Louis, Bambey, Ziguinchor… Il reste encore mais peu. L’État va éponger ce gap et atteindre l’équilibre d’ici 1 à 2années.
Pour la retraite des enseignants, le gouvernement fait aussi beaucoup d’efforts. Il y’a maintenant trois nouvelles compositions de retraite: la partie habituelle, la partie complémentaire obligatoire qui est perçue sur les indemnités, primes et autres; ensuite l’ agent peut volontairement décider de souscrire à une autre forme de retraite. Pour les enseignants du supérieur, les 2 premières retraites peuvent amener le smig à 500 ou 600 mille de fcfa par mois. C’est pour dire que le Saes et le gouvernement sont sur la même longueur d’onde. Il faut qu’il( saes) soit patient. C’est des textes et il faut d’abord discuter des modalités de mise en oeuvre. Et je pense qu’on arrivera sans aucun problème à des accords.
La Conférence Sociale s’est tenue les 24 et 25avril dernier. Les enseignants du Saes ne seraient pas satisfaits des réponses issues de cette conférence ?
A mon avis, ces enseignants n’ont peut-être pas compris.
En l’espace de 3ans , le budget de l’Ucad est passé de 20 à 30 milliards de fcfa. Alors aujourd’hui où se situent réellement les problèmes ?
D’abord un effort substantiel a été fait pour équilibrer le budget car cela ne l’a pas été depuis longtemps. L’orientation est globalement résolue avec équité et transparence. Il en est de même de la question de la recherche, de la qualité et des laboratoires qui sont en train d’être installés. Il n’y a que le sur- effectif qui pose maintenant problème et il ne s’agit que de la faculté de droit et celle de sciences économiques et de gestion( Faseg). Aujourd’hui, à l’ucad on est à 80 mille étudiants, notre souhait est d’arriver à 60 mille étudiants. Cela sera possible dés l’année académique 2017-2018 avec l’ouverture des centres universitaires, des Isep. A ce moment, on affectera moins d’étudiants à l’ucad. Notre objectif majeur est que l’ucad soit dans le top 5 des universités africaines.
- le Ministre, on ne vous entend jamais parler de politique. Êtes- vous prêt à accompagner Macky sall pour les élections législatives du 30 juillet prochain ?
Evidemment. On ne m’entend pas dans la politique politicienne car elle ne fait pas avancer notre pays. Pour moi la meilleure manière de mettre en œuvre la politique du Président de la République est de réussir les réformes universitaires. Je suis membre de l’APR, je suis responsable politique dans ma ville natale Saint louis. Nous travaillons à élargir une vision politique saine. Il nous faut construire au Sénégal un nouvel espace politique qui ne serait pas un espace d’invectives, de contre vérités, mais un espace de débat sur les actions des hommes politiques, sur les ambitions, sur le rythme de mise en œuvre des réformes. C’est ça pour moi la vraie politique.
MOUSTAPHA SOW
