C’est une affaire aux ramifications complexes qui vient de connaître un tournant décisif. Dans le cadre d’une information judiciaire ouverte à la suite d’un signalement de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), l’homme d’affaires Saliou Sylla, fondateur de ETS Saliou Sylla, a été discrètement arrêté par la Division des investigations criminelles (DIC) et placé en garde à vue.
Selon des informations , cette garde à vue s’inscrit dans une procédure menée par le juge du premier cabinet financier, sur réquisition du parquet financier. L’objet de l’enquête : des flux financiers jugés suspects, d’un montant faramineux de 5,597 milliards de francs CFA.
Des opérations de change ?
Face aux enquêteurs, Saliou Sylla n’a pas nié l’existence de ces fonds, dont l’origine a été retracée depuis les comptes de Woodrose Investment LTD, une société off-shore liée à Amadou Sall, fils de l’ancien président Macky Sall. Il a déclaré que les montants en question servaient à des « opérations de change ». Mais cette explication semble loin de dissiper les soupçons des autorités judiciaires, qui s’appuient sur un rapport détaillé de la CENTIF mettant en lumière une série de mouvements jugés atypiques.
La société Woodrose Investment, au cœur de la tourmente, a déjà été citée dans une première phase de l’enquête. Sa supposée gérante, Ndèye Seynabou Ndiaye, est actuellement placée sous mandat de dépôt.
Waly Seck dans la tourmente judiciaire
Mais cette nouvelle phase de l’instruction judiciaire ne s’arrête pas là. Elle s’élargit désormais à six autres personnes, dont le chanteur et entrepreneur Waly Seck, figure très populaire de la scène musicale sénégalaise. Le parquet financier a requis des poursuites pour association de malfaiteurs en bande organisée et blanchiment de capitaux dans un cadre criminel structuré.
Si son implication directe reste à être établie par la justice, l’artiste a pris les devants. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux — manifestement enregistrée depuis l’étranger —, il a clamé son innocence, tout en affirmant sa volonté de collaborer pleinement avec la justice sénégalaise. Dans ce même message, teinté d’émotion, Waly Seck a annoncé la suspension de ses activités musicales, dénonçant les « tracasseries » dont il dit être victime depuis plusieurs mois.
Une affaire à rebondissements multiples
L’affaire, désormais entre les mains du juge du premier cabinet, semble loin d’avoir livré tous ses secrets. D’autres auditions sont prévues dans les jours à venir, et les ramifications économiques, politiques et artistiques de ce dossier pourraient bien s’étendre au-delà de ce premier cercle de mis en cause.
Alors que les Sénégalais observent cette affaire avec un mélange de stupeur et d’attention, les autorités judiciaires se retrouvent face à un double défi : garantir la transparence de la procédure tout en évitant les emballements médiatiques susceptibles de nuire à la présomption d’innocence.
Dans un contexte national marqué par une exigence croissante de reddition des comptes, l’issue de cette affaire pourrait bien redéfinir les contours de la lutte contre le blanchiment d’argent au Sénégal — y compris lorsqu’elle touche des figures aussi emblématiques que controversées.
Mariata beye pour sunugal 24