Il aura suffi d’une nuit pour faire basculer tout un équilibre régional. Le 13 juin 2025, l’État hébreu a lancé l’« Opération Lion Montant », une offensive d’une envergure inédite visant à frapper au cœur du programme nucléaire iranien. Plus de 200 avions, une coordination millimétrée, et surtout un objectif assumé : retarder — voire neutraliser — la capacité de l’Iran à produire une arme atomique.
En ciblant les sites de Natanz et Tabriz, Israël ne s’est pas contenté de marquer un coup tactique. Selon des sources concordantes, dont l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), près de 15 000 centrifugeuses auraient été détruites. Une perte colossale pour Téhéran, qui voit là s’envoler plus d’une décennie d’efforts techniques et diplomatiques contournés.
Mais l’Iran, fidèle à sa posture de résistance, n’a pas tardé à riposter. Moins de 24 heures après les premières explosions à Natanz, les sirènes ont retenti dans les rues de Tel Aviv, Haïfa et Ramat Gan. Une salve de missiles balistiques — suivie, le 16 juin, par une attaque combinée de plus de 370 drones et missiles — a partiellement contourné le Dôme de fer. Le résultat : 24 morts israéliens, plus de 500 blessés et des dégâts estimés à plus de 50 millions de dollars.
Les villes du nord d’Israël, rarement en première ligne dans les conflits avec l’Iran, ont été les plus touchées. À Nahariya, un immeuble résidentiel s’est effondré sous l’impact d’un missile, et des quartiers entiers restent privés d’électricité et de réseau.
Un prix lourd à payer
La réponse israélienne ne s’est pas fait attendre. Les raids du 16 juin ont ciblé les forces du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (IRGC), ainsi que plusieurs bases militaires iraniennes. Parmi les victimes confirmées figurent le général Hossein Salami, un pilier de l’IRGC, et le physicien nucléaire Fereydoon Abbasi, autrefois visé par des sanctions occidentales.
Côté iranien, le bilan officiel évoque 224 morts. Mais des sources sur le terrain — difficilement vérifiables en raison des restrictions médiatiques — avancent un chiffre supérieur à 400, principalement des militaires. Les infrastructures militaires de l’ouest de l’Iran, notamment dans la province de Kermanshah, ont été fortement endommagées.
La diplomatie piégée
Face à cette escalade, la communauté internationale semble paralysée. Le Conseil de sécurité de l’ONU a convoqué une réunion d’urgence, sans déboucher sur une résolution. Entre les vetos prévisibles de la Russie et de la Chine et les soutiens occidentaux à Israël, aucune voix ne parvient à tracer un chemin vers la désescalade.
Des tentatives de médiation ont pourtant émergé, notamment via Oman, le Qatar et Riyad. Mais l’Iran a suspendu les discussions, dénonçant ce qu’il appelle une « duplicité arabe » et accusant les monarchies du Golfe de « complicité tacite avec l’agresseur sioniste ».
Pendant ce temps, l’ancien président américain Donald Trump — à nouveau influent à Washington en pleine campagne présidentielle — a exprimé un soutien franc à Israël, tout en menaçant indirectement Téhéran : « Ne touchez pas aux intérêts américains, ou vous en subirez les conséquences. »
Un engrenage redouté
La guerre ouverte entre Israël et l’Iran n’est pas une surprise pour les analystes de la région. Mais son intensité, sa rapidité, et surtout son potentiel de débordement inquiètent. Le Hezbollah au Liban, les milices chiites en Irak, les Houthis au Yémen — tous les relais régionaux de l’Iran pourraient être appelés à entrer dans l’arène. Pour l’heure, ces acteurs semblent encore en position d’observation, mais leur engagement transformerait ce conflit bilatéral en brasier régional.
Israël, de son côté, veut montrer qu’il n’a pas déclenché une guerre, mais qu’il entend la gagner — au prix fort s’il le faut. À Jérusalem, les mots du ministre de la Défense Yoav Gallant sont sans ambiguïté : « Nous avons entamé une opération d’assainissement stratégique. Nous n’arrêterons pas avant d’avoir atteint tous nos objectifs. »
Le dilemme international
Les prochaines semaines seront cruciales. Soit la communauté internationale parvient à imposer un cadre de négociation — ce qui semble peu probable à ce stade —, soit l’engrenage militaire s’approfondira, avec un coût humain de plus en plus lourd.
Le dilemme est clair : soutenir Israël dans sa quête sécuritaire ou imposer à tous une désescalade avant que la région ne s’embrase totalement. Entre les silences de Moscou, les hésitations de l’Europe et les ambitions américaines, l’histoire retiendra peut-être que le monde a regardé ailleurs — alors que le Moyen-Orient, une fois de plus, se consumait.