A chaque nation, sa démocratie et chaque dictature, sa constitution !

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L’État africain du sud du Sahara n’existe pas. Nous avons hérité d’une administration coloniale centralisée et forte..›› Ces paroles de Me Robert Dossou, ancien président de la cour constitutionnelle béninoise, semblent tellement vraies qu’elles forcent à croire que la question de la démocratie en Afrique reste une éternelle problématique.

La constitution à l’africaine n’est pas le socle de la démocratie. Autrement nous ne verrons jamais celle-ci dans un état versatile, très remuable. En réalité toutes les commandes institutionnelles reposent entre les mains exclusives du chef de la magistrature suprême.

On serait tentés de croire que cette forme de gouvernance était celle infligée aux anciennes colonies, notamment françaises. À cette époque, les occupants n’éprouvaient point le moindre sentiment de confiance envers les peuples africains. Les exemples de déportations de figures religieuses et de résistants suffisent pour expliquer le projet pernicieux des colons.

Sur ce, ils ont introduit très tôt dans la formation des premiers initiés noirs, cette perception selon laquelle la démocratie serait au service exclusif du peuple. Comme pour dire que le pouvoir appartient au peuple.

En réalité, cette hypothèse garnit la chose démocratique mais est de loin en mesure de traduire le fond. Ceci étant dit, notre démocratie repose sur des bases secrètement tronquées et depuis les indépendances. Chez la plupart des pays africains, le président de la république concourt à toutes les compétitions électorales. Il garantit à lui seul le processus électoral en usant de canaux insoupçonnés, choisit quelques fois ses adversaires par le biais d’une loi constitutionnelle comme le Parrainage. Ainsi il pourrait juger et trancher à sa guise quelques résultats à l’issue d’élections supposées libres et transparentes. Au Sénégal, le président de la république siège au Conseil national de la Magistrature, nomme les sages du conseil constitutionnel, tient entre les mains son ministère de la justice et son maître des poursuites. Par son droit de grâce, il décide de la vie ou de mort du citoyen. Même qu’il peut ‘‘mettre le coude’’ sur des dossiers ou rapports qui accablent des gestions pourvu que les auteurs adhérent à sa politique.

Pour rappel, La loi du 10 juillet 1981 a introduit dans le Code pénal sénégalais le délit d’enrichissement illicite. Outre ce nouveau délit, une juridiction ad hoc et en sommeil depuis lors, la CREI a été réactivée en mai 2012 par le gouvernement de Macky Sall lui-même. Celle-ci avait épinglé plus d’une dizaine de responsables politiques de l’ancien régime. Et au final, seul un d’entre eux, en a payé les frais.

Aujourd’hui un rapport de la cour des comptes a décelé des nébuleuses dans la gestion du fonds FORCE COVID-19.

Une source explique que les contrôleurs ont soutenu avoir relevé une surfacturation de plus de 2,7 milliards de FCFA sur le prix du riz acheté et distribué aux populations les plus démunis pendant le confinement. A été notée aussi une surfacturation des gels hydroalcooliques.

Selon le rapport, 19 milliards de FCFA ont également été alloués à des dépenses sans lien avec la Covid-19. Par exemple, l’achat de bacs de fleurs par le ministère de l’Urbanisme.

La Cour des comptes souligne aussi un problème d’attribution des marchés. Trois agences de voyages appartenant à la même personne ont remporté 17 marchés pour un total de 15 milliards de FCFA de fournitures médicales. L’institution relève que ces sociétés n’avaient aucune expérience dans la fourniture d’équipements médicaux.

Enfin, le rapport révèle le paiement en espèces de certains fournisseurs alors que les textes imposent un règlement des dépenses de l’État par chèque ou virement. Ainsi la Cour des comptes demande donc au garde des Sceaux l’ouverture d’informations judiciaires contre 10 responsables impliqués.

Mais jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucune des institutions concernées n’a vu ses hommes, traduits devant la justice.

Est-ce surprenant ? Surtout lorsque des acteurs de la justice ont réclamé une indépendance dans leur fonctionnement, auprès du président de la république.

Et ceci témoigne les pouvoirs exagérés accordés au chef de l’État.

Celui-ci est aussi le chef suprême des forces armées. Il détient la prérogative d’agir par l’intermédiaire de certaines institutions ou de faire agir ces forces militaires autour de ses seules volontés. Quelques fois, il en abuse au point de les dresser contre ses opposants politiques.

Sa majorité à l’assemblée nationale est plus à ses services de l’exécutif qu’à ceux du peuple souverain. Le président de la république, chef de parti en même temps, obtient l’accord de ses camarades, parfois majoritairement installés à l’hémicycle, à chacune de ses demandes. Par ces exemples, il semble clair que les pouvoirs cités sont justement de larges tentacules et la tête de l’animal représente la magistrature suprême. Tels sont les fondements, à la limite, saugrenus de la démocratie tant chantée par certains intellectuels.

Le peuple africain est moins renseigné sur les règles démocratiques. De ce fait, les chefs d’État véreux trouvent toujours le moyen de tripatouiller leur constitution pour soit s’éterniser aux commandes, soit profiter d’avantages illicites.

Chez nous, le président de la république refuse d’éclairer sa position sur une troisième candidature de sa personne en 2024.

Son ‹‹ni Oui ni Non›› traduit un manque de considération notoire envers le peuple qui l’a élu.

Comme si la décision de se représenter pour la troisième fois, lui revenait de droit. Et là je ne convoque ni votre constitution, ni vos aboyeurs politiques mais juste le respect de la parole donnée.

Papa Cissé

Vice coordinateur départemental de RV/ Keur Massar.

Membre du Cercle des cadres de La République des Valeurs (CECAR)

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