Le couperet est tombé ce jeudi 12 septembre dans l’affaire qui tient en haleine l’opinion publique depuis plusieurs semaines. Farba Ngom, député-maire des Agnam et figure influente de l’ancien régime de l’Alliance pour la République (APR), poursuivi pour blanchiment d’argent et escroquerie, restera en détention. Le président du Collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier (PJF) a rejeté la demande de mise en liberté provisoire introduite par sa défense, invoquant des raisons médicales.
Cependant, un revirement partiel a été opéré sur le volet humanitaire : le magistrat instructeur a ordonné le transfert de l’ancien griot présidentiel au Pavillon spécial, une unité médicalisée au sein du système pénitentiaire. Ce compromis fait suite à une série d’expertises médicales alarmantes, qui relèvent l’incompatibilité de son état de santé avec un séjour prolongé en détention ordinaire.
Une bataille judiciaire et médiatique
Malgré ces éléments médicaux accablants, le parquet s’est fermement opposé à toute mesure de libération. Selon des sources proches du dossier, le ministère public craint une « instrumentalisation politique » de la situation sanitaire de Farba Ngom, dans un contexte post-électoral toujours sensible.
Pour autant, la défense ne désarme pas. Fortement soutenue par des figures comme Amsatou Sow Sidibé, présidente de la Commission nationale des droits humains (CNDH), mais aussi par la RADDHO et Amnesty International, elle entend porter le combat devant la Chambre d’accusation, afin d’obtenir un réexamen de la décision.
« Nous sommes face à une situation où la justice doit se montrer à la fois rigoureuse et humaine. Notre client n’est pas en état de subir les contraintes de l’incarcération classique. Nous irons jusqu’au bout pour faire valoir ses droits », a déclaré Me Ousmane Sèye, l’un des avocats de la défense, joint par téléphone.
Un Pavillon spécial sous pression
Le transfert de Farba Ngom au Pavillon spécial pourrait toutefois susciter un débat sur la capacité de cette unité médicale à répondre efficacement aux cas graves, notamment ceux touchant des figures politiques de premier plan. Plusieurs anciens dignitaires incarcérés ont, dans le passé, bénéficié de ce dispositif, avec des fortunes diverses.
Dans ce contexte tendu, l’affaire Farba Ngom dépasse désormais le simple cadre judiciaire. Elle interroge sur la frontière entre justice, santé et privilèges, mais surtout sur la capacité de l’appareil judiciaire sénégalais à garantir un traitement équitable, même face à des figures aussi controversées que puissantes.
L’appel de la défense devant la Chambre d’accusation, les réactions de la société civile, et les implications politiques de ce feuilleton judiciaire aux ramifications profondes.
Mariata beye pour sunugal 24
