Sous le soleil andalou de Séville, bien loin de Dakar ou de Paris, une rencontre discrète mais hautement stratégique s’est jouée entre deux présidents à la croisée des chemins : Bassirou Diomaye Faye, chef de l’État sénégalais fraîchement élu, et Emmanuel Macron, président de la République française en quête d’un nouveau souffle dans ses relations avec l’Afrique.
Les deux dirigeants se sont entretenus en marge de la Conférence des Nations unies sur le financement du développement, tenue en Espagne, un cadre multilatéral propice aux apartés diplomatiques de haut niveau. C’est Emmanuel Macron lui-même qui a officialisé la rencontre, via son compte X (ex-Twitter), soulignant avoir « échangé avec le président Diomaye Faye ». Mais derrière cette formule laconique, les enjeux sont majeurs.
Un partenariat à redéfinir
Depuis son investiture en avril dernier, Bassirou Diomaye Faye incarne une rupture politique inédite au Sénégal. Porte-voix d’une génération en quête de souveraineté et d’une gouvernance débarrassée des reliques postcoloniales, il ne cache pas sa volonté de rééquilibrer les relations entre Dakar et Paris. Cette rencontre avec Macron, la première depuis son arrivée au pouvoir, s’inscrit donc dans une séquence diplomatique scrutée avec attention, tant au Sénégal qu’en France.
« En pleine refonte, le partenariat entre le Sénégal et la France doit nous permettre d’avancer ensemble au service des intérêts de nos peuples et de notre souveraineté », a déclaré le président français. Un vocabulaire soigneusement choisi, qui traduit la volonté de Paris de s’adapter à une nouvelle réalité géopolitique : celle d’une Afrique plus affirmée, plus exigeante, moins encline à tolérer les ingérences passées.
Des axes de coopération maintenus, mais redéfinis
Selon les déclarations du chef de l’État français, plusieurs dossiers ont été abordés lors de l’échange. Emmanuel Macron a évoqué les partenariats en cours dans les domaines « de l’économie, de la sécurité, de la défense, de la culture et du mémoriel ». Autant de sujets sensibles, parfois clivants, sur lesquels Diomaye Faye a promis davantage de transparence et de souveraineté nationale.
Le président français a également « salué l’engagement du Sénégal en faveur de la stabilité régionale », dans un contexte sahélien marqué par l’instabilité politique, la poussée des régimes militaires et le recul des forces françaises sur le terrain.
Le style Diomaye Faye : pragmatisme et fermeté
S’il n’a pas encore communiqué officiellement sur cette rencontre, le président sénégalais a, depuis sa campagne, affiché un style diplomatique sobre, mais ferme. Il revendique une diplomatie d’ouverture, orientée vers les intérêts économiques, sociaux et stratégiques du Sénégal, tout en marquant une rupture claire avec une forme de tutelle occidentale mal vécue par une partie de l’opinion publique africaine.
La rencontre de Séville pourrait donc être interprétée comme une première étape vers la normalisation d’un dialogue bilatéral parfois mis à mal par les crispations du passé récent. Elle pourrait aussi préfigurer un nouveau contrat politique entre la France et une Afrique francophone qui réclame plus de respect, plus d’égalité, et surtout plus de résultats concrets pour ses populations.
Mariata beye pour sunugal 24