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Agressions multiples contre la presse : La CAP annonce une ‘’journée sans presse’’

La semaine prochaine sera capitale pour les journalistes sénégalais, indique la Coordination des associations de presse du Sénégal au cours d’une conférence de presse tenue ce matin à Dakar. Face aux agressions multiples que subissent la corporation et ses membres, la CAP appelle ses membres à une ‘’journée sans presse’’ vendredi 23 juin 2023. Auparavant, elle partagera ce lundi un Édito avec le public et tiendra le mercredi suivant un Conseil des médias pour exprimer son ras-le-bol général.

“Mesdames et messieurs, chers compatriotes,
chères consœurs, chers confrères

Si nous étions un peu trop pessimistes, nous aurions pu démarrer cette conférence de presse avec une minute de silence. Une minute de silence à la mémoire de la liberté de la presse au Sénégal. Rarement, depuis des décennies, la presse n’a autant été agressée dans ce pays. C’est à se demander ce que les professionnels des médias ont fait pour mériter un tel acharnement.

Croyez-nous, cet acharnement dépasse le fait de mettre des journalistes en prison, de couper un signal, même si ces derniers actes en sont les manifestations les plus abjectes, les plus inadmissibles. C’est pourquoi nous demandons, nous exigeons, la fin immédiate de ces brimades et agressions contre les professionnels des médias, exigeons la libération de tous les journalistes mis en prison pour des délits liés à l’exercice de leur profession.

Mais cet acharnement se manifeste également par une volonté sans précédent de museler la presse à travers l’arme sournoise de la fiscalité et un refus indéniable de donner à la presse les moyens de son indépendance.

A travers ces actes, le gouvernement n’a réussi qu’une seule chose : affaiblir davantage la presse, la rendre encore plus vulnérable et donner des arguments à ses ennemis et aux ennemis de la démocratie.

Lors d’un sit-in organisé le 3 Mai 2021, devant les locaux du ministère de tutelle, la CAP alertait déjà sur les dangers qui guettaient le secteur et que nous vivons présentement. Aujourd’hui, nous avons atteint le point culminant et il est temps de dire : STOP. La presse n’en peut plus.

La presse n’en peut plus d’endurer ces tenailles faites de coups de Jarnac insupportables du pouvoir mais aussi d’une tyrannie de la pensée unique et du nombre.

La presse n’en peut plus d’être tout le temps la cible de la répression aveugle des forces de défense et de sécurité sur le terrain ;

La presse n’en peut plus de voir ses membres envoyés en prison pour raisons aussi fallacieuses que saugrenues.

La presse n’en peut plus d’être livrée à la vindicte populaire par des politiciens manipulateurs, qui utilisent les faiblesses de ce secteur non pas pour y remédier, mais pour assouvir leur désir obsessionnel de conquérir le pouvoir par tous les moyens.

Nous exigeons du gouvernement qu’il enlève son genou du cou de la presse. La presse sénégalaise ne respire plus. Nous avons honte de regarder en face nos frères et sœurs africains qui venaient souvent ici pour se ressourcer, pour prendre des exemples. Aujourd’hui, nous sommes la risée de tout le monde à cause de ce recul sans précédent qui accable le secteur.

Mesdames et messieurs, chers compatriotes,
chères consœurs, chers confrères

Permettez-nous de lancer un dernier appel à l’endroit de la population sénégalaise, notre seule raison d’être. Les temps sont certes complexes, la situation très tendue, votre confiance sérieusement ébranlée, nous ne l’ignorons pas, nous sommes conscients de vos attentes et de nos tares présentement. Nous ne cessons de remettre en cause nos pratiques, l’environnement et les conditions. Nous sommes ainsi dans la perspective de solutions concertées pouvant améliorer le devenir des médias mais surtout façonner la société sénégalaise pour la rendre meilleure, nous nous engageons à faire tout ce qui est possible pour remplir comme il se doit notre mission sacerdotale : informer juste et vraie.

Chères consoeurs, chers confrères,

Nous professionnels sommes aujourd’hui entre le marteau du pouvoir et l’enclume de l’opposition. Un journaliste ou une rédaction critique ou à cheval sur les principes fondamentaux du métier est accusé de

pro ou anti. C’est pour cette raison que nous appelons la population, les différentes composantes des médias à ne pas courber l’échine, à ne pas faire attention à ces pyromanes qui veulent vous faire croire que tel média est corrompu, tel autre est partisan….

Ne nous demandez pas de prendre partie pour Jean ou Paul. Ce n’est pas notre rôle.

Le bon professionnel des médias ne prête pas attention à ces cris d’orfraie.

Le bon professionnel des médias met la vérité et les faits au dessus de toute autre considération comme nous y engage l’article 1 de la Charte des journalistes du Sénégal;

Le bon professionnel des médias est là pour servir l’intérêt général, pas des intérêts partisans.

Nous ne sommes pas infaillibles. Nous ne sommes pas à l’abri des erreurs, nous demandons juste votre indulgence, votre confiance. S’il y’a des manquements qui méritent d’être sanctionnés, nous nous engageons à travers le CORED à sévir de la manière la plus ferme.

Regardez la presse à l’image de vos propres familles, de votre entourage, vous ne pouvez pas toujours avoir les mêmes positions sur tous les sujets, surtout sur la politique. Cela ne veut pas dire que l’autre est corrompu ou non vertueux. Une rédaction, une entreprise de presse, c’est la même chose. Nous avons juste des limites, liées aux règles d’éthique et de déontologie qui régissent notre profession.

Vous nous permettrez enfin, de condamner de la manière la plus ferme, les derniers actes de vandalisme perpétrés contre le CESTI, des actes innommables et indignes de patriotes.

Face aux attaques, agressions et tentatives de musellement de part et d’autre, la CAP demande à tous les professionnels de s’ériger en boucliers et de faire face. La semaine prochaine est cruciale pour ce combat pour la liberté de la presse. En effet, nous allons lancer cette lutte par un Edito commun qui sera publié le lundi dans tous les supports. Nous en ferons une version française et wolof pour la presse audiovisuelle. Le mercredi, nous tiendrons notre traditionnel Conseil des médias ici à la Maison de la presse avant de terminer par une Journée sans presse le vendredi. Nous avons aussi prévu une Grande Marche nationale au mois de juillet.

Pour la réussite de ce plan d’action, nous prendrons toutes les dispositions nécessaires avec toutes les composantes de la presse pour que cette fois-ci que les thuriféraires ne pointent pas notre division ou nos divergences.

Merci de votre aimable attention.”

Aminata Ndiaye

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