Un parfum de scandale flotte à nouveau autour de la centrale à charbon de Sendou. Mais ce ne sont ni les fumées industrielles ni les turbines vrombissantes qui font monter la pression : c’est une brume bien plus opaque, celle d’un contentieux financier d’une ampleur inédite. La société suédoise Nordic Power AB, actionnaire majoritaire de la Compagnie d’Électricité du Sénégal (CES), accuse et attaque. Au cœur du litige : une créance colossale de 30,097 milliards de francs CFA… que la firme scandinave juge tout simplement fictive.
Un recours explosif devant la justice commerciale
Selon des informations révélées , Nordic Power AB a officiellement saisi le tribunal de commerce de Dakar. L’objectif ? Exiger toute la lumière sur l’origine, la légalité et la traçabilité de cette dette inscrite dans les comptes de la CES — une dette dont elle affirme n’avoir jamais validé l’existence.
Le caractère inhabituel de la démarche — une plainte déposée par un actionnaire majoritaire contre sa propre société — illustre la gravité des soupçons qui planent sur la gestion de l’entreprise. Le groupe suédois évoque une opacité comptable préoccupante et des mouvements financiers suspects, qui remettraient en cause l’intégrité même de la gouvernance de la centrale.
Une centrale au cœur des tensions énergétiques et politiques
Inaugurée avec faste, la centrale de Sendou, près de Bargny, avait été présentée comme une pièce maîtresse de la stratégie énergétique du Sénégal. Alimentée au charbon, elle devait garantir une capacité de production de 125 MW, et soulager un réseau électrique national souvent sous tension.
Mais depuis ses débuts, le projet a connu une succession de retards, de surcoûts et de conflits entre actionnaires. Nordic Power AB, qui détient la majorité des parts aux côtés de l’État du Sénégal et d’autres partenaires privés, n’en est pas à sa première passe d’armes juridique. Cette nouvelle affaire semble marquer un tournant dans une lutte de pouvoir larvée autour d’un actif stratégique, où s’entremêlent intérêts économiques, enjeux géopolitiques et ambitions nationales.
30 milliards… sortis de nulle part ?
Les avocats de Nordic Power AB affirment que la dette de 30,097 milliards FCFA n’a pas été approuvée lors des assemblées générales et ne figure dans aucun rapport validé par le conseil d’administration. Pire : des documents comptables contradictoires laissent penser à une créance montée de toutes pièces, voire une tentative de détournement de fonds ou de dissimulation de passif.
Pour l’instant, aucune réponse officielle n’a été apportée par les responsables sénégalais de la CES. Mais en coulisses, les tensions sont palpables. Selon des sources proches du dossier, l’État du Sénégal suit l’affaire de près, conscient des répercussions que ce conflit pourrait avoir sur la stabilité du secteur énergétique — mais aussi sur la confiance des investisseurs étrangers.
Une affaire à suivre de très près
Alors que le pays entame une nouvelle phase de transition énergétique, la guerre judiciaire autour de Sendou pourrait bien servir de test grandeur nature pour la transparence et la fiabilité des partenariats publics-privés au Sénégal.
En attendant la décision du tribunal, une question reste en suspens, lourde de conséquences : qui est réellement redevable de ces 30 milliards… et à qui ?
Mariata beye pour sunugal 24