Cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny de l’UNESCO : Macky Sall rend hommage au Président Abdou Diouf

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A Abidjan pour prendre part à la cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny de l’Unesco pour la recherche de la paix, le président Macky Sall a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur et parrain, le président Abdou Diouf. Il a par ailleurs loué les bonnes actions de la lauréate est l’ancienne Chancelière allemande Angela Merkel. 

Le discours du président Sall in extenso

Tout d’abord, merci du fond du cœur, Monsieur le Président, pour votre aimable invitation et l’hospitalité toujours fraternelle que nous réserve le pays des lagunes, cette belle terre ivoirienne, si accueillante et si chaleureuse.  

En répondant à votre invitation, je suis également venu m’acquitter d’un agréable devoir que m’a confié mon illustre prédécesseur, le Président Abdou Diouf, parrain du Prix Félix Houphouët-Boigny de l’UNESCO.

Le Président Diouf empêché, m’a demandé de le représenter pour témoigner de son attachement indéfectible à la mémoire du Président Félix Houphouët-Boigny, et à l’œuvre de paix et d’entente cordiale qu’il a incarnée toute sa vie durant.

Il y a 31 ans, le 3 février 1992, à l’occasion de la remise du Prix, le Président Diouf disait ceci : je le cite : « l’UNESCO a rendu hommage à l’Afrique toute entière à travers un de ses fils les plus illustres…qui a toujours cru aux vertus du dialogue pour régler les conflits les plus apparemment irréductibles ». fin de citation.

Alors, en ces temps si troubles et si incertains, où s’effilochent les valeurs d’humanité et où le murmure de la paix peine à percer le vacarme de la guerre, nul endroit n’est mieux indiqué que Yamoussoukro pour amplifier et faire entendre le message de Félix Houphouët-Boigny.

C’est sans doute ce qu’a voulu traduire le Jury, en portant son choix sur une citoyenne allemande, qui connait le coût de la guerre, le prix de la paix et la vertu de la liberté.

Madame la Chancelière, chère Angela, au nom du parrain, je dis que vous méritez ce Prix qui porte le prestigieux nom d’un humaniste comme vous.

Vous méritez ce Prix pour votre parcours de citoyenne d’un pays qui a pu surmonter les ravages de la guerre et de la division, faire la paix, réunifier son peuple et continuer son rayonnement de vieille terre de culture et de civilisation.

Vous méritez ce Prix pour votre œuvre de femme d’Etat avisée, qui a toujours su cultiver le dialogue et le compromis, en ayant le sens des enjeux et la vision d’un monde plus humain, plus solidaire et plus accueillant.

C’est pourquoi le Prix Nansen 2022 du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, vous été attribué, parce que vous aviez ouvert, quelques années plus tôt, les portes de votre pays à plus d’un million de réfugiés, hommes et femmes de tous âges, fuyant la misère de la guerre.

Poser un tel acte de compassion et de courage, au moment où d’autres se barricadaient derrière des frontières hermétiques, c’est rappeler au monde que le droit d’asile est d’essence universelle, et que l’humanité a un destin commun.

Sur un plan plus personnel, à diverses occasions bilatérales et multilatérales j’ai toujours apprécié votre esprit de dialogue et d’ouverture.

Ensemble, nous avons pu consolider et diversifier les relations sénégalo-allemandes, à Berlin comme à Dakar, où nous gardons un excellent souvenir de votre mémorable visite en août 2018, suivie, l’année dernière, de celles du Président Frank-Walter Steinmeier et du Chancelier Olaf Scholz.

Je tiens également à saluer votre engagement pour le partenariat euro-africain, dont le 5e Sommet s’était tenu ici même en Côte d’Ivoire, en novembre 2017.

En outre, je rappelle que l’initiative Compact with Africa, lancée en 2017 sous la présidence allemande du G20, en vue de stimuler l’investissement en Afrique, porte ton empreinte indélébile.

Pour ton attachement à la paix et aux valeurs humanistes, je voudrais te féliciter vivement et te dire : Danke Schön !

Félicitations également à vous, Madame Julienne LUSENGE, Présidente de l’Association Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral, attributaire de la mention d’honneur du jury.

La lutte que vous menez contre les violences faites aux femmes, en particulier les violences sexuelles, est ardue, même en temps de paix.

Elle l’est encore plus en temps de conflit armé, quand les femmes et les filles subissent à la fois  l’horreur de la guerre et la violation abjecte de leur intégrité physique et morale, de leur intimité et  de leur dignité, sans aucun moyen de défense.

Devant tant de malheurs et de déchéance humaine, il n’y a pas de neutralité possible ; pas de choix autre que celui de l’engagement et de l’action contre le mal et l’omerta du silence. C’est ce que vous avez fait. C’est ce que vous continuez de faire. Nous vous en sommes reconnaissants ; tout comme nous saluons celles et ceux qui livrent avec vous ce noble combat du bien contre le mal.

Parmi eux, le Dr Denis MUKWEGE, Président du jury du Prix, à qui je rends un hommage appuyé, pour les efforts soutenus qu’il consacre à la prise en charge et au traitement des femmes victimes des violences sexuelles.

Merci au Dr MUKWEGE et aux membres du jury pour le choix éclairé qu’ils ont porté sur la Chancelière MERKEL et Madame LUSENGE.

Mention spéciale à vous, chère Audrey AZOULAI, Directrice générale de l’UNESCO, pour l’action dynamique que vous menez au service de la paix par l’éducation, la science et la culture ; trois sources du même trait de lumière qui éclaire l’esprit dans la quête de la paix.

L’Acte constitutif de l’UNESCO nous le rappelle quand il proclame que : « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».

Hélas, en temps de guerre – et nous sommes en temps de guerre-, l’appel à la paix est généralement peu entendu. C’est pourquoi il faut le répéter tant que tonne le bruit macabre du canon ; tant que la terre est gorgée du sang des innocents ; tant que coulent les larmes des veuves et des orphelins, et que le deuil continue de hanter la quiétude des familles.

C’est dire que loin d’un simple rituel, cette cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny est un appel aux dépôt des armes ; un appel à la paix et au vivre ensemble, en Afrique et ailleurs.

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

Dans son célèbre poème, Le Souffle des ancêtres, mon compatriote, feu Birago Diop, poète et conteur hors pair, nous dit que les morts ne sont pas morts

S’il en est ainsi, j’espère que le sage de Yamoussoukro voit et entend combien nous sommes fiers d’être rassemblés et portés par son souffle de paix, ici dans son royaume d’enfance, pour remettre son prestigieux Prix, et honorer le pacte qui nous lie à lui : un pacte de vie, pour que jamais ne meurt l’espoir de paix.

Je vous remercie.

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