Pikine-Guédiawaye, Sénégal — Le rideau est tombé sur l’affaire Omart City, une vaste escroquerie immobilière qui a secoué la banlieue dakaroise et au-delà, faisant plus de 500 victimes à travers le pays. Après plusieurs mois d’enquête et de procédures judiciaires, le tribunal de Pikine-Guédiawaye a enfin rendu son verdict dans cette affaire tentaculaire qui a mis en lumière les dérives dans le secteur de l’immobilier social.
Deux ans ferme pour Abdoulaye Mamadou Guissé
Reconnu coupable d’escroquerie, Abdoulaye Mamadou Guissé, président de la société fictive Omart City Sénégal, a été condamné à deux ans de prison ferme, une peine légèrement en deçà des trois ans requis par le parquet. En plus de la sanction pénale, il a été sommé de rembourser l’ensemble des plaignants constitués parties civiles — un geste symbolique face à l’ampleur du préjudice subi.
Les faits reprochés à Guissé sont lourds : il promettait des logements sociaux à prix cassés — entre 5 500 et 6 000 F CFA — à des citoyens en quête de stabilité, de dignité et d’espoir. Mais derrière ces promesses séduisantes, se cachait une entreprise frauduleuse savamment orchestrée, exploitant la vulnérabilité d’une frange de la population pour soutirer des sommes considérables.
Des condamnations secondaires et une relaxe controversée
Aux côtés de Guissé, son supposé bras droit, Pape Boubacar Camara, présenté comme « directeur de cabinet » de l’entreprise, a écopé d’une peine d’un an de prison dont six mois ferme. Une sentence qui, pour certaines victimes, reste en-deçà de la gravité de son implication dans le système mis en place.
Plus surprenant encore, Khady Faye, accusée d’avoir usurpé l’identité d’une proche présumée du Président Bassirou Diomaye Faye afin de légitimer le projet Omart City, a été relaxée, malgré la réquisition du parquet qui demandait deux ans ferme. Cette décision soulève des interrogations sur la difficulté à prouver juridiquement certaines formes de manipulation identitaire dans des affaires d’escroquerie à grande échelle.
Un scandale à plusieurs facettes
L’affaire a pris une ampleur inattendue au fil de l’audience. Ce jour-là, 200 nouvelles victimes se sont constituées parties civiles, portant à plus de 700 le nombre total de personnes flouées. Pour beaucoup, l’investissement représentait leurs maigres économies, misant sur la promesse d’un logement accessible dans un contexte de crise du foncier urbain.
Au-delà de la simple escroquerie, Omart City symbolise une fracture plus large dans la gouvernance de l’habitat au Sénégal. Dans un pays où les besoins en logement social explosent, des individus peu scrupuleux parviennent à capitaliser sur l’absence de régulation stricte et la confiance aveugle placée en des projets « approuvés » de manière informelle.
Un signal fort, mais un combat à poursuivre
Ce procès envoie un message clair : les pratiques frauduleuses dans le secteur de l’immobilier ne resteront pas impunies. Cependant, les autorités judiciaires comme administratives sont désormais attendues sur un second front : la prévention, par une meilleure régulation du marché, une certification plus rigoureuse des projets de logement, et une campagne de sensibilisation des populations.
L’affaire Omart City restera sans doute comme un cas d’école, révélateur des dérives d’un secteur où le rêve d’un toit peut, trop souvent, virer au cauchemar.
Mariata beye pour sunugal 24