Le tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu son verdict ce mercredi 18 juin 2025 dans une affaire qui a suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique, tout en ravivant le débat sur les limites de la liberté d’expression religieuse au Sénégal. Cheikh Moussa Diagne, connu sous le pseudonyme Sangue Cheikh et affilié à la mouvance spirituelle controversée « Yalla Yalla », a été condamné à six mois de prison ferme, assortis d’une amende de 200 000 francs CFA.
Des propos jugés blasphématoires envers le Coran
Le prévenu faisait face à une série de charges lourdes : discours contraires aux bonnes mœurs, incitation à la discrimination religieuse, propos susceptibles de provoquer un soulèvement entre citoyens et injures via un système informatique. En toile de fond, des vidéos datant de 2020, largement relayées sur les réseaux sociaux, dans lesquelles Cheikh Moussa Diagne aurait tenu des propos gravement blasphématoires à l’encontre du Saint Coran.
Parmi les déclarations les plus choquantes figurait celle dans laquelle il affirmait que « les chaussures de son guide spirituel valaient plus que le Coran ». Une sortie qui a immédiatement suscité un tollé dans les milieux religieux et au sein de la société civile, nombreux appelant à des sanctions exemplaires.
Le tribunal tranche : tolérance zéro
Malgré la tentative de ses avocats de plaider la liberté d’expression ou l’exagération mystique, le tribunal a estimé que les propos tenus par le prévenu étaient de nature à porter atteinte à la cohésion religieuse nationale, dans un pays où l’islam occupe une place centrale dans la vie sociale et politique.
Le juge a ainsi suivi le réquisitoire du parquet, adoptant une ligne de fermeté : les faits étant établis, et la récidive idéologique étant redoutée, la peine ferme a été jugée nécessaire pour dissuader de futures dérives.
Une affaire qui divise l’opinion
Alors que certains saluent une décision qui protège les valeurs sacrées de la République et garantit la paix religieuse, d’autres y voient un danger pour la liberté de pensée et de croyance. Sur les forums et réseaux sociaux, les réactions sont mitigées. Tandis qu’un internaute estime que la peine est « trop sévère », un autre ironise en comparant la situation à celle de régimes religieux autoritaires.
Cette affaire intervient dans un contexte régional marqué par la montée des tensions identitaires et confessionnelles, et remet sur la table une question complexe : où s’arrête la foi personnelle, et où commence le trouble à l’ordre public ?
Quelles suites pour la mouvance « Yalla Yalla » ?
La mouvance « Yalla Yalla », qui prône un rapport spirituel singulier avec Dieu, avait jusqu’ici échappé à une réelle visibilité médiatico-judiciaire. Cette condamnation pourrait changer la donne et ouvrir la voie à un encadrement plus strict des discours religieux déviants sur les plateformes numériques.
Du côté de la défense, un appel serait à l’étude, selon des sources proches du dossier. Mais pour l’heure, Cheikh Moussa Diagne dormira en prison, sous le coup d’un verdict qui fera date.
Mariata beye pour sunugal 24