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Commémoration des martyrs : Une veuve interpelle Diomaye Faye, « vous tenez votre bébé aux bras, alors que moi… »

Le Grand Théâtre de Dakar a servi de cadre, ce week-end, à la commémoration des martyrs des événements politiques survenus entre 2021 et 2024. Un moment de recueillement devenu, au fil des témoignages, un véritable torrent d’émotions. Les proches des victimes — parents, épouses, frères, sœurs, amis — se sont succédé à la tribune pour retracer leur douleur.

L’Interpellation Dévastatrice de Mme Sarr

Parmi tous les témoignages, celui de Mme Sarr, veuve d’un manifestant tué, a bouleversé l’assistance. Enceinte de seulement deux mois au moment du drame, elle a pris la parole la voix tremblante, en larmes, mais avec une détermination qui a saisi la salle.

Dans un geste aussi fort que symbolique, elle a choisi de s’adresser directement au chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, dans sa langue maternelle, le sérère : « Vous tenez aujourd’hui votre bébé dans vos bras. Moi, le père de mon enfant a été tué alors que j’étais enceinte de deux mois. Je réclame justice pour que mon enfant puisse comprendre un jour pourquoi son père est mort. Il me posera la question, et je voudrais pouvoir lui répondre. La balle est dans votre camp. »

Après ces mots, le silence s’est imposé. Un silence lourd, déchirant, presque insupportable, suivi de sanglots étouffés dans l’assistance. En quelques phrases, Mme Sarr venait de donner un visage, une voix et une histoire à la douleur collective de nombreuses familles.

Au-delà de l’hommage rendu aux martyrs, cette commémoration a pris la forme d’une interpellation nationale. Les proches des victimes ne réclament plus seulement des cérémonies ou des discours. Ils demandent la vérité. Ils réclament justice. Ils veulent des enquêtes transparentes, des responsabilités établies et, enfin, une reconnaissance officielle de leur souffrance.

Car pour beaucoup, le deuil reste impossible tant que la vérité demeure floue. Impossible quand les enfants grandissent sans père, quand les mères vieillissent sans réponse, quand les tombes se referment sur des questions sans justice. Et désormais, comme elle l’a si justement dit, la balle est dans le camp de l’État.

 

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