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Criminaliser le détournement des deniers publics : une mesure salutaire mais insuffisante (Par Papis Samba CISSÉ)

La criminalisation du détournement des deniers publics constitue indéniablement un pas important dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance. Elle envoie un signal fort à ceux qui seraient tentés de mettre la main sur les ressources publiques à des fins personnelles, en leur rappelant que de tels actes ne resteront pas impunis. Toutefois, aussi dissuasive soit-elle, cette approche reste fondamentalement réactive et intervient a posteriori, c’est-à-dire une fois que le mal est fait.

En réalité, ce n’est pas tant la sanction du détournement qui garantit une gestion vertueuse des finances publiques, mais plutôt la mise en place de mécanismes de prévention efficaces et de procédures rigoureuses. Il faut aller au-delà de la seule répression pour agir en amont, dès les premières étapes du cycle budgétaire. Cela suppose de repenser et de renforcer l’ensemble du processus de gestion des ressources publiques, de la programmation budgétaire jusqu’à l’exécution de la dépense.

Dans cette perspective, la dématérialisation des procédures budgétaires apparaît comme une voie stratégique. Elle permet non seulement de réduire les manipulations humaines et les zones d’ombre, mais surtout d’assurer une traçabilité systématique des opérations, des engagements jusqu’aux paiements. La digitalisation limite les marges de manœuvre pour la fraude, tout en facilitant le contrôle, l’audit et l’accès à l’information.

En outre, il convient de renforcer les organes de contrôle, internes et externes, tout en veillant à leur indépendance et à leur capacité technique. Les dispositifs existants doivent être évalués, améliorés et surtout appliqués avec rigueur, afin de combler les failles qui permettent encore aujourd’hui les détournements en toute impunité.

En somme, la criminalisation du détournement est nécessaire, mais elle ne doit pas être la pierre angulaire de la lutte contre la corruption. L’urgence, c’est de bâtir une gouvernance fondée sur la transparence, la responsabilité et l’anticipation, en s’appuyant sur des systèmes robustes et modernes, capables de prévenir efficacement les actes de prédation sur les ressources publiques.
Papis Samba CISSÉ , juriste, militant de PASTEF Les Patriotes

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