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Terrain des Almadies : Deux versements troubles, les explications d’Aliou Sall et l’ombre d’un témoin clé introuvable

L’affaire du terrain des Almadies continue de secouer les cercles du pouvoir et de raviver les soupçons d’enrichissement illicite à la tête de l’État. Au cœur de l’enquête, un terrain de 1 000 m² situé dans l’un des quartiers les plus huppés de Dakar, et deux versements suspects d’un montant total de 240 millions de francs CFA, sur lesquels la Division des Investigations Criminelles (DIC) tente de faire toute la lumière.

Placés en garde à vue depuis peu, Aliou Sall, ancien maire de Guédiawaye et frère cadet de l’ancien président Macky Sall, ainsi que son épouse Aïssata Sall, sont poursuivis pour blanchiment de capitaux. Le couple fait l’objet d’investigations dans le cadre d’une procédure diligentée par le Pool judiciaire financier (PJF), sur la base d’un rapport de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), qui a jugé suspectes les opérations ayant conduit à l’acquisition du terrain.

Deux versements, un même terrain

Selon les informations , les enquêteurs s’intéressent particulièrement à deux transactions :

  • Un premier versement de 170 millions FCFA, effectué en deux tranches (150 puis 20 millions), que Aliou Sall affirme avoir perçu dans le cadre d’un projet immobilier commun avec la société Sertem, par l’intermédiaire de Léopold Ngom.

  • Un second versement de 70 millions FCFA, versé par Seny Thiam, décrit comme le « frère d’un important promoteur immobilier ».

Face aux enquêteurs, Aliou Sall s’est voulu rassurant. Il a déclaré que les 170 millions provenaient d’un partenariat légitime avec Sertem pour la construction d’un immeuble. Quant aux 70 millions restants, il les présente comme un prêt personnel, contracté auprès de Seny Thiam et, selon ses dires, entièrement remboursé depuis.

Des explications qui peinent à convaincre

Mais ces déclarations n’ont pas suffi à convaincre les limiers de la DIC. Des zones d’ombre persistent, notamment autour de la nature exacte du partenariat avec Sertem, de la traçabilité des flux financiers, mais surtout de l’existence effective et des modalités de remboursement du fameux prêt de 70 millions.

L’enquête est d’autant plus entravée qu’un témoin-clé manque à l’appel. Seny Thiam, principal concerné par l’un des versements, est actuellement hors du territoire national. Impossible pour les enquêteurs de vérifier la version avancée par Aliou Sall sans pouvoir l’auditionner. « Il n’a pu être convoqué, étant en séjour à l’étranger », indique une source policière .

Léopold Ngom, quant à lui, a été entendu puis relâché. Aucun élément ne semble, à ce stade, justifier sa mise en cause directe, même si son rôle d’intermédiaire dans la transaction de 170 millions est scruté de près.

Vers une présentation devant le Collège des juges ?

À l’heure actuelle, les regards sont tournés vers le Collège des juges du Pool judiciaire financier, qui pilote l’enquête. Aliou Sall et son épouse pourraient être prochainement présentés aux magistrats instructeurs, à l’issue de leur garde à vue. Une étape décisive qui pourrait déboucher sur des inculpations formelles, ou, à l’inverse, sur un non-lieu si les explications fournies s’avéraient convaincantes.

Mais les enjeux vont bien au-delà du simple cas Aliou Sall. Cette affaire illustre, une fois de plus, les lourds soupçons qui pèsent sur la gestion du foncier à Dakar, où les terrains de luxe deviennent l’objet de convoitises, d’influences, et parfois de montages financiers douteux.

Une affaire à suivre

Alors que le pays se trouve dans une phase de recomposition politique post-Macky Sall, l’affaire du terrain des Almadies pourrait bien avoir des répercussions symboliques majeures. Le nom de la famille Sall reste fortement associé à l’exercice du pouvoir de la dernière décennie. Un procès — ou même une simple inculpation — d’un membre aussi proche de l’ancien chef de l’État serait un signal fort envoyé par la justice dans sa lutte contre l’impunité.

Mariata Beye pour sunugal 24

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