Dans un entretien accordé à L’Observateur depuis la France, le journaliste Mamoudou Ibra Kane livre une analyse sévère de la dualité qui traverse le sommet de l’État sénégalais. Selon lui, la crise est alimentée par la différence de posture entre les deux têtes de l’Exécutif : le Président Bassirou Diomaye Faye adopterait une « posture républicaine », tandis que le Premier ministre Ousmane Sonko se complairait dans une approche « plutôt partisane ».
Le leader du mouvement « Demain, c’est maintenant » interprète les récentes sorties du chef de file du Pastef (notamment le Téra-meeting) comme une tentative de faire passer son parti avant les affaires de l’État et d’agir en « donneur d’ordre » face au chef de l’État. Il juge que, constitutionnellement, le Premier ministre serait le « grand perdant » dans ce duel, le Président étant la clé de voûte des institutions.
L’interlocuteur du quotidien du Groupe futurs médias reproche également à Sonko d’envoyer de « mauvais messages » qui fragilisent le pays. Il cite notamment le blocage économique dû au refus affiché de restructurer la dette sénégalaise, malgré les négociations en cours avec le FMI, constituant un mauvais signal pour les partenaires et les citoyens ; la priorité donnée à sa casquette de chef de parti plutôt qu’aux solutions économiques urgentes et l’adoption d’une « stratégie du bouc émissaire » (attaques contre des alliés du Président, dont Abdourahmane Diouf et Aminata Touré) pour détourner l’attention des difficultés économiques.