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Les exilés du pouvoir face au mirage de la Reddition des Comptes : Le Sénégal à la croisée des chemins

 

Sous les ors de l’Assemblée nationale, le vent du changement a soufflé, charriant avec lui une exigence : celle de la reddition des comptes. Lors d’une interpellation solennelle de la Ministre de la Justice, l’onde de choc de la transition a rappelé que l’accès au pouvoir par la nouvelle majorité n’était que le prélude d’un combat institutionnel pour l’indépendance de la justice. Le message des députés du PASTEF est sans appel : « TEK CI BRIK GNOU DEM » (Posons les briques et avançons).

L’Ombre Tenace du Passé et la Demande de Haute Trahison

Le ton a été donné par des accusations cinglantes visant l’ancien régime. L’ex-Président Macky Sall s’est retrouvé au centre des délibérations, accusé d’avoir orchestré une « instrumentalisation de la justice » pour écarter ses adversaires politiques – Ousmane Sonko, Karim Wade et Khalifa Sall. Les griefs sont lourds :

  • Tentative inconstitutionnelle de report de l’élection présidentielle.

  • Échec à instaurer un dialogue politique sincère.

  • Promulgation d’une loi d’amnistie qui occulte les responsabilités des violences politiques survenues entre 2021 et 2024.

L’Honorable Député a cristallisé l’attente populaire en réclamant la convocation de Macky Sall par la Haute Cour de Justice pour haute trahison. C’est l’espoir d’une justice enfin désinstrumentalisée qui s’est exprimé, une rupture nette avec les pratiques décriées.

Le Paradoxe de la Nouvelle République

L’ironie de l’histoire n’a échappé à personne, comme l’a souligné un élu : les nouvelles figures de l’État — le Président, le Premier Ministre, le Président de l’Assemblée et la majeure partie des députés — sont des « ex-détenus » ou des « ex-dis » (exilés). Ce passé de victimes, désormais aux commandes, rend leur quête de justice d’autant plus impérative.

La problématique va cependant au-delà des règlements de comptes. Un Député a alerté sur l’absence d’un cadre refondé, arguant que la République du 24 mars 2024 « manque de constitution », car elle repose toujours sur l’ancienne loi fondamentale de 1963. Pour ce gouvernement se réclamant de l’« anti-système », cette référence coloniale est perçue comme un manquement qui entrave la consolidation d’un véritable État de droit.

L’Urgence des Victimes et les Cris du Territoire

La pression s’est également exercée pour les victimes anonymes des violences. Lors de la cérémonie en hommage aux martyrs, « un seul mot est sorti aux yeux du monde inquiet : les familles des martyrs et les victimes réclament justice », a rappelé un Député, exhortant la Ministre à concrétiser la confiance placée en elle.

Le défi pour la nouvelle Garde des Sceaux est colossal : concilier l’exigence de vérité sur le passé avec la construction d’un système judiciaire nouveau, véritablement indépendant et accessible à tous les citoyens.

MATAR BAYA DIOP, SUNUGAL 24

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