Le Tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu son verdict dans une affaire qui a ravivé les tensions autour de la liberté de la presse au Sénégal. Le journaliste chroniqueur Bachir Serigne Cheikh Sarr Fofana a été reconnu coupable de diffusion de fausses nouvelles et condamné à deux mois de prison assortis du sursis. Une peine symbolique, mais qui n’en demeure pas moins lourde de conséquences pour l’intéressé comme pour la profession.
L’affaire remonte à une récente émission télévisée au cours de laquelle Bachir Fofana avait affirmé, sans preuves tangibles, que Cheikh Guéye était l’attributaire d’un marché d’achat de véhicules pour l’Assemblée nationale. Une déclaration qui s’est révélée inexacte et jugée mensongère par le tribunal.
Une parole qui dépasse le cadre professionnel
L’élément central de la controverse tient à la sensibilité du sujet évoqué. Cheikh Guéye est déjà mis en cause dans un dossier de corruption impliquant l’ex-ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, un dossier sous haute surveillance médiatique et judiciaire. Dans ce contexte, la sortie de Bachir Fofana a été perçue non seulement comme précipitée, mais aussi potentiellement nuisible à la présomption d’innocence.
La justice a donc tranché, estimant que le journaliste avait franchi la ligne rouge de la déontologie en diffusant des informations non vérifiées sur un sujet d’une extrême sensibilité. Toutefois, en n’ordonnant pas son incarcération, le tribunal semble avoir voulu éviter une réponse trop répressive, tout en lançant un signal d’alerte à l’ensemble du corps journalistique.
Un verdict à double lecture
Pour les défenseurs de la liberté de la presse, cette condamnation, même assortie de sursis, ravive l’inquiétude sur l’utilisation croissante des délits de presse pour contenir la parole critique, notamment dans les médias indépendants. D’autres, en revanche, y voient un rappel nécessaire aux obligations professionnelles, dans un espace médiatique de plus en plus marqué par les déclarations à l’emporte-pièce.
Si la liberté d’informer est un pilier fondamental de la démocratie, elle ne saurait s’exercer au mépris de la rigueur, de la vérification et de la responsabilité. Le cas de Bachir Fofana pourrait bien servir de précédent dans une jurisprudence en construction, au carrefour du droit, de la morale publique et de l’éthique professionnelle.
Mariata beye pour sunugal 24