Beaucoup de Sénégalais s’interrogeaient sur les conditions du séjour express et de la nouvelle exfiltration surprise du président déchu de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, vers Brazzaville.
Cheikh Niang, ministre de l’Intégration africaine, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, qui défendait samedi soir le projet de budget 2026 de son département — arrêté à un peu moins de 65 milliards FCFA — n’a pas pu apporter davantage d’éclaircissements sur cette affaire.
Interpellé à plusieurs reprises par des députés, le chef de la diplomatie sénégalaise a été brusquement interrompu par le vice-président de l’Assemblée nationale, Ismaïla Diallo, qui présidait la séance.
La raison? Une contrainte de temps.
« Monsieur le ministre, nous sommes obligés de vous interrompre pour nous conformer aux dispositions de l’article 71 du règlement intérieur, qui nous imposent de ne pas tenir nos travaux au-delà de minuit. Votre temps de parole a expiré », a lancé le parlementaire.
Il faut dire que le ministre Cheikh Niang avait consacré l’essentiel de ses 30 minutes de temps de parole à des généralités et à la présentation des projets en cours ou en perspective pour défendre son budget, avant d’aborder la « problématique » des visas et cartes de séjour des Sénégalais — et ce, jusqu’à la dernière minute.
Le dernier alinéa de l’article 71 stipule : « Pour des raisons d’efficacité, les travaux en séance plénière et en commissions ne peuvent aller au-delà de minuit. »
Évoquant brièvement la situation en Guinée-Bissau, Cheikh Niang a rappelé : « Nous avons fait face à une situation extrêmement difficile avec l’interruption du processus électoral », précisant que la CEDEAO s’était réunie pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel et la sécurisation des acquis. C’est à ce moment que le chrono a définitivement sonné. Il était exactement 23 h 38.
Le Secrétaire d’État chargé des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Cherif Diouf, a pris ses cinq minutes de temps de parole. Les députés ont ensuite procédé au vote électronique de l’ensemble des programmes budgétaires. Avant de lever la séance, le président a toutefois fait passer quelques annonces, remercié ses collègues ainsi que le ministre. Et il n’était pas encore minuit. Et l’assistance restera donc sur sa faim.
Pour rappel, le même ministre avait indiqué, dans un communiqué publié jeudi soir, qu’Umaro Sissoco Embaló — destitué par le Haut Commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale et de l’ordre public, nom adopté par la junte — avait atterri à Dakar « sain et sauf » à bord d’un vol affrété par le gouvernement sénégalais.