Les candidats à la primaire démocrate américaine se sont rencontrés pour un dernier débat avant le premier test dans l’Iowa. Hillary Clinton et Bernie Sanders ne se sont pas faits de cadeaux.
Les trois candidats à l’investiture démocrates étaient réunis dimanche 17 janvier pour le dernier débat avant le début des primaires, le 1er février dans l’Iowa et le 9 février dans le New Hampshire. L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton a ainsi frayé avec le sénateur du Vermont Bernie Sanders et l’ex-gouverneur du Maryland Martin O’Malley. La tension avait monté d’un cran alors que Bernie Sanders crée la surprise dans les sondages. Si Hillary Clinton conserve l’avantage au niveau national, Bernie Sanders a rejoint sa rivale dans l’Iowa et le New Hampshire.
Hillary Clinton joue la carte de l’expérience et du pragmatisme face à son adversaire de 74 ans, qu’elle relègue au rang des idéalistes, incapables de contrer des républicains particulièrement agressifs et déterminés à annuler les acquis des années Obama dans la santé, l’immigration, l’environnement et le droit à l’avortement.
L’augmentation des impôts au cœur du débat
Et alors qu’elle a promis de ne pas augmenter les impôts, elle dénonce la proposition de son adversaire de créer une assurance-maladie publique et universelle, en excluant les assurances privées du marché. Hillary Clinton a argué qu’il serait dangereux de “mettre en pièces” la réforme signée Barack Obama et de rouvrir un débat aussi sensible. “L’assurance maladie devrait être un droit pour chaque homme, femme et enfant”, a martelé Bernie Sanders, en affirmant épouser la vision de Franklin Roosevelt et Harry Truman, deux illustres présidents démocrates. “Pourquoi dépensons-nous trois fois plus que les Britanniques, qui ont une couverture universelle, ou 50% de plus que les Français?”
Mais sa proposition a un coût très élevé, qui doublerait le budget fédéral, et que le “socialiste démocrate” financerait par de nouveaux impôts, notamment sur les très riches. Pour la financer, le sénateur propose une nouvelle cotisation salariale de 2,2%, une nouvelle cotisation patronale de 6,2%, et surtout une hausse de l’impôt sur le revenu des foyers gagnant plus de 250.000 dollars par an. Hillary Clinton a critiqué l’irresponsabilité budgétaire d’une telle refonte.
Bernie Sanders attaqué sur sa position envers les armes à feu
Les deux candidats se sont en suite écharpés sur le thème des armes à feu. Elu d’un État, le Vermont, qui compte beaucoup de chasseurs, Bernie Sanders avait voté en 2005 pour une loi donnant une immunité aux fabricants d’armes en cas d’utilisation criminelle de leurs armes. Samedi, sous pression, il est revenu en arrière en déclarant son soutien à une nouvelle proposition de loi abrogeant cette immunité -un revirement souligné par Hillary Clinton. “Il a voté pour la NRA et le lobby des armes à de nombreuses reprises”, a accusé la démocrate dimanche, en rappelant que le débat se tenait à proximité de l’église noire de Charleston où neuf personnes ont été abattues l’année dernière.
La “révolution politique” selon Bernie Sanders
Si Hillary Clinton attaque Bernie Sanders sur son accointance avec les armes à feu, lui insiste sur ses amitiés avec le milieu des affaires et ses réseaux new-yorkais. Avant 2015, elle a prononcé des discours rémunérés par des entreprises… dont la banque d’affaires Goldman Sachs. “Je n’ai jamais été payé pour donner des discours chez Goldman Sachs”, a lâché Bernie Sanders, rejoint par Martin O’Malley, le troisième candidat, pour reprocher à Hillary Clinton sa timidité supposée contre les banques. Pour le sénateur, “le vrai problème, c’est que le Congrès appartient aux puissances de l’argent”, une accusation scandée avec efficacité tout au long de la soirée. Alors que Bernis Sanders se présente comme le candidat de la rupture avec le système, le candidat de “la révolution politique”, Hillary Clinton assoit une expérience et une bonne connaissance des dossiers, notamment en matière de politique étrangère.
Reste deux semaines de campagnes aux candidats pour faire la différence avant le premier test le 1er février prochain dans l’Iowa.