Chine: Le président Xi Jinping obtient un troisième mandat

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Le président chinois Xi Jinping a été reconduit dimanche à la tête du Politburo, l’instance dirigeante du Parti communiste chinois (PCC), pour un troisième mandat, ce qui en fait le dirigeant chinois le plus puissant depuis Mao Zedong. Pour la première fois depuis 25 ans, le Bureau politique, instance de décision du Parti communiste chinois, ne compte aucune femme.

Troisième sacre historique pour Xi Jinping. Le président chinois a été reconduit dimanche 23 octobre à la tête du Parti communiste, après avoir balayé toute contestation, devenant le dirigeant le plus puissant depuis Mao Zedong, fondateur du régime.

L’homme fort de Pékin a promis de « travailler dur dans l’accomplissement » de ses « tâches », immédiatement après avoir obtenu un troisième mandat de cinq ans, par un Comité central largement remanié du Parti communiste chinois (PCC).

Au Grand palais du peuple à Pékin, Xi Jinping, qui préside la Chine depuis dix ans, est arrivé dimanche à la tribune surmontée de la faucille et du marteau.

Il était suivi des six autres hommes nommés au sommet du pouvoir chinois, tous des proches et alliés.

Xi a « remercié sincèrement l’ensemble du Parti pour la confiance placée en nous », c’est-à-dire la nouvelle équipe dirigeante.

« La Chine ne peut pas se développer sans le monde et le monde a aussi besoin de la Chine », a ensuite affirmé devant la presse le dirigeant, également reconduit aux commandes de l’armée chinoise.

Aucune femme au bureau politique

En une décennie à la tête du pays, Xi Jinping a réussi le pari de faire de la Chine la deuxième économie mondiale, dotée d’une des armées les plus puissantes au monde.

« Nous avons créé deux miracles : un développement économique rapide et une stabilité sociale à long terme », s’est-il aussi félicité.

Malgré une concentration presque totale des pouvoirs, Xi Jinping devra faire face à une économie en fort ralentissement, notamment en raison de sa politique « zéro Covid », une rivalité exacerbée avec les États-Unis et des critiques internationales sur les droits humains.

Le XXe Congrès du parti s’est refermé samedi après une semaine de délibérations à huis clos, avec le renouvellement de 65 % des membres du Comité central, sorte de parlement interne au parti, selon des calculs de l’AFP.

Au cours de leur première réunion dimanche matin, les 205 membres de ce parlement – dont 11 femmes seulement – ont désigné les 24 représentants du Bureau politique, l’instance de décision du PCC.

Celui-ci, pour la première fois en 25 ans, ne compte aucune femme. Aucune n’a été nommée dans le Bureau politique pour remplacer Sun Chunlan, l’unique femme qui en faisait partie et a pris sa retraite.

Le « parlement » a aussi désigné dimanche matin le nouveau Comité permanent du parti, organe tout-puissant, qui détient la réalité du pouvoir en Chine.

« Une domination anormalement asymétrique »

Dirigé par son secrétaire général, Xi Jinping, le Comité est désormais exclusivement composé de proches alliés de Xi.

A priori, Li Qiang, chef du parti à Shanghai, devrait être le prochain Premier ministre, en dépit d’une gestion chaotique du confinement au printemps. Il succèderait alors à Li Keqiang qui prendra sa retraite.

Désormais tenu par les plus proches alliés de Xi, le nouveau Comité permanent confirme la mainmise de Xi Jinping sur la formation politique, selon des analystes.

« Ce sont tous des hommes de Xi, cela montre qu’il veut gouverner au-delà d’un troisième mandat », donc après 2027, souligne Alfred Wu Muluan, expert en politique chinoise à l’Université nationale de Singapour.

Willy Lam, spécialiste du PCC à l’Université chinoise de Hong Kong, pronostiquait « une domination anormalement asymétrique d’une seule faction : celle de Xi Jinping ».

Loin de son apparence homogène, le PCC est divisé en interne et plusieurs courants rivaux cohabitent, estiment des sinologues.

Jusqu’à présent, des compromis existaient pour la répartition des postes dont Xi Jinping est un illustre exemple.

À défaut de s’entendre sur leur candidat respectif, les différentes factions du PCC avaient finalement placé au pouvoir un candidat de consensus en 2012.

Mais Xi Jinping avait ensuite surpris tout le monde en éliminant ses rivaux pour concentrer peu à peu tous les pouvoirs à la tête du parti et de la Chine, tout en menant une répression sévère contre toute dissidence.

Évacuation de Hu Jintao

En obtenant un troisième mandat comme secrétaire général du parti, Xi Jinping s’assure un troisième mandat présidentiel en mars prochain.

Pour se maintenir au pouvoir, il a fait amender en 2018 la Constitution qui limitait ce poste à deux mandats et à une durée totale de 10 ans.

En clôture de son congrès, le PCC a réaffirmé samedi le « rôle central » de Xi Jinping.

Seul incident marquant durant une cérémonie très chorégraphiée, l’ancien président Hu Jintao a été escorté vers la sortie samedi, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Visiblement contre son gré, l’homme de 79 ans, qui a présidé la Chine de 2003 à 2013, a été incité par des employés à se lever de son siège, situé à côté de Xi Jinping.

Cette scène très inhabituelle n’a pas été expliquée par les autorités, qui n’ont donné aucune suite aux sollicitations de l’AFP.

L’agence Chine nouvelle a affirmé en anglais que Hu Jintao « ne se sentait pas bien ». Il va « beaucoup mieux » désormais, a-t-elle écrit sur Twitter, réseau social bloqué en Chine.

Hu Jintao, qui a paru affaibli physiquement durant le congrès, est le prédécesseur de Xi Jinping et est considéré comme un réformateur.

Toute référence récente à son nom semblait avoir été censurée de l’internet chinois.

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