Par la Rédaction | Dakar, le 31 Décembre 2025
À quelques heures du traditionnel message de fin d’année, l’ambiance au Palais de la République n’est plus à la simple célébration. Alors que les Sénégalais attendent de savoir à quelle sauce l’année 2026 sera cuisinée, le mouvement citoyen « Y en a marre » vient de jeter un pavé dans la mare présidentielle. Dans une vidéo percutante relayée par Les Échos, Cyril Touré, alias Thiat, a sonné la fin de l’état de grâce.
Le procès de la « lenteur » : Thiat hausse le ton
Fidèle à sa réputation de « poil à gratter » du pouvoir, le rappeur et activiste Thiat n’a pas utilisé de pincettes pour interpeller Bassirou Diomaye Faye. Le constat est sans appel : pour le mouvement né en 2011, les promesses de rupture systémique s’évaporent dans les couloirs de l’administration.
« Avec 130 députés à l’Assemblée, l’excuse du blocage législatif ne tient plus », martèle le coordonnateur de Y en a marre.
Le grief principal ? La réforme de la justice. Malgré les Assises Nationales qui avaient suscité un immense espoir, les réformes structurelles—notamment la réduction des pouvoirs exorbitants du Procureur et la fin des détentions préventives interminables—semblent rangées dans les tiroirs de l’oubli.
Libertés et Justice : Le maintien des « chaînes »
Ce qui irrite particulièrement le mouvement citoyen, c’est la persistance de textes jugés liberticides. Thiat a pointé du doigt l’infâme arrêté « Ousmane Ngom », qui continue de verrouiller le centre-ville de Dakar, et la loi d’amnistie, perçue par beaucoup comme une prime à l’impunité. Pour Y en a marre, le maintien de ces outils de l’ancien régime est une trahison pure et simple de l’esprit du 24 mars.
L’urgence sociale : « On ne mange pas des discours »
Au-delà du droit, c’est le vécu quotidien des Sénégalais qui sert de réquisitoire. Y en a marre dresse un tableau sombre des premiers mois de gestion :
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Cherté de la vie : Une inflation qui asphyxie les ménages malgré les effets d’annonce.
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Logement : Une régulation des loyers qui ressemble à un coup d’épée dans l’eau.
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Emploi : Un chômage des jeunes endémique aggravé par des licenciements abusifs que l’État semble observer avec une passivité coupable.
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Droits humains : Des arrestations jugées arbitraires qui rappellent les heures sombres que le pays pensait avoir tournées.
L’heure du bilan, pas des intentions
Le message adressé au Président pour son discours de ce soir est clair : les Sénégalais ne veulent plus d’une liste de vœux pieux. Pour Thiat et ses camarades, 2025 doit se clôturer sur des actes concrets et 2026 doit s’ouvrir sur une accélération brutale des réformes sociales.
Le Président Diomaye Faye saura-t-il répondre à cette injonction de la rue publique ? Ce soir, chaque mot sera pesé, chaque silence sera analysé. Car au Sénégal, si le peuple sait donner le pouvoir, il sait aussi rappeler, avec fracas, qu’il en est le seul véritable propriétaire.
Par Matar Baya DIOP, SUNUGAL 24