Découverte – Lycée sénégalais de Banjul : un établissement public-privé ?

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Lycée sénégalais de Banjul

Public ou privé ? Le lycée sénégalais de Banjul situé dans la municipalité de Kanifing attend de l’Etat du Sénégal un statut juridique. Contre vents et marées, outre les enfants de Sénégalais résidents en Gambie, l’établissement scolaire assure une formation de qualités à de multiples autres nationalités.

Dans sa logique de restriction des dépenses de l’Etat parce que l’ajustement structurel l’imposait, le plan Sakho-Loum, issu d’une loi parlementaire, avait pour objectif de restaurer les capacités financières du pays. Après 25 ans, impossible de dire qu’il n’y a pas une embellie puisque les projets de constructions de l’Etat vont crescendo. Seulement, le lycée sénégalais de Banjul n’a toujours pas recouvré son statut juridique. Pour Mohamed Counta Badji, proviseur intérimaire de l’établissement, il serait peut-être trop demandé de rétablir le statut d’antan de l’école mais lui assigner une ordonnance juridique serait la panacée à leurs problèmes. En effet, avant l’avènement du plan qui fermait l’école, les enseignants de la structure avaient le même statut que les consuls, donc les mêmes privilèges.

Aujourd’hui, des 19 professeurs que compte l’établissement, seuls 9 sont des permanents, le reste travaille sur contrat d’un an renouvelable. Leurs salaires ne connaissent aucune augmentation, eux même ne connaissent pas d’avancement. Au moment où les enseignants sénégalais reçoivent ou vont recevoir 85 mille francs d’indemnités de logement, leurs salaires à eux stagnent à 130 000 francs CFA pour les enseignants du primaire, 174 000 francs CFA pour ceux du moyen secondaire et 201 000 francs CFA pour ceux du lycée… encore que les enseignants du lycée sont aussi ceux du CEM. Cette situation des enseignants est résultante de la non-définition du statut de l’école.

Fermetures successives

Cet établissement dont les travaux ont commencé en 1986 et qui a ouvert ses portes en 1990, juste après la rupture de la confédération de la Sénégambie, était mis sur place en raison de la forte communauté sénégalaise en Gambie. Depuis sa réouverture en 1995, le moindre mouvement dans le pays hôte cause sa fermeture. En 2004, lors de l’éliminatoire pour la CAN, la victoire du Sénégal sur les Scorpions avait créé une forte récrimination des Sénégalais vivant en Gambie, l’école avait fermé ses portes, de même qu’en 2017, après l’élection présidentielle, l’école était aussi fermée pour des raisons sécuritaires.

Selon son proviseur intérimaire, l’établissement ne reçoit aucune subvention de l’Etat même s’il est sous la tutelle du ministère de l’Education nationale du Sénégal depuis 2009 et dépend de l’Inspection académique de Kaolack. De ce fait, pour trouver des fonds, il est à cheval entre public et privé. Dans cette logique, les élèves sont répartis en trois catégories et leurs parents doivent payer selon cette catégorisation. Ceux dont les parents sont des ambassadeurs ou exercent un travail très lucratif payent plus cher que ceux dont les parents ont un revenu moyen qui paient aussi plus cher que ceux dont les parent sont pauvres.

Le gouvernement gambien n’aidait pas…

On peut penser que les relations entre les deux pays, qui ne sont pas éternellement stables, soit une des causes qui ralentissent la définition de ce cadre juridique. La Gambie est un pays dans le Sénégal. Depuis des décennies, les deux pays se font la «guerre» indirectement : augmentation des taxes pour les transporteurs sénégalais par Yahya Jammeh qui connait comme riposte la fermeture des frontières entre les deux pays par le Sénégal ou encore réticences pour la construction de pont de Farafégny sous Jawara et sous Jammeh, pour n’en citer que cela. Et pourtant, dans une confédération nommée la Sénégambie, les deux Républiques avaient fait vœu de promouvoir une coopération interne. Quoique cette confédération porte les bases de son échec dès sa mise en place, elle était une réponse aux éventuelles vicissitudes qui guettaient les deux nations.

…Et l’Etat du Sénégal ne s’impliquait pas

Le problème du lycée sénégalais de Banjul pose d’ailleurs celui des écoles consulaires du Sénégal. On n’en compte que deux pour le moment : celle dont il est question dans cet article et celle de Djeddah (Arabie Saoudi). Dans un article du journal Le Soleil daté du 25 novembre 2011, la même situation était soulevée pour l’établissement du royaume saoudien. Il fait face à une absence de soutien financier, et une reconnaissance de l’Etat du Sénégal. Encore que les situations des deux pays ne sont pas les mêmes. La Gambie est un cas particulier puisque plusieurs fois les relations entre les deux pays se sont détériorées.

En tout état de cause, il urge pour l’Etat du Sénégal de régler ce problème. L’on se souvient lorsque le Gabon avait proposé de l’emploi aux enseignants sénégalais que l’Etat n’avait pas voulu intégrer dans la fonction publique, ils y sont toujours pour la plupart.

Mais avec l’avènement d’Adama Barrow, l’espoir est permis, fait savoir M. Badji qui affirme que les autorités commencent à venir dans leur établissement, « dans le temps, il n’y avait que des correspondances», regrette le proviseur intérimaire. La dernière en date est sans doute celui du ministre de l’Education. Serigne Mbaye Thiam a promis de porter le cas de l’école à l’Assemblée Nationale.

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