L’examen du projet de budget 2026 du Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique à l’Assemblée Nationale a été l’occasion d’une interpellation musclée et détaillée par la députée de la majorité, Maimouna Bousso (PASTEF). Loin de toute complaisance, l’Honorable Députée a mis le Ministre Balla Moussa Fofana face à ses responsabilités sur des dossiers brûlants de gouvernance foncière et d’urbanisation anarchique.
L’intervention de Mme Bousso s’est articulée autour de deux axes majeurs, illustrant les défis de rupture et de transparence auxquels le nouveau régime est confronté.
1. La bombe foncière : Morcellements abusifs et opacité à Guéoul
Maimouna Bousso a démarré son intervention en ciblant directement des irrégularités dans la gestion domaniale au niveau local, prenant l’exemple de la commune de Guéoul (bien que la transcription mentionne Groop ou Group, la référence probable est Guéoul).
Elle a dénoncé le morcellement abusif de terres par la commission domaniale de la mairie depuis plus d’un an, un processus mené « sans aucun plan d’aménagement ». Le dispositif en place repose sur une convention où 60% des parcelles reviendraient aux exploitants et 40% à la mairie.
La députée a soulevé des questions cruciales :
-
Conformité légale : Une telle procédure est-elle conforme à la loi en vigueur ?
-
Prérogatives : La mairie dispose-t-elle des prérogatives de procéder ainsi ?
-
Gestion des 40% : Comment et à qui profitent les 40% des parcelles récupérées par la mairie, soulevant implicitement le risque de détournement ou d’opacité.
Elle a exigé une suspension immédiate des opérations foncières dans la commune en attendant que le ministère apporte un éclairage complet sur la légalité de ces pratiques.
2. Opacité et irrégularités dans le projet de marché de Fimela
Le deuxième point d’interpellation a porté sur la construction du marché communal de Fimela, dénonçant un cumul d’irrégularités graves soulevées par le collectif « En Def Fimela Citoyens ».
Mme Bousso a listé les manquements suivants, demandant une intervention urgente du ministre :
-
Défaut de notification : Le maire n’aurait pas notifié le projet aux ayants droit ni aux femmes du GIE détentrices du terrain.
-
Absence de délibération : Le terrain aurait été affecté sans délibération du conseil municipal, enfreignant la procédure légale.
-
Opacité contractuelle : La convention entre le maire et le bailleur n’a pas été rendue publique, créant un « climat d’opacité complet ».
-
Non-respect des normes : Le projet aurait été lancé sans norme technique, sans étude de faisabilité, et sans étude d’impact environnemental, avec une validation non assurée par les services de l’urbanisme.
Face à ces faits, elle a sollicité non seulement la suspension immédiate du projet, mais aussi l’ouverture d’une enquête administrative complète et la mise en place d’une commission locale inclusive et neutre pour la restitution publique de tous les documents.
Urbanisation galopante : Le cri d’alarme sur le « massacre » du béton
La députée a également élargi son interpellation au thème de l’urbanisation galopante, se demandant : « Quand est-ce que nous allons arrêter le massacre de l’urbanisation galopante au Sénégal ? » (06:00). Elle a critiqué l’absence d’assainissement et la « montée de béton partout », s’opposant au suivi des modèles de construction de pays qui ont fait marche arrière depuis longtemps.
Cette interpellation sévère de Maimouna Bousso, membre de la propre majorité présidentielle, souligne la détermination du groupe PASTEF à faire de la transparence foncière et de l’assainissement urbain des marqueurs indéfectibles de la nouvelle gouvernance, mettant une pression considérable sur le Ministre Balla Moussa Fofana pour des réponses et des actions immédiates.